Quand un enfant à qui je parlai du moyen-âge m’a demandé si j’avais vécu à cette époque, je me suis dit qu’il y avait encore du boulot.
Remède : fresque historique avec beaux dessins de
chevalier et pas forcément la fresque du commerce.
Les commémorations qui lassent les adultes me semblent
nécessaires, plus que jamais. Michelet parle de la révolution :
« Le temps
n’existait plus. Le temps avait péri ».
Le temps de la guerre n’est pas d’un autre temps mais d’un
autre tempo.
Les célébrations qui avaient perdu de leur intensité dans
les années 60 ont accompagné récemment plus vivement les derniers survivants
avec toute l’émotion qui sied à tant de spectacles contemporains.
La disparition complète des acteurs ne peut servir de prétexte à ne plus interroger le passé. Comme
le soulignait Stéphane Audoin-Rouzeau qui présentait son livre « Quelle
histoire » au Square : « les
politiques aujourd’hui se font volontiers des médiateurs du passé »
tant le futur, le présent sont bourbeux.
Il a rappelé que le siège
de Sarajevo
est le plus long de l'histoire de
la guerre moderne (1992-1996) et qu’il y a 20 ans tant
de Tutsi étaient massacrés.
Que d’eau et de sang ont coulé depuis 100 ans, quand 10
millions d’individus toutes frontières effacées ont laissé leur vie pour leur
patrie d’alors, pendant qu’aujourd’hui toute contribution à l’effort commun
fait lever des oppositions irréductibles et que sur la même banderole chacun
demande tout à l’état et ne veut rien lui donner, or : « l’état c’est
moi ! »
On s’énerve en ces temps électriques mais de la même façon
que les mesures généreuses du conseil de la résistance ont été mises en place
dans un contexte économique autrement plus difficile que celui d’aujourd’hui,
que dire de notre société étourdie quand jadis à l’issue de la première guerre les 2/3 de la France avaient un deuil à
vivre ?
Le cercle de famille écoutait les anecdotes des poilus mais mettait
une main sur le bras du combattant qui n’aurait pas été taiseux pour l’apaiser
et ne pas entendre le récit d’une
violence sans nom. Les preux étaient du bronze des statues, les survivants en
sel, désormais nous n’accueillons plus aucun
héros. Les générations pour qui il y en eu une autre de guerre après la der des
der en furent chamboulées, bien autant que lorsque un geek boutonneux apprend à
mémé à copier/coller.
Je me souviens du vin chaud que l’on avait arrêté de nous
servir enfants après la cérémonie aux monuments aux morts où la formule
« morpourlafrance » était énigmatique bien que des noms de familles
familiers aient figuré sur la pierre à côté de laquelle était installée une
statue de femme éplorée qui a été volée, il y a peu de temps.
J’avais conservé une petite coupure d’article où Mona Ozouf
regrettait « lorsqu’on ne se
fait plus de l’avenir aucune image nette, les leçons du passé s’embrument
d’elles mêmes : on ne sait plus quel appui prendre sur l’histoire, ni sur
quel élan. »
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Dans le "Canard" cette semaine: