En principe à la sortie d’un spectacle de 3h 30,
nous devrions admirer les capacités de mémoire des acteurs, eh bien pas cette
fois car les rôles des deux compères sont tellement au point que nous avons
simplement le sentiment d’avoir assisté à une conversation spontanée,
passionnante jusque dans ses anecdotes interminables où il y a à tous coups
matière à rire.
Autour d’une table garnie de plats préparés sur scène, que
l’un engloutit et l’autre ne touche guère, deux auteurs de théâtre. Le ressort
comique constitué par le frottement de deux personnalités contraires est
efficace. L’un est massif comme Orson Welles mais n’a pas aussi bien réussi sa
carrière que son ami tellement content de lui-même. L’un parle, s’écoute, l’autre
ne peut en placer une, mais établit une connivence avec le public durant tout
le spectacle qui va mêler ainsi clowneries et réflexions profondes sur la
création théâtrale mais aussi rien moins que le sens de nos vies.
Nous sommes très proches de la scène et apprécions la fumée d’un cigare, devenu à présent une provocation d’une audace inouïe. En même temps nous sommes transportés chez les flamands, avec leur folie, leur poésie, leur sens du tragique et de la vérité, leurs excès et leur délicatesse.
Nous sommes très proches de la scène et apprécions la fumée d’un cigare, devenu à présent une provocation d’une audace inouïe. En même temps nous sommes transportés chez les flamands, avec leur folie, leur poésie, leur sens du tragique et de la vérité, leurs excès et leur délicatesse.
Tous les adjectifs liés à la cuisine vous viennent :
savoureux, nourrissant… bon !
Pensant prolonger mon plaisir, je suis allé à la Cinémathèque voir le
film de Louis Malle dont la pièce s’est tellement bien inspirée que, l’original
bavard de 81, en est vidé de sa substance. La performance théâtrale n’en parait
que plus remarquable. En réécoutant les
dialogues, la fâcheuse tendance des années 80 à voir des fachos partout parait
avec encore plus d’indécence, maintenant qu’ils ont pignon sur rue.
J’y ai retrouvé aussi
la citation d’ Ingmar Bergman dans Sonate d'automne:
"Dans mon art,
j'ai réussi à vivre. Mais pas dans ma vie".