Avec en introduction la caricature, estampille de la notoriété,
due à Giraud,
le conférencier, devant les amis du musée de Grenoble, nous a décrit le
parcours d’Eugène Viollet-Le-Duc restaurateur et créateur.
L’historien, théoricien,
dessinateur, professeur, écrivain, décorateur, archéologue, « homme de
réseaux » proche du pouvoir vit le jour à Paris en 1814 dans une famille aisée.
Sa mère née Delécluze tenait un salon fréquenté par Stendhal, le père était
conservateur des résidences royales.Son Dictionnaire raisonné de l’Architecture française, en
neuf volumes comporte
5000 pages et 3 367 gravures, et porte sur la période du
X° au XVI° siècle qu’il a toujours privilégiée. Sur la page de garde, le maître
d’œuvre est au centre entre le prêtre et le chevalier. Ce fut un succès
éditorial et encore une référence aujourd’hui.
« Restaurer un édifice,
ce n'est pas l'entretenir, le réparer ou le refaire, c'est le rétablir dans un
état complet qui peut n’avoir jamais existé à un moment donné »« Idée d’une cathédrale du XIIIe siècle »
Elle surgit, comme
procédant de lois naturelles.« La forme suit la
fonction »Ses Entretiens sur l'architecture
annoncent l’architecture moderne, et inspireront l’art Nouveau. En 2014, une
exposition « Les visions d’un architecte » souligne à la fois son
caractère romantique et rationaliste. L’affiche rappelle l’éditeur
Hetzel, celui de Jules Verne. Il a 17 ans quand Victor Hugo écrit Notre Dame de
Paris. Le style « Troubadour » revient dans un contexte légitimiste lorsque sont regrettées les destructions de 1793, La violation des caveaux des rois dans
la basilique de Saint-Denis, Hubert Robert.
Le jeune homme voyage beaucoup, il est saisi par la beauté
du mont saint Michel dont le monastère sert alors de prison et séjourne en
Italie où il préfère Florence la médiévale et le Palais des Doges de Venise, au
Panthéon antique de Rome qui avait séduit la Renaissance. Prosper Mérimée lui confie la
restauration de la basilique
Sainte-Marie-Madeleine de Vézelay menacée d’effondrement, il enlève les
tirants métalliques et construit des arcs boutants. Après la flèche
de la Sainte Chapelle, Jean-Baptiste Lassus et Eugène Viollet- Le- Duc
remportent le concours pour le chantier de Notre Dame de Paris : restituer
ce qui a été détruit, restaurer les éléments dégradés, « rendre à la
cathédrale le luxe et le faste dont elle était dépourvue ». Dans le
collège des statues des 12 apôtres qui ont échappé à l’incendie de 2019,
Saint
Thomas a les traits de l’architecte. Le Stryge devenu emblématique parmi
d’autres chimères, date du XIX° contrairement aux gargouilles moyenâgeuses et
autres créatures représentant « les refusés de l’arche de Noë ». Il a restauré la sacristie où figure Le lutrin baroque qu’il a dessiné. Le parisien a été moins bien accueilli à Toulouse pour la
réfection de Saint Sernin . Les tuiles qu’il avait fait déposer ont été remises en
place un siècle plus tard comme ont été rouvertes les mirandes romanes .La cité de
Carcassonne, symbole du
pouvoir capétien contre les Cathares, alors délaissée, lui apparait comme la
forteresse idéale. Il va recouvrir d’ardoises venues du Nord quelques tours et
reconstituer des hours à
vertu pédagogique.Pour Napoléon III
et Eugénie qui l’appelait « ma petite violette », il réinvente le château
de Pierrefonds,il fait valoir son goût pour la
polychromie dans la salle des preuses et son
raffinement avec la chapelle. À Roquetaillade, il délègue le chantier à Edmond Duthoit tout en laissant
le témoignage d’un art décoratif unique. Pour le château-observatoire d'Abbadia
il évoque la passion éthiopienne du propriétaire. Malgré sa grande renommée, il
n’est pas retenu pour construire l’Opéra et se fait chahuter à l’école des
beaux arts. Traduit dans bien des langues, il a écrit aussi pour la jeunesse
« Histoire d’une maison, d’une cathédrale… ».
On retrouve sa marque
dans d’innombrables lieux en France dont Le Bas Dauphiné.
Il est mort à Lausanne en 1879 à l’âge de 65 ans près du Mont
Blanc dont il a étudié l’architecture sublime et voulu restituer la genèse.