lundi 5 septembre 2011

Le chat du rabbin. Joann Sfar.

Le réalisateur très sollicité au cinéma (Gainsbourg), en BD, comme commissaire d’exposition (Brassens), a les faveurs de la mode.
Ce film d’animation, lui, porte la nostalgie d’une humanité qui vivait en Algérie en harmonie entre deux guerres mondiales et avant celle qui allait décoloniser le pays. Pourvu qu’on prête l’oreille, on y entendra la verte sagesse du chat qui veut faire sa bar mitzvah, porteuse de tolérance et de liberté, sans mièvrerie.
Avec de fraîches musiques, dans les belle lumières d’Alger qui recèlent tout de même sous les ombrages des cafés, quelques bas du front, les rondeurs de Zlabya sont charmantes, la bonhommie du rabbin est sympathique de même que celle de son homonyme Sfar, un sage musulman.
Le chat maigre a la voix de François Morel qui me ravit même lorsqu’il dit : « Miaou » ; impertinent, il traverse le film avec l’élégance ordinaire de ces bestiaux et nous offre des minutes ensoleillées qui se terminent trop brusquement

dimanche 4 septembre 2011

Poulet aux mirabelles

J’ai entendu cette recette sur les ondes d’une radio bleue bourguignonne et faute d’escalope de poulets je l’ai adaptée sur les suggestions d’une charmante vendeuse de la ferme Guillet Revol qui élève volailles et lapins au col de Clémencières. Il a fallu que j’aille au marché de l’Estacade pour apprendre qu’ils vendaient également à Saint Egrève le jeudi, comme c’est par mon lyonnais de fils que j’ai repéré le magasin Casabio installé depuis un an sur not’ zone industrielle. La variante consistait en la présence d’une collection de bréchets qui donnaient un air cuisses de grenouilles à la recette, mais une autre suggestion avec pintade devrait satisfaire ceux qui tiennent à des saveurs plus affirmées. Faire revenir la viande émincée dans l’huile d’olive avec un oignon, laisser dorer, verser du vin blanc dans la sauteuse, laisser cuire dix minutes et ajouter les mirabelles dénoyautées, du persil, une cuillerée de miel, cinq minutes encore, sel poivre : c’est fête ! Et quand le vin est bon on voit la différence.

samedi 3 septembre 2011

XXI, été 2011.

Juste avant la parution du numéro d’automne qui portera sur l’utopie, quelques lignes pour évoquer le numéro de cet été d’une revue désormais familière qui n’a pas épuisé son regard original.
Le dossier en trois reportages consacré à l’Algérie est éclairé par le témoignage de la plus française d’une famille de là bas vivant en France qui ne veut pas se faire naturaliser par solidarité avec ceux qui affrontent les humiliations lors des renouvellements des cartes de séjour.
Les portraits sont ceux d’un roi de l’amiante dévoilé malgré une discrétion organisée allant jusqu’à une reconversion (lucrative) dans l’air du temps et celui de Maurice Nadeau lecteur centenaire.
Le dessinateur Tronchet abandonne la loufoquerie pour un récit graphique à Quito tandis que le portfolio est consacré à des bergers du Caucase.
Madoff, Guantanamo : on sait, mais prendre le temps d’interviews fouillés vous revigore l’indignation et l’accablement, en particulier à travers l’histoire d’un gamin tchadien emprisonné hors de toute règle de droit, broyé par l’absurde.
Au fin fond de la misère, en Haïti, les retrouvailles avec d’anciens footballeurs qui ont offert à leur pays un bonheur qui retentit encore aujourd’hui, en menant 1-O contre l’Italie, lors de la coupe du monde 74:  pendant 6 minutes
bien avant le « goudougoudou » tremblant de 2010.

