Ben oui ! Je n’avais pas souvenir d’avoir été ému autant depuis « Quand passent les cigognes ».
Effet des régressions incitées par le cinéma d’animation qui vient fouiller dans le grenier à nounours de l’enfance : oui sûrement. Mais aussi un scénario original qui n’est pas du genre hystérique comme « L’âge de glace », qui réconcilie tous les âges autour du thème du temps qui passe sans avoir à user de gros sabots. Les prouesses techniques qui nous époustouflaient nous sont désormais familières et nous n’avons qu’à nous laisser aller à partager les aventures de jouets aux grands dilemmes quand la liberté, la solidarité, sont mises en question ainsi que l’ingratitude, la violence qui couve sous les plus lisses apparences parfumées à la fraise… Du profond et du léger, du drame et de la dinguerie. Je trouve que c’est rare de trouver un vrai film tous publics aussi plein.
lundi 20 septembre 2010
dimanche 19 septembre 2010
« La vie en rose !». Le défilé de la biennale de la danse 2010.
4500 participants ont défilé à Lyon devant plus de 300 000 spectateurs avec de la musique et des costumes, selon la police. Combien d’après les organisateurs ? A qui se fier ?
Des petits bouts de papier et de grandes affiches disaient « ensemble avec nos différences » et c’était bien vrai parce qu’il y en avait des jeunes et des jaunes, des ridés et des frisés, des chauves et des noirs, des rides et des rires, des roses.
« Quand il me prend dans ses bras
Il me parle tout bas
Je vois la vie en rose
Il me dit des mots d'amour
Des mots de tous les jours »
« Oh la la la vie en rose
Le rose qu'on nous propose
D'avoir les quantités de choses
Qui donnent envie d'autre chose
Aïe, on nous fait croire
Que le bonheur c'est d'avoir
De l'avoir plein nos armoires
Dérisions de nous dérisoires »
Puisque les rues étaient envahies de musique, Piaf et Souchon obstinément couraient dans nos têtes, pour nous ressasser la quête d’absolu en gardant- bien sûr- nos regards lucides.
Les orchestres battaient pour aller au-delà d’illustrations paresseuses de la thématique de cette année qui imposait « la vie en rose ! ». Les jeux de mots n’ont pas manqué : « bleu blanc rose », « rose désir », et « la rose des fables »… Mais le génie de cette parade est de fédérer une quinzaine de groupes avec des citations communes, qui créent un rythme, une cohérence tout en laissant une grande diversité s’exprimer. Pour cette huitième édition, j’ai apprécié justement les ponctuations entre les formations dont certaines plus denses emportaient plus facilement l’adhésion du public emballé par des formes qui deviennent pourtant familières telles que les personnages sur échasses ou le hip hop, mais l’investissement des participants emporte le morceau à tous coups.
Encore une grande année pour un évènement populaire où la participation n’est pas un attrape- nigauds mais un processus exigeant qui allume des sourires des deux côtés des barrières.
« Rien n’est plus beau qu’un rassemblement populaire » c’est François Marie Banier qui l’a dit à propos des manifs contre les retraites Woerth.
Ils veulent tout saloper, mais on s’en fout, c’était beau et plein de santé.
Des petits bouts de papier et de grandes affiches disaient « ensemble avec nos différences » et c’était bien vrai parce qu’il y en avait des jeunes et des jaunes, des ridés et des frisés, des chauves et des noirs, des rides et des rires, des roses.
« Quand il me prend dans ses bras
Il me parle tout bas
Je vois la vie en rose
Il me dit des mots d'amour
Des mots de tous les jours »
« Oh la la la vie en rose
Le rose qu'on nous propose
D'avoir les quantités de choses
Qui donnent envie d'autre chose
Aïe, on nous fait croire
Que le bonheur c'est d'avoir
De l'avoir plein nos armoires
Dérisions de nous dérisoires »
Puisque les rues étaient envahies de musique, Piaf et Souchon obstinément couraient dans nos têtes, pour nous ressasser la quête d’absolu en gardant- bien sûr- nos regards lucides.
