C'est effectivement le cas, même si je l’aime quand il en fait trop et en toutes circonstances, comme dans ce film qui évite d’être caricatural au moment où les politiques en prennent injustement plein les dents.
Nous les voyons ici, lucides, énergiques, sans une minute à
eux avec une Anaïs Demoustier qui apporte
sa fraîcheur, sa sincérité.
Quand après d’édifiants discours et tant de paroles, des
silences surviennent, les solitudes se dissipent un peu dans de furtifs moments
de grâce telle la scène où le maire téléphone à point d’heure à sa conseillère,
la sort de son sommeil et de son coup de blues.
Tout va vite. Pour qui est familier des débats sur la
distance entre parole et action, le recours à la « common decency » d’Orwell va de soi, de même que tant d’autres
écrivains qui se voient cités au générique comme il est fait plus
habituellement pour les musiques.
Film littéraire : les cadeaux sont des livres :
« Me voici donc seul sur
la terre, n’ayant plus de frère, de prochain, d’ami, de société que moi-même.
Le plus sociable et le plus aimant des humains en a été proscrit par un accord
unanime. Ils ont cherché dans les raffinements de leur haine quel tourment
pouvait être le plus cruel à mon âme sensible, et ils ont brisé violemment tous
les liens qui m’attachaient à eux. J’aurais aimé les hommes en dépit
d’eux-mêmes.» Rousseau
et Bartleby de Melville,
celui de « je
préférerais ne pas » dégageant en touche, en guise de conclusion.
Les préoccupations écologiques sont évoquées et si la
présence de la ville de Lyon est plaisante pour qui reconnaît les lieux, elle
est également puissante, si bien que le vrai maire n’a pas de souci à se faire
pour son image : le dynamisme, le dévouement des équipes autour du
personnage de Lucchini présentent positivement, à mes yeux, ceux qui
travaillent au bien commun. Les staffs de communicants sont égratignés mais
sans démagogie, comme sont évoqués sans s’y attarder les frottements d’égo, les
embardées quand se cherchent des idées.