vendredi 2 septembre 2011

Morale à l'école


C’est bien sûr parce que la vertu est devenue une fleur surannée que chaque ministre annonce le retour de la morale à l’école. Le mot civisme a épuisé ses charmes de ressuscité d’un temps, alors l’ancien DRH de l’Oréal réécrit sur l’ardoise en ardoise :  
« morale » et le frenchy moral s’en sent tout ragaillardi. 
Que peut l’école face au cynisme, au conformisme, à la vulgarité, à la richesse insolente, au mensonge, qui tartinent notre pain quotidien ? 
Si l’indignation ne m’étouffait pas, je jouerais volontiers au jeu de la maxime du jour, mais la liste est trop longue des paroles malheureuses des éminents qui nous gouvernent. Car pour traiter par exemple de la générosité nous vient un air de Brassens : « L’Auvergnat » mais c’est alors l’humour d’Hortefeux qui vient brouiller la chanson. Et pour illustrer la politesse, un « casse-toi… » de celui « qui ose tout et c’est à ça qu’on le reconnaît » revient bruyamment. 
« Ni l'or ni la grandeur ne nous rendent heureux». 
L’allusion au passé par ceux qui saccagent chaque matin la morale publique ne ravira que quelques sourds qui ont quitté les bancs de la communale depuis longtemps, elle ne modifiera en rien les pratiques dans une école qui subit aujourd’hui des attaques sans précédent. 
« Un acte vaut cinq dires »Henri IV.

jeudi 1 septembre 2011

Arles : rencontres photographiques 2011.

Je ne sais plus du nombre d’expositions visitées dans la journée, ni du nom de bien des auteurs entrevus, et pourtant combien de photographies j’ai zappées.
Alors la mise en évidence de la profusion des images prises sur internet sur de grands panneaux peut nous parler, et la thématique développée autour de
« From here on» (« à partir de maintenant »)est bienvenue.
La photographie connaît la révolution qui avait touché la peinture avec l’explosion du numérique et d'internet, mise en évidence par des propositions vertigineuses en tous lieux et par tous les moyens:36 artistes questionnent la notion de propriété artistique avec virtuosité, poésie, inventivité, humour. Les caméras de surveillance sont sollicitées
et le mot clef « capture » nous éloignerait de cette chère liberté, allant parfois jusqu’à la vacuité.
Ces démarches expérimentales sollicitent plus la réflexion que l’émotion que l’on peut retrouver avec des photographes mexicains très présents dans la ville.
Ainsi les prostituées de la zone frontière « Welcome to lipstick » ou les travailleurs immigrés chez leur riche voisin déguisés en super héros.
La rétrospective du New York Times Magazine nous est plus familière ainsi que celle d’Amnesty international révisant 50 ans de violences dans le monde.Ces images là se sont tellement inscrites dans nos mémoires qu’un artiste qui effacé par exemple les tanks chinois du cliché mythique où un homme leur fait face avec ses deux sacs en plastique à la main, arrive à nous interpeler en ne laissant subsister que les marques au sol d’une route qui ne sera plus jamais innocente.
Chris Marker est un des rares grands noms que je connaissais avec Salgado, mais je n’ai rien trouvé de rare avec lui sinon le rapprochement qu’il peut effectuer entre des visages saisis dans le métro et des portraits appartenant à l’histoire de la peinture.
Une œuvre de 40 mètres du chinois Wang Qingson est parfaitement à sa place dans l’église des trinitaires en présentant un point de vue spectaculaire sur les représentations de la beauté à travers des scènes parodiant des tableaux et des sculptures du patrimoine mondial. J’apprécie souvent les travaux de l’agence « Tendance floue » mais leur accrochage est vraiment trop dans l’obscurité et la confusion, alors qu’ils veulent se montrer à contre courant, ils participent au propos redondant de la profusion quand « trop d’images tuent l’image ».

mardi 5 juillet 2011

Mots d’enfants 3.

Merci à la grand-mère de Titou et Lilou :
L'autre jour, en revenant de l'école:
- Titou,est-ce que tu aimes toujours Eglantine?"
- Boh, non"
- Elle sort avec un autre garçon?
- Boh non, elle sort à toute vitesse..."

Lilou marchait sagement sur le trottoir, quand un vélomoteur arrive à grand bruit.
Elle sursaute.
- N'aie pas peur, c'est le facteur, il est gentil.
- Je peux le caresser?...

Lilou :"pourquoi tu veux pas de frites"?
Moi:"parce que je suis au régime."
Lilou:" non! tu es Mamie!"
Elle regarde son grand père avaler un médicament et elle demande:
- Pourquoi tu prends un médicament?"
- Pour soigner mon dos"
- Pourquoi tu le mets pas dans ton dos ?"

Lilou regarde sa maman corriger des copies, des tas de copie
- Qu'est-ce qu'elle fait ta maman ?
- Son travail"

Quelques temps plus tard:
- Qu'est-ce qu'elle fait ta maman?
- Son travail"
- C'est quoi son travail?"
- Du papier"
Titouan est préoccupé par la mort.
"Mamie ,je t'aimerai toujours, toute la vie, même quand tu seras morte.
Et toi quand tu seras morte, tu m'aimeras encore?"

Lilou est en train de cuisiner au jardin: terre, feuilles, cailloux....et un peu de crème "gentille"
Lilou veut venir faire les courses car à la poissonnerie elle verra les crabes et les cauchemars (homards).
La petite Lilou se promène au jardin le jour de ses 3 ans.
Sous un sapin: "oh des pommes dauphines!"
....
Avec ces mots des petits, s'ouvrent les vacances: je reprendrai mes lignes en ligne au mois de septembre.
Bel été aux lecteurs fidèles du blog.

lundi 4 juillet 2011

Stanley Kubrick. Exposition à la cinémathèque.

Du côté de Bercy, jusqu’au 31 juillet une exposition est consacrée au réalisateur majeur qui n’a pas galvaudé son talent puis qu’il a tourné 13 films seulement – ce n’est pas Mocky - en abordant tous les genres :
- Film noir : « L’ultime razzia »
- Science fiction : « Docteur Folamour », « 2001, l’odyssée de l’espace »
- Anticipation : « Orange mécanique »
- Historique : « Barry Lindon »
- Guerre : « Les sentiers de la gloire », « Full métal jacket »
- Horreur : « Shining »
- Sexy folie: « Eye wide shut ».
Comme beaucoup je n’avais pas vu « Fear and Desire » que Kubrick lui-même a voulu détruire. Je ne me souvenais pas que « Lolita » et « Spartacus » étaient de lui, et j’ai aimé découvrir les coulisses d’autres films qui m’étaient inconnus : « Le baiser du tueur » son premier de 1954 et retrouver des objets mythiques de ses plus grandes créations. Quelques photographies témoignent de son premier travail : photographe. Revoir avec le recul des années certaines critiques, invite à la modestie, quand on aime les avis tranchés.
Ce qui m’a peut être le plus impressionné dans les documentations colossales témoignant du travail nécessaire à chaque production, c’est celle qui avait été rassemblée pour le film qu’il ne réalisera jamais : « Napoléon ».
La présentation sur deux étages est agréable, pédagogique, pas surchargée, montrant le travail méticuleux pour usiner les rêves.
Comme le disent les commentateurs d'aujourd'hui: ses recherches, ses innovations dans le domaine technique étaient au service d’une interrogation inlassable sur le bien et le mal. Farfouillant dans l’âme humaine, sa folie, il nous a raconté des histoires qui se sont inscrites pour longtemps dans notre mémoire.
Une bonne réactivation et nous pouvons retrouver un sentiment semblable à celui qui nous vient quand nous nous retrouvons pour de vrai dans un paysage que nous ne connaissions qu’en carte postale. Les costumes de Barry Lindon, les sculptures du milk bar, les jumelles et la hache…
"Quiconque a eu le privilège de réaliser un film est conscient que c'est comme vouloir écrire Guerre et Paix dans l'auto-tamponneuse d'un parc d'attraction. Mais lorsqu'enfin la tâche est bien accomplie, peu de choses dans la vie peuvent se comparer à ce que l'on ressent alors."