Les orchestres battaient pour aller au-delà d’illustrations paresseuses de la thématique de cette année qui imposait « la vie en rose ! ». Les jeux de mots n’ont pas manqué : « bleu blanc rose », « rose désir », et « la rose des fables »… Mais le génie de cette parade est de fédérer une quinzaine de groupes avec des citations communes, qui créent un rythme, une cohérence tout en laissant une grande diversité s’exprimer. Pour cette huitième édition, j’ai apprécié justement les ponctuations entre les formations dont certaines plus denses emportaient plus facilement l’adhésion du public emballé par des formes qui deviennent pourtant familières telles que les personnages sur échasses ou le hip hop, mais l’investissement des participants emporte le morceau à tous coups.
Encore une grande année pour un évènement populaire où la participation n’est pas un attrape- nigauds mais un processus exigeant qui allume des sourires des deux côtés des barrières.
« Rien n’est plus beau qu’un rassemblement populaire » c’est François Marie Banier qui l’a dit à propos des manifs contre les retraites Woerth.
Ils veulent tout saloper, mais on s’en fout, c’était beau et plein de santé.
samedi 18 septembre 2010
Pourquoi le renouveau est-il nécessaire ?
Ouvrir des états généraux à Grenoble un vendredi matin de fin juin sur le « Renouveau » risquait d’attirer essentiellement les consommateurs de colloques tels que moi-même et mes semblables retraités, remarquant la rareté des jeunes dans ces réunions en dehors des captifs étudiants en science po. Pourtant les formes du débat se sont essayées au renouvellement et la brochette de politiques Voynet, Destot, Delevoye n’a pas déçu en ouverture de ces trois jours de débat avec un rappel utile au pays des ingénieurs en doudoune : 22% de la population grenobloise vit en dessous du seuil de pauvreté.
« La crise est sociale, politique, morale, institutionnelle, écologique ; le lien social se délite, la dépression, la résignation, minent l’esprit du « vivre ensemble », l’espérance européenne est mise à bas. » C’était, avant juillet, les paroles du maire de Grenoble
Pour dépasser l’image vague de citoyen gibier à sondage, des nourritures intellectuelles sont indispensables, pour « AGIR ».
Les défis lancés aux politiques et aussi à l’ensemble d’une société civile bien présente en ces jours de rencontres, sont de grande ampleur à l’heure où la famille est dépassée avec des liens intergénérationnels à réinventer, des démarches interculturelles à réactiver pour accueillir les cinq continents.
« Élargir l’horizon pour mieux vivre ici ».
J’ai été agréablement surpris par la vivacité du médiateur de la république, Jean Paul Delevoye, certes sénateur UMP, mais décapant et crédible par son expérience d’élu local.
« Nous risquons d’assister à l’évasion de la réussite et à la localisation de l’échec. Parce que si la politique ne parvient pas à rouvrir le chemin des espérances, il alimentera le humiliations et se contentera de gérer les peurs ». C’était avant « le discours de Grenoble ».
Tous ont dit la nécessité d’une régulation basée sur le long terme, les paroles concernant la répartition des efforts ne doivent pas viser à satisfaire des clientèles : ils parlent d’or.
D’autant plus que la conviction doit supplanter l’émotion, et si l’aliénation vient après l’exploitation, l’individu d’aujourd’hui ne se demande plus ce qui lui est « permis de faire » mais « ce qu’il est capable de faire ».
Quand des expérimentations qui n’avaient rien d’hasardeux, ni ne portaient des prétentions globalisantes et baratineuses : la scolarisation des deux ans qui amenuisait les différences sociales est en régression, les centres de santé qui œuvrent à la prévention sont fragiles, leur remise en cause sape les belles conclusions qui se bouclent par « le renouveau apparaitra alors non seulement nécessaire mais possible ».
Casse de l'école, de la santé. Face à la déconsidération internationale, au cynisme, à la chasse aux plus faibles, à la défense des privilégiés, d’un pouvoir burlesque qui ébranle tous les pouvoirs ( judiciaire, presse, institutions...), il ne suffira pas de se baisser pour ramasser les fruits de l’amertume. Le terme de renouveau serait même peut être trop ambitieux quand il s’agira déjà de recoudre.
« La crise est sociale, politique, morale, institutionnelle, écologique ; le lien social se délite, la dépression, la résignation, minent l’esprit du « vivre ensemble », l’espérance européenne est mise à bas. » C’était, avant juillet, les paroles du maire de Grenoble
Pour dépasser l’image vague de citoyen gibier à sondage, des nourritures intellectuelles sont indispensables, pour « AGIR ».
Les défis lancés aux politiques et aussi à l’ensemble d’une société civile bien présente en ces jours de rencontres, sont de grande ampleur à l’heure où la famille est dépassée avec des liens intergénérationnels à réinventer, des démarches interculturelles à réactiver pour accueillir les cinq continents.
« Élargir l’horizon pour mieux vivre ici ».
J’ai été agréablement surpris par la vivacité du médiateur de la république, Jean Paul Delevoye, certes sénateur UMP, mais décapant et crédible par son expérience d’élu local.
« Nous risquons d’assister à l’évasion de la réussite et à la localisation de l’échec. Parce que si la politique ne parvient pas à rouvrir le chemin des espérances, il alimentera le humiliations et se contentera de gérer les peurs ». C’était avant « le discours de Grenoble ».
Tous ont dit la nécessité d’une régulation basée sur le long terme, les paroles concernant la répartition des efforts ne doivent pas viser à satisfaire des clientèles : ils parlent d’or.
D’autant plus que la conviction doit supplanter l’émotion, et si l’aliénation vient après l’exploitation, l’individu d’aujourd’hui ne se demande plus ce qui lui est « permis de faire » mais « ce qu’il est capable de faire ».
Quand des expérimentations qui n’avaient rien d’hasardeux, ni ne portaient des prétentions globalisantes et baratineuses : la scolarisation des deux ans qui amenuisait les différences sociales est en régression, les centres de santé qui œuvrent à la prévention sont fragiles, leur remise en cause sape les belles conclusions qui se bouclent par « le renouveau apparaitra alors non seulement nécessaire mais possible ».
Casse de l'école, de la santé. Face à la déconsidération internationale, au cynisme, à la chasse aux plus faibles, à la défense des privilégiés, d’un pouvoir burlesque qui ébranle tous les pouvoirs ( judiciaire, presse, institutions...), il ne suffira pas de se baisser pour ramasser les fruits de l’amertume. Le terme de renouveau serait même peut être trop ambitieux quand il s’agira déjà de recoudre.
vendredi 17 septembre 2010
La centrale. Elisabeth Fihol
Il s’agit de nucléaire avec deux chapitres : Chinon, Le Blayais .
« Dans le nucléaire, une ville classée moyenne- moins de dix mille habitants- à l’écart des grandes agglomérations ».
Déjà que l’ouvrier tout court disparaît de nos écrans, l’ouvrier intérimaire qui nettoie les centrales apparait si petit dans ces hauts lieux. L’écriture s’approche des forces telluriques, en décrivant le quotidien des soutiers de notre confort, sans emphase. Là, où le danger est lisse, la peur se monnaye, elle ne s’oublie pas sous ses combinaisons et ses portiques.
Ce livre froid comme un carrelage expose la vie de ces travailleurs dont la gestion de la dose de radiations (vingt millisieverts) par homme est l’obsession. Au cœur des réacteurs et de la puissance, sous son microscope, la narratrice nous fait partager la vie de ces hommes où le stress au travail structure l’emploi du temps. L’écriture est en conformité avec son sujet dépassionné mais implacable : « la procédure a été respectée ».
Un nuage passe : Tchernobyl, c’était en 86 et les défaillances furent humaines, qui a désobéi ?
« Dans le nucléaire, une ville classée moyenne- moins de dix mille habitants- à l’écart des grandes agglomérations ».
Déjà que l’ouvrier tout court disparaît de nos écrans, l’ouvrier intérimaire qui nettoie les centrales apparait si petit dans ces hauts lieux. L’écriture s’approche des forces telluriques, en décrivant le quotidien des soutiers de notre confort, sans emphase. Là, où le danger est lisse, la peur se monnaye, elle ne s’oublie pas sous ses combinaisons et ses portiques.
Ce livre froid comme un carrelage expose la vie de ces travailleurs dont la gestion de la dose de radiations (vingt millisieverts) par homme est l’obsession. Au cœur des réacteurs et de la puissance, sous son microscope, la narratrice nous fait partager la vie de ces hommes où le stress au travail structure l’emploi du temps. L’écriture est en conformité avec son sujet dépassionné mais implacable : « la procédure a été respectée ».
Un nuage passe : Tchernobyl, c’était en 86 et les défaillances furent humaines, qui a désobéi ?
jeudi 16 septembre 2010
Barcelo à Avignon.
Depuis le temps que le cherchais, il était en Avignon dans trois lieux, le vibrant résident des Baléares en pays Dogon: peintures dans le bel hôtel particulier de la fondation Lambert, sculptures dans le palais des papes, et rapprochements avec les œuvres moyenâgeuses de Majorque au musée du petit palais.
Je me sens concerné par cet artiste qui rassemble Afrique et Europe, peinture et sculpture, patrimoine et recherche, « terramare ». La terre du Mali convient bien à l’intensité de ses œuvres : des aquarelles aux poteries, quand quelques traces sur des briques élémentaires leur font prendre des allures de masques, quand la peinture sculpte la lumière. Mais aux pieds des gisants illustres lorsque des chiens les réchauffent pour l’éternité, ce n’est pas l’impertinence de l’artiste majeur d’aujourd’hui qui étonne le plus. Un éléphant dressé sur sa trompe swingue devant le palais des papes ; humour conventionnel qui séduit mais ne rend pas compte de l’intensité, de l’ampleur d’une œuvre où quelques poivrons ont la force que voyait Cezanne dans le rouge des babouches des femmes d’Alger de Delacroix : "Quand je vous parle de joie des couleurs, tenez, c'est cela que je veux dire… Ces roses pâles, ces coussins bourrus, cette babouche, toute cette limpidité, je ne sais pas moi, vous entrent dans l'œil comme un verre de vin dans le gosier, on en est tout de suite ivre." D’une brindille dans la poussière, le rêveur trace la silhouette d’une chèvre. Par les craquelures de la latérite, la vie pousse, la fantaisie frétille, la gravité enroule ses volutes. De tout son corps.
Je me sens concerné par cet artiste qui rassemble Afrique et Europe, peinture et sculpture, patrimoine et recherche, « terramare ». La terre du Mali convient bien à l’intensité de ses œuvres : des aquarelles aux poteries, quand quelques traces sur des briques élémentaires leur font prendre des allures de masques, quand la peinture sculpte la lumière. Mais aux pieds des gisants illustres lorsque des chiens les réchauffent pour l’éternité, ce n’est pas l’impertinence de l’artiste majeur d’aujourd’hui qui étonne le plus. Un éléphant dressé sur sa trompe swingue devant le palais des papes ; humour conventionnel qui séduit mais ne rend pas compte de l’intensité, de l’ampleur d’une œuvre où quelques poivrons ont la force que voyait Cezanne dans le rouge des babouches des femmes d’Alger de Delacroix : "Quand je vous parle de joie des couleurs, tenez, c'est cela que je veux dire… Ces roses pâles, ces coussins bourrus, cette babouche, toute cette limpidité, je ne sais pas moi, vous entrent dans l'œil comme un verre de vin dans le gosier, on en est tout de suite ivre." D’une brindille dans la poussière, le rêveur trace la silhouette d’une chèvre. Par les craquelures de la latérite, la vie pousse, la fantaisie frétille, la gravité enroule ses volutes. De tout son corps.
mercredi 15 septembre 2010
New York J 2 : ici on parle français.
Réveil à 6h, après une bonne nuit dans un lit gigantesque. Episode oreilles basses quand je m’aperçois de la disparition de l’appareil photo, que nous retrouvons finalement.
Sous un ciel sans nuage, au propre comme au figuré, nous partons l’esprit léger prendre le métro à la station Nostrand. Là nous achetons un Pass voyages illimités valable 7 jours à 27 $ au moyen d’une machine qui parle français si on le lui demande. Les couloirs sont délabrés et sales. En direction de Manhattan, les rames sont occupées d’abord exclusivement par des noirs, entassés, puis peu à peu, l’usager devient blanc et en nombre moindre. L’express nous permet de gagner du temps, le trajet dure en gros une demi-heure jusqu’à la 42° rue de la 7° avenue, vers Times Square.
A la sortie du métro le choc : nous nous sentons tellement petits dans Manhattan avec ses rues bordées de gratte-ciels, ses pubs géantes et ses animations projetées sur les façades. Le soleil peine à s’engouffrer dans la rue. Sur la route défilent des taxis jaunes, mais aussi des limousines, des 4X4, des policiers à cheval, tous respectueux des feux de circulation suspendus au dessus des routes. Les piétons obéissent soit à une main rouge ou clignotante, soit à un petit bonhomme vert qui marche. Nous sommes vite abordés par du personnel habillé en rouge de la Gray Line proposant un New York sighting: ils sont tous blacks et beaucoup parlent français. Pour ce billet du tour de la ville en bus, ils se font tirer l’oreille pour appliquer la réduction incluse dans le New York City Pass qui coûte dans les 60$ avec les incontournables : Empire State Building panorama, American Museum of Natural history, Museum of Modern Art, Metropolitan Museum of Art, Guggenheim Museum, Statue of Liberty and Ellis Island …
Mais tandis que nous poursuivons notre chemin, un employé nous rattrape et concède la ristourne des 10 $ tout en en levant 2 $ de taxes après avoir beaucoup palabré avec un collègue en langue du Togo. Il nous apprend que beaucoup de ses compatriotes viennent ainsi trouver du boulot aux US où les formalités et les papiers sont plus faciles à obtenir qu’en France. Nous nous sentons un peu en connivence grâce à notre langue.
Notre lieu de rendez vous à Times Square est sur les gradins qui permettent une vue sur la place effervescente nommée ainsi car c’était l'ancien emplacement du siège du « New York Times ».
Nous grimpons sur l’impériale de notre bus pour un circuit de deux heures dans la partie plutôt Sud de Manhattan qui nous promènera vers l’Empire State Building, le fer à repasser (flat iron building) en bordure de Greenwich village et Soho, vers le site du World Trade Center, Battery Park (face à la statue de La Liberté) puis remontera vers Brooklyn Bridge, China town, Little Italy, les bâtiments de l’Organisation des Nations Unies après East village, Rockefeller Center et enfin Central Park. Nous ne saisissons pas l’humour de notre guide qui se met parfois à hurler furieusement dans son micro. Par contre nous apprécions l’itinéraire qui nous fait prendre la mesure de l’architecture époustouflante, parfois gothique, écrasante, élancée, ou art déco, moderne, délirante mais toujours gigantesque. Du haut de notre bus, nous sommes surpris par les odeurs de cuisine, Mac Do ou plus exotiques et retrouvons encore des images familières de NYC avec les vapeurs qui émanent de tuyaux plantés dans le sol ou sortant de toits comme le mug géant qui sert de pub, et ces réservoirs style réservoirs d’eau des chemins de fer de western se découpant dans les airs. Je photographie sans relâche. Nous nous promenons aussi au hasard : dans une rue stationne un camion mastodonte, bleu roi métallisé, chromes étincelants, il fait l’orgueil de son chauffeur qui invite une famille à s’installer pour des photos.
