Cette semaine je ne vais pas recueillir sur mon clavier les
rumeurs d’un Paris « ensangloté »,
ni
celles d’un « sommet climat »,
depuis le ravin où nous avons versé.
Nous avons vu bavarder Obama in Paris, que nous avions tant
aimé, et Hollande qui nous avait épargné
le pire en son temps. Nous ne les croyons plus guère.
« Guère » : la formulation est prudente, parce
que nous sommes au cœur du problème majeur de la crédibilité des politiques qui
nous mettent le rouge au front. Guerre.
Je ne m’avance pas plus loin
dans la compilation de quelques bons mots sur des enjeux si grands, alors
que les passivités inciviques quotidiennes rejoignent le manque de courage de
ceux que nous avons mérité aux manettes.
Comment ne pas refroidir les électeurs quand il s’agit de
réchauffement climatique ?
Alors je reviens à cette école dont on attend tout et qu’on
n’entend plus.
Pour avoir évoqué imprudemment dans quelque conversation le terme « conseiller pédagogique », me fut rappelé que
je venais d’un autre temps.
Aujourd’hui la hiérarchie ne cache plus ses
prérogatives de donneurs d’ordre :
« Fonctionnaires, vous êtes
là pour obéir ! ».
Si bien des contempteurs de la fonction publique peuvent se
réjouir de ce gage formel d’efficacité, les pédagogues regretteront le temps de
la responsabilisation. Ceux qui étaient sur le terrain étaient respectés.
La « rebélitude » est une valeur distrayante pour les
animateurs radiophoniques, Pigasse et autres conseillers ministériels en « milieu
aquatique profond standardisé ». Mais
les profs en formation sont rappelés à l’ordre, s’ils s’inspirent quelque peu d’élèves
rétifs tant protégés qui mettent en l’air leurs classes de trente. Ces mal élevés
bénéficient de toutes les attentions que n’auront pas les timides, les
gringalets. Ils dictent leurs principes au groupe sans avoir besoin d’être
explicites. L’esbroufe suffit pour asseoir le pouvoir des plus grandes gueules.
Il faut favoriser l’oral. La vérité des
cours de récréation déborde dans les cours à l’instar de tous les arrogants des
plateaux télévisés jusqu’aux tout puissants à kalachnikovs.
Bien malveillant serait celui qui s’oppose à cette loi du
plus fort, plus attentatoire aux libertés de chaque adolescent que la parole
d’adultes sommés de s’écraser et qui d’ailleurs n’émettent plus guère.
Les médias se sont-ils fait l’écho de réticences des profs
envers les EPI « enseignements
pratiques interdisciplinaires » au collège ? D’ailleurs les évaluations sur le dispositif
équivalent au lycée installé par Luc Chatel n’ont pas été divulguées.
Les cycles
inscrits sur le papier depuis Jospin mais qui avaient peu de réalité sont
réactivés avec la difficulté supplémentaire de regrouper CM2 et 6°, école et collège.
La concertation,
qui a déjà bien du mal à exister autour de domaines interdisciplinaires tels
que l’histoire des arts, est invoquée pour donner des idées au ministère.Le mammouth a du mal à masquer le mépris envers les personnels
sous la brosse à reluire médiatique : les soutiers ne marchent pas dans la
combine, hormis quelques aspirants à plan de carrière loin des élèves.
Quant à la satisfaction concernant une baisse du nombre de décrocheurs il faut savoir que certains
jeunes inscrits ne suivent pas une scolarité comme les autres : dispensés
de certains cours, ils sont bien gardés et les statistiques impeccables. Leurs camarades
apprennent ainsi à mesurer la distance
des mots aux actes en vivant cette diversité de traitement dans les
établissements dit d’enseignement qui s’apprêtent à concurrencer les MJC sur le
plan de l’animation.
Depuis longtemps leurs professeurs savent bien la distance entre des programmes
aux ambitions démesurées, et les résultats sans cesse en
progrès à des examens aux notes arrangées.
Les promis au chômage à bac + 5
sont de plus en plus nombreux. Et ça passe.
Dans le genre démagogie, Alphonse Allais avait bien vu :
« Il faut
demander plus à l’impôt et moins au contribuable »
Tout le monde demande une baisse de la contribution au
collectif: à droite tous.
Et portant par atavisme, légitimisme, au pays de Macron et
de Belle Kasem, je vais voter Queyranne, par charité.
Ce n’est pas lui qui fait les programmes et Hollande a été à
la hauteur après tout ce bataclan. Je ne vais pas quand même laisser une chance
au Buissonien Wauquier, directement ou indirectement !
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Le dessin en tête est paru dans courrier International, dans Caijing Magazine ( Pékin) et le dessin ci- dessous dans Le Point.