La chroniqueuse de Marianne est pour moi une valeur sûre et
son livre résolument féministe, anti raciste, décrivant des dérives
inquiétantes d’une gauche sectaire et identitaire, donne des motifs pour se
rassurer car la France résiste mieux que le Canada et les Etats Unis aux
ravages du politiquement correct.
Ce n’est pas demain que chez nous les réseaux sociaux s’en
prendront à une maman qui a organisé un anniversaire déguisé sur le thème du Japon
sous prétexte d’ « appropriation culturelle » ou que des
étudiants toujours pour le même motif ont demandé l’interdiction de cours de
yoga !
Mais une certaine gauche bien de chez nous se situe loin de
l’universalisme, et des universitaires à la remorque des campus américains sont
bien indulgents avec les nouveaux censeurs. L’UNEF ne se bat plus pour la
laïcité et fait interdire la lecture
de « la lettre aux escrocs de
l’islamophobie » de Charb alors qu’une de ses dirigeantes au moment de
l’incendie de Notre Dame se permet sur Twitter :
« Les gens ils
vont pleurer des bouts de bois wallah vs aimez trop l’identité française alors
qu’on s’en balek objectivement c’est votre délire de petits blancs »
Pierre Jourde a raison de dire que ce syndicat étudiant est
devenu un « syndicat de talibans ».
Ariane Mnouchkine que certains ont cherchée quand elle a
voulu interpréter, avec sa troupe cosmopolite du théâtre du Soleil, « Kanata »
d’un metteur en scène Québécois, à propos des populations autochtones
canadiennes argumente :
« Les cultures ne sont les propriétés de personne. …
Elles ne sont pas isolées, elles s’ensemencent depuis l'aube des civilisations.
Pas plus qu'un paysan ne peut empêcher le vent de souffler sur son champ les
embruns des semailles saines ou nocives que pratique son voisin, aucun peuple,
même le plus insulaire, ne peut prétendre à la pureté définitive de sa
culture. »
Interrogée par le journal « Elle »
Caroline Fourest résume :
« Nous vivons une époque qui cultive la victimisation. Le meilleur moyen
de capter l'attention est de se dire « offensé ». C'est une expression qu'on
entend toute la journée sur les campus américains, où les élèves se plaignent
de « micro-vexations » quand un enseignant risque de les faire réfléchir ou de
les perturber au point d'exiger des « safe space » (« espaces sûrs »). Dans
certaines universités prestigieuses, les professeurs sont obligés de les
avertir de contenus « offensants » avant d'étudier des œuvres classiques, comme
« Les Métamorphoses » d'Ovide. »
Et les profs s’écrasent devant la
génération « Millennium ».
« À force de voir le monde de façon décontextualisée
et anachronique à travers Internet, elle se croit pourtant parfois esclave,
indigène, voire menacée d’extermination. Lyncher numériquement lui sert d’école
politique, de parti, de mouvement. Elle y a appris à s’emballer au moindre
tweet, à vociférer plus vite que son ombre pour récolter le plus grand nombre
de « likes ». Au point d’imiter à merveille les bons vieux procès de Moscou,
plus faciles à organiser que jamais. Ils se jouent désormais à
l’université. »