Nous retrouvons nos camarades qui nous emmènent au restau chinois avec nourriture à volonté pour 8,50 dollars. Je demande à un des clients l’autorisation de le photographier avec sa tenue qui me semble originale, cela m’est accordé à condition que je pose également avec mon modèle: il s’agit non pas d’un musicien comme je l’imaginais, mais d’un avocat du Nigéria.
En cherchant l’arrêt de notre deuxième circuit en bus, Nicole déniche un café Internet moins facile à dégotter qu’à Hanoï. Un vieil employé Haïtien « qui parle français comme toi » m’aide avec gentillesse à accéder aux ordinateurs. Pendant ce temps le reste de la troupe ne se régale pas avec le café d’un demi-litre (minimum vendu)
Nous prenons notre deuxième bus touristique. Cette fois la guide, une jeune femme enrouée nous commente le circuit autour de Central Park : cathédrale, Harlem (salle théâtre de l’Apollo) Guggenheim muséum, Métropolitan muséum, le zoo ; c’est moins impressionnant que la découverte de ce matin mais bien agréable. Le métro nous conduit ensuite en plein quartier chinois que nous traversons à pieds en direction du pont de Brooklyn ; le jour décline au moment où nous y parvenons. C’est au milieu des promeneurs que nous contemplons l’éclairage progressif des lumières des gratte-ciel s’ajoutant au rouge des feux et des phares des véhicules sur un ciel de plus en plus gris ; le lieu est très photogénique, derrière les filins entrecroisés. Pour la première fois nous sommes surpris par le bruit de la circulation, surtout les sirènes des ambulances et des pompiers en tous points semblables aux sons synthétiques de la foire de l’Esplanade.
Sous un ciel sans nuage, au propre comme au figuré, nous partons l’esprit léger prendre le métro à la station Nostrand. Là nous achetons un Pass voyages illimités valable 7 jours à 27 $ au moyen d’une machine qui parle français si on le lui demande. Les couloirs sont délabrés et sales. En direction de Manhattan, les rames sont occupées d’abord exclusivement par des noirs, entassés, puis peu à peu, l’usager devient blanc et en nombre moindre. L’express nous permet de gagner du temps, le trajet dure en gros une demi-heure jusqu’à la 42° rue de la 7° avenue, vers Times Square.
A la sortie du métro le choc : nous nous sentons tellement petits dans Manhattan avec ses rues bordées de gratte-ciels, ses pubs géantes et ses animations projetées sur les façades. Le soleil peine à s’engouffrer dans la rue. Sur la route défilent des taxis jaunes, mais aussi des limousines, des 4X4, des policiers à cheval, tous respectueux des feux de circulation suspendus au dessus des routes. Les piétons obéissent soit à une main rouge ou clignotante, soit à un petit bonhomme vert qui marche. Nous sommes vite abordés par du personnel habillé en rouge de la Gray Line proposant un New York sighting: ils sont tous blacks et beaucoup parlent français. Pour ce billet du tour de la ville en bus, ils se font tirer l’oreille pour appliquer la réduction incluse dans le New York City Pass qui coûte dans les 60$ avec les incontournables : Empire State Building panorama, American Museum of Natural history, Museum of Modern Art, Metropolitan Museum of Art, Guggenheim Museum, Statue of Liberty and Ellis Island …
Mais tandis que nous poursuivons notre chemin, un employé nous rattrape et concède la ristourne des 10 $ tout en en levant 2 $ de taxes après avoir beaucoup palabré avec un collègue en langue du Togo. Il nous apprend que beaucoup de ses compatriotes viennent ainsi trouver du boulot aux US où les formalités et les papiers sont plus faciles à obtenir qu’en France. Nous nous sentons un peu en connivence grâce à notre langue.
Notre lieu de rendez vous à Times Square est sur les gradins qui permettent une vue sur la place effervescente nommée ainsi car c’était l'ancien emplacement du siège du « New York Times ».
