Pour avoir eu honte de textes écrits dans ma jeunesse, je
sais que le verdict du temps est impitoyable et peut mettre le rouge au front
d’une semaine à l’autre. Les lignes ci dessous amorcées avant Munich 2025 risquent
une péremption rapide, mais d’autres bien informés n’ont rien vu venir, alors je peux me permettre ces quelques mots. Les bouleversements
à prévoir n’aboliront pas les réalités de la semaine dernière, ni quelques états
d’âmes.
Les voyages, en ce qui me concerne, se raréfient plus sûrement pour cause d’arthrite que de
sobriété carbonique. Les virgules sur clavier pompent l’oxygène autant que les zincs.
Pourtant avant d’être mis au clou comme on le disait pour « Ma
tante » (Mont de piété), je vais essayer de prendre quelque distance en
envisageant les frontières de notre Europe habillée de tous les maux et
pourtant notre seul recours, plus que jamais.
Après des engagements ambitieux en matière d’écologie, les
dirigeants européens ont remis en cause leurs prétentions, dont les mérites
apparaissent quand les dispositifs disparaissent. Pris dans la même mécanique
chagrine, les contempteurs du Pass culture s'émeuvent lorsque des
restrictions arrivent. L’air du temps est à la déploration, suivant une pente
victimaire, se délectant de pessimisme, les généralités contredisant des
situations souvent confortables. Il n’y a pas que les préados à préférer les
films d’horreur.
Pour contrer le MAGA trumpien « Make América Great Again » :
« MEGA » comme slogan Européen aurait de la gueule, agrémenté du mot
d’Horace en pansement:
« La Grèce
vaincue conquit son farouche vainqueur » afin de faire valoir finalement une
victoire culturelle des grecs défaits militairement par les légions romaines en
168 avant J.C.
La formule peut aller contre l’auto dénigrement actuel, bien
que ce sigle soit tellement fourre-tout, les nationalistes l’ont préempté, pourtant :
« Forte de son
histoire, de son humanisme de choc, de son idéal démocratique et de son
attachement aux biens communs (et donc aux ressources de la planète), l’Europe
ne peut-elle pas incarner une autre voie dans un monde en proie à la frénésie
technologique et à la force brute ? »
Christophe Ono-dit-Biot
Mais face à ce qui apparaît comme une agitation fiévreuse
depuis notre pays sous la couette, la Chine ne fait pas qu’attendre
tranquillement que l’Amérique se fâche avec la planète pour tirer les marrons
du feu, elle travaille. Dans le domaine de l’I.A. où les frontières n’existent
pas, l’esbroufe nationaliste embarque du monde tout en nuisant à ceux qu’elle
prétend protéger.
« La coopération plutôt que l’affrontement », la
naïve formule risque de rester un vœu pieux.
Les plus performants de chez nous partent à l’étranger tandis que les étrangers
ont tellement envie de venir dans notre pays de joueurs de mots où par
exemple « Remplacement » glace
la place dès qu’il est prononcé.
Le mot « Sélection » mettrait le feu à la fac,
alors qu’on s’accommode de la frustration de l’étudiant qui après trois ans
d’études supérieures ne peut accéder à des métiers « supérieurs » ;
il fera comme le renard méprisant les raisins.
Les maîtres de conférence à la tribune n’apportent guère de réponses à
nos inquiétudes concernant une Liberté individuelle sans borne portant atteinte
à la Fraternité, tandis que notre passion pour l’Egalité reste théorique, tant
que pour partager la richesse encore faut-il qu’il y en ait, de la richesse.
Plutôt que d’aller chercher loin « X « ou
« Y » pour les facéties, notre Piolle, comique en circuit court, pour
lequel il n’est pas besoin d’herbe à faire rire pour apprécier les
interventions hallucinatoires, monopolise les micros.
Il serait incongru de demander à lui et à ses violents
compères leur réponse à la débandade démographique, à la dépression culturelle,
sans parler ni de l’eau ni de l’air, ni de la crise politique qu’ils
assombrissent en déconsidérant un peu plus les élus. Et la guerre ?