samedi 12 janvier 2013

France Culture papiers numéro 4.



Bookzine de 190 pages avec des pleins et des déliés comme disait la pub de France Inter, jadis, des entretiens poussés et des brèves. La radio s’écrit et les photographies sont superbes : celles au dos de ce numéro avec un pêcheur muni d’une grosse chignole qui part pour percer la glace est symbolique sans ostentation de ceux qui s’acharnent à toujours chercher sous les apparences, sous la pellicule de l’immédiat.
Je n’ai pas tout lu : même avec Woody Allen en spermatozoïde pour illustrer les apprentis sorciers de l’espèce, je n’arrive pas à me former une idée concernant les progrès de la génétique et les enjeux quant à un « eugénisme démocratique » me dépassent.
Par contre Alain Finkielkrault m’est bien plus proche :
« Pendant deux décennies, une grande bataille idéologique a opposé les « pédagogues » et les « républicains ». J’ai participé à cette bataille. Elle est close aujourd’hui, parce que le problème n’est plus de savoir comment enseigner, mais comment tenir sa classe »
Et il y a des revirements encourageants, tel cet élu républicain en Alaska qui se dresse contre l’ouverture d’une mine. Des aspects nouveaux à découvrir chez Attila.
Mazarine Pingeot interrogeant Claude Chirac procure une détente digne des publications habituelles dans les salles d’attente comme l’article consacré aux œuvres censurées de Picasso ou des paroles de supporters du PSG.
Mais il y a des invités qui valent la lecture : William Christie le musicien, un architecte suisse original et tant d’autres rassemblés autour du thème central de cette livraison de cet hiver 2012 : la cuisine. Avec une série de brèves roboratives et d’interviews où l’on apprend que le gingembre était présent dans la cuisine française depuis le moyen âge  et que l’igname est arrivé dans la région Centre en 1845.
Il est question aussi des dimanches, des femmes en Algérie avec quelques morceaux choisis des chroniqueurs habituels de la station tels Jean louis Ezine ou Philippe Meyer qui nous régalent de leurs finesses.

vendredi 11 janvier 2013

Neutralité.



«  Au moment de proposer aux élèves un précepte, une maxime quelconque, demandez-vous vous s'il se trouve à votre connaissance un seul honnête homme qui puisse être froissé de ce que vous allez dire. Demandez-vous si un père de famille, je dis un seul, présent à votre classe et vous écoutant, pourrait de bonne foi refuser son assentiment à ce qu'il vous entendrait dire. Si oui, abstenez-vous de la dire, sinon dites-le hardiment. Vous ne toucherez jamais avec trop de scrupule à cette chose délicate et sacrée qu'est la conscience de l'enfant. »
Jules Ferry dans une lettre aux instituteurs.
Les querelles d’aujourd’hui autour du positionnement de l’enseignement catholique - tiens, on ne dit plus enseignement « libre »- dans le débat concernant le mariage pour tous ne sont pas toujours de ce niveau.
Et devant les hypocrisies d’un Wauquiez jouant les vierges effarouchées : « on veut culpabiliser les catholiques », et tous ces religieux qui « se tiennent par les couilles » car pour le sexe, ils sont à la queue leu leu, la verdeur me monte. Je ne peux m’empêcher de récidiver : « ça bouffe du bon dieu, ça chie le diable ».
La neutralité n’existe pas : le moindre sapin de Noël  est un engagement.
Quand Prévert est au menu de la classe, quand au moment des entretiens du matin viennent des sujets d’actualité, quand Napoléon prend le pouvoir, quand la chèvre de monsieur Seguin se bat : chacun peut reconnaître que « tout est politique » comme dit tout ancien tuitard.
Le précepte de Ferry Jules, j’ai essayé de l’appliquer et je désapprouve trop la grossièreté de certains qui prennent leur estrade pour une tribune vis-à-vis d’un public captif afin de délivrer des leçons qu’ils ne peuvent plus dispenser tant leurs salles de réunions, au soir, sont désertes. Les églises sonnent le vide. La chaire est faible.
Faire porter des pancartes à des enfants est une pratique de plus en plus répandue, elle n’en est pas moins contestable même si l’efficacité médiatique en est augmentée. Mais qui n’a jamais péché ?
A un âge qui me donne du temps pour couper les phrases en quatre, je n’ai pas de position arrêtée sur la PMA, par contre sur le non cumul, si ! Alors un collégien qui ne sait pas  vers où s’orienter l’an prochain, peut-il envisager toutes les dimensions anthropologiques de l’évolution des mœurs dans notre Europe ? Avoir deux mamans vaut mieux qu’une mono parentale. 
L’incertitude ne peut être un dogme, mais je sais aussi que les vérités venues d’en haut titillent heureusement les contradicteurs. Les anticléricaux les plus radicaux ont connu parfois les cléricaux de près.
S’exprimer pour lutter contre des préjugés est un devoir civique, ce n’est pas une opinion équivalente à son contraire : attiser les clivages.  
Aucune nuance, tout serait égal : Copé en est  la caricature décomplexée, lui qui disait que l’extrême droite et le Front de Gauche c’est pareil.
L’épiscopat n’est pas légitime quand il s’occupe de mariage civil,  par contre à mes yeux, c’est le travail de la ministre de la condition féminine Valaud Belkacem de s’exprimer pour défendre les homosexuels.
Il faut bien que notre société soit si peu sûre de ses valeurs pour qu’elle se donne des illusions démocratiques en faisant porter la chicane dans les enceintes scolaires alors que ceux qui apparaissent aux lucarnes n’élèvent pas forcément  le niveau.
Il y a des nuances entre  informer et débattre.
Un éducateur ne doit éluder aucun sujet, mais c’est d’une démagogie à vous décourager de devenir un citoyen responsable que de donner l’illusion à nos prescripteurs en phones qu’ils vont délibérer, alors que nos élus seraient aphones. 
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Dans le Canard de cette semaine:

jeudi 10 janvier 2013

C’est ma nature. Muséum de Grenoble.



Le dépliant annonçant l’exposition temporaire « C’est ma nature » jusqu’au 10 mars 2013, placé sous le patronage de Jean Jacques Rousseau était  attractif, le muséum l’endroit idéal pour célébrer le philosophe aimant herboriser.
 Au bout de la visite nous pouvons passer un test de personnalité pour découvrir notre nature : paléo, écolo, homo philo, mercato, voire Rousseau dont la citation : « femme qui pète n’est pas morte » sort des sentiers (botaniques) battus.
Dans les locaux rénovés de l’Orangerie des éléments exposés sont intéressants mais semblent perdus parmi des textes aux lettres dont la taille est envahissante.
En venant de nous régaler dans les collections permanentes qui permettent des approches plus intimes avec de objets judicieusement éclairés, la mise en scène m’a parue un peu tapageuse.
Le bâtiment principal avec sa galerie, ses parquets, ses vitrines, a le charme du XIX°siècle, sans la poussière. Les animaux, de la girafe aux acariens peuvent captiver tous les âges sans submerger les visiteurs qui ont un jardin de ville à l’ancienne à la sortie pour prendre le soleil et faire du vélo dans les allées. La présentation des oiseaux de nos régions avec leurs chants est particulièrement réussie. Des pistes interactives sont proposées en ne comptant pas seulement  sur les dispositifs tactiles trop fragiles.
Des photographies concernant la taxidermie d’aujourd’hui sont instructives : il ne s’agit plus d’empailler.
Comme je n’ai pas répondu que « l’homme est une espèce de trop dans la nature »,
ni que « la seule plante de mon jardin serait du blé pour le vendre au meilleur prix »,
je me suis retrouvé au bout du questionnaire ni deap écolo ni mercato, homo philo :
« Vous percevez la nature avec sensibilité mais sans naïveté ».

mercredi 9 janvier 2013

Montaigne à Saint Michel de Montaigne.



"Qui ne se donne loisir d'avoir soif, ne saurait prendre plaisir à boire."
La tour  construite au XIV° siècle n’a pas brulé comme le château reconstitué au XIX° qui lui fait face.
Depuis cette demeure périgourdine qui n’était point une résidence secondaire, Michel Eyquem se disait  appartenir au monde.
"L'an du Christ 1571, à l'âge de 38 ans, la veille des calendes de mars, anniversaire de sa naissance, Michel de Montaigne, depuis longtemps déjà ennuyé de l'esclavage de la Cour du Parlement et des charges publiques, se sentant encore dispos, vint à part se reposer sur le sein des doctes vierges, dans le calme et la sécurité. Il y franchira les jours qui lui restent à vivre. Espérant que le destin lui permettra de parfaire cette habitation, ces douces retraites paternelles, il les a consacrées à sa liberté, à sa tranquillité et à ses loisirs ".
Ancien maire de bordeaux, conseiller d’Henri III et IV, ami de La Boétie  celui de la servitude volontaire,  il rédigea ici l’œuvre de sa vie : « Les Essais ».
Au plafond de sa librairie parmi tant d’autres sentences gravées :
"Je suis homme, rien de ce qui est humain ne m’est étranger" (Térence).
Il meurt à 59 ans après avoir tant souffert de la gravelle.
"Le vrai miroir de nos discours est le cours de nos vies."

mardi 8 janvier 2013

Moi René Tardi prisonnier de guerre au Stalag IIB. Jacques Tardi.



Après la commune, la guerre de 14, le dessinateur qui vient de refuser la légion d’honneur nous livre un premier volume de l’histoire de la seconde guerre mondiale telle que l’a vécue son père. Retracée d’après les carnets minutieux de René, Jacques se met en scène accompagnant son père, mais cela n’apparait pas comme un artifice narratif. Par ses questions ironiques, répétitives, sa compassion parfois, le gamin qu’il n’était pas encore, rappelle efficacement ces années dérisoires et terribles à nos contemporaines amnésies.
Les cases en format panoramique rendent bien compte de ces jours qui n’en finissent pas, auxquels participent des couleurs grises tranchées une seule fois par le rouge des drapeaux nazis. 
Si les 1 800 000 prisonniers de guerre (PG) français connurent un sort plus enviable dans les stalags que les déportés des camps de concentration, leur situation fut misérable, et celle des russes bien pire. Elle ne devait pas être oubliée.
Trahis par un commandement débile, après une guerre dite « drôle », ces hommes furent méprisés par les vainqueurs de la grande guerre.
Contrairement à d’autres condamnés, ils ne connaissaient pas la durée de leur peine. Dans des baraquements plantés dans le sable près de la Baltique, l’inventivité des hommes qui arrivent à installer un alambic, à capter la BBC, leur petitesse aussi, se trouvent condensées tout au long de ces interminables années où la préoccupation de manger est obsédante.
Ce père ne quitta jamais sa colère.
Dominique Grange la chanteuse des « Nouveaux partisans »(68) a écrit la préface, c’est la compagne de l’auteur qui livre là une œuvre personnelle qui concerne chacun.
Ses travaux sur la guerre de 14 avaient nourri mes cours sur le sujet, cette fois c’est mon fils qui m’a offert ce bel album où  est posée la question des générations.
Nos adolescences qui furent si sûres d’elles mêmes n’en finissent pas de se documenter, nos avis péremptoires ont de quoi se nuancer.
« Et votre évasion, où ça en est ? »

lundi 7 janvier 2013

Argo. Ben Affleck.



Bien que l’on sache l’issue heureuse, le suspens fonctionne.
Argo, était le nom du bateau des Argonautes partis  à la conquête de la Toison d'Or, c’est le titre du film qui sert de prétexte pour sauver six employés de l’ambassade américaine au moment de la révolution Khomeyniste.  
Je craignais le duel  sempiternel  entre grands Satans : cools contre fanatiques, dans le genre de la dernière image où le héros retrouve son fils et sa femme :
« Est ce que je peux entrer ? »
Devant la maison flotte le drapeau étoilé.
Mais en amont c’est du bon divertissement bien qu’il soit question d’otages, d’une sempiternelle actualité.
Au cœur de la tragédie  de 1979 à Téhéran, c’est par le cinéma que vont être sauvés les six américains réfugiés chez l’ambassadeur du Canada.  Et c’est du vrai.
La phrase de  Marx (Karl)  est ressortie avec des variantes:
« Tous les grands événements et personnages historiques se répètent pour ainsi dire deux fois : la première fois comme tragédie, la seconde fois comme farce » à moins que ce  ne soit l’inverse.
Même si le contexte historique est tracé trop rapidement, il est instructif d’apercevoir ce qui se déroule dans les arrières cuisines de la politique internationale avec ses pesanteurs, ses maladresses, ses aveuglements, ses erreurs, ses incompétences et ses courageuses fulgurances individuelles.

dimanche 6 janvier 2013

FCG/UBB



Une paire de sigles permettra de donner l’illusion de faire partie de la famille.
Le Football Club de Grenoble(FCG) c’est l’équipe de rugby qui rencontrait  l’Union Bègles Bordeaux(UBB) en ce joli dimanche à Lesdiguières sur fond de montagnes enneigées.
Pour les matchs c’est encore meilleur quand un pote vous achète le billet et vous emmène dans la foule, celle là comptait ses 10 000 personnes,  nous n’avions pu obtenir une des 20 000 places au stade des Alpes la semaine précédente où Grenoble recevait Toulouse qui a reçu une leçon.
Nous les footeux, depuis le temps qu’on se disait qu’il fallait voir l’équipe qui avait mis à bas Goliath, nous sommes venus jeter un coup d’œil.
L’animateur de stade s’échine en vain à faire hurler les tribunes :
« ici, ici, c’est Grenoble !» calqué sur le Parc des Princes (du pétrole).
Les tifos ne sont pas au point et même si j’ai aperçu quelques jeunes, j’étais dans la moyenne d’âge élevée des spectateurs du rugby.
Plutôt que des chauffeurs de salle, c’est le jeu qui peut emballer la foule. Et cet après midi là, en dehors de quelques phases de jeu à la main, nous sommes restés les mains dans les poches. La maladresse des buteurs Girondins n’a pas permis à leur équipe d’espérer bousculer l’équipe Grenobloise malgré les défauts, en particulier à la touche, des dauphinois d’adoption.
Nous sommes dans le simulacre de rivalités entre cités, alors que la mondialisation est la règle d’une compétition où ici  c’est « le Bosnien, le boss » : Mutaptcic pilier présentement rouge et bleu.
La francophonie y gagne pour les interviews qui font partie désormais de l’après vente et les spectateurs se familiarisent avec les Butonidualevu, Waqaseduadua, et autres Edwards.
19 à 9 pour Grenoble, 23° victoire à domicile. 
J’ai dû me faire expliquer ce qu’est le bonus offensif et défensif.