Nous grimpons sur l’impériale de notre bus pour un circuit de deux heures dans la partie plutôt Sud de Manhattan qui nous promènera vers l’Empire State Building, le fer à repasser (flat iron building) en bordure de Greenwich village et Soho, vers le site du World Trade Center, Battery Park (face à la statue de La Liberté) puis remontera vers Brooklyn Bridge, China town, Little Italy, les bâtiments de l’Organisation des Nations Unies après East village, Rockefeller Center et enfin Central Park. Nous ne saisissons pas l’humour de notre guide qui se met parfois à hurler furieusement dans son micro. Par contre nous apprécions l’itinéraire qui nous fait prendre la mesure de l’architecture époustouflante, parfois gothique, écrasante, élancée, ou art déco, moderne, délirante mais toujours gigantesque. Du haut de notre bus, nous sommes surpris par les odeurs de cuisine, Mac Do ou plus exotiques et retrouvons encore des images familières de NYC avec les vapeurs qui émanent de tuyaux plantés dans le sol ou sortant de toits comme le mug géant qui sert de pub, et ces réservoirs style réservoirs d’eau des chemins de fer de western se découpant dans les airs. Je photographie sans relâche. Nous nous promenons aussi au hasard : dans une rue stationne un camion mastodonte, bleu roi métallisé, chromes étincelants, il fait l’orgueil de son chauffeur qui invite une famille à s’installer pour des photos.
Nous retrouvons nos camarades qui nous emmènent au restau chinois avec nourriture à volonté pour 8,50 dollars. Je demande à un des clients l’autorisation de le photographier avec sa tenue qui me semble originale, cela m’est accordé à condition que je pose également avec mon modèle: il s’agit non pas d’un musicien comme je l’imaginais, mais d’un avocat du Nigéria.
En cherchant l’arrêt de notre deuxième circuit en bus, Nicole déniche un café Internet moins facile à dégotter qu’à Hanoï. Un vieil employé Haïtien « qui parle français comme toi » m’aide avec gentillesse à accéder aux ordinateurs. Pendant ce temps le reste de la troupe ne se régale pas avec le café d’un demi-litre (minimum vendu)
Nous prenons notre deuxième bus touristique. Cette fois la guide, une jeune femme enrouée nous commente le circuit autour de Central Park : cathédrale, Harlem (salle théâtre de l’Apollo) Guggenheim muséum, Métropolitan muséum, le zoo ; c’est moins impressionnant que la découverte de ce matin mais bien agréable. Le métro nous conduit ensuite en plein quartier chinois que nous traversons à pieds en direction du pont de Brooklyn ; le jour décline au moment où nous y parvenons. C’est au milieu des promeneurs que nous contemplons l’éclairage progressif des lumières des gratte-ciel s’ajoutant au rouge des feux et des phares des véhicules sur un ciel de plus en plus gris ; le lieu est très photogénique, derrière les filins entrecroisés. Pour la première fois nous sommes surpris par le bruit de la circulation, surtout les sirènes des ambulances et des pompiers en tous points semblables aux sons synthétiques de la foire de l’Esplanade.
mardi 14 septembre 2010
Berlin : la cité des pierres
Jason Lutes est à Berlin ce que Tardi est à Paris, avec le même bonheur pour le rythme des noirs et blancs et la minutie des dessins qui nous transportent dans les années 20. L’américain fait preuve de pédagogie pour nous faire partager les craintes et les espoirs de ses personnages. La première guerre finie est omniprésente avec tous ses éclopés. Les intellectuels, les artistes cherchaient un sens nouveau à l’art, à leurs vies. La misère frappait aux vitrines frivoles; des espoirs naissaient dans la classe ouvrière et des violences gonflaient les bannières et les muscles. Le dessinateur nous présente en 200 pages ce bouillonnement intellectuel, politique : un roman graphique efficace et enrichissant, aux cadrages variés qui nous dépayse dans le temps et l’espace, mais l’on ne peut s’empêcher de penser qu’en ce moment où toute une misère toque à nos rives, les paroles de ceux qui conduisaient les juifs à être pourchassés contiennent un venin toujours actif.
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