Ouvrir des états généraux à Grenoble un vendredi matin de fin juin sur le « Renouveau » risquait d’attirer essentiellement les consommateurs de colloques tels que moi-même et mes semblables retraités, remarquant la rareté des jeunes dans ces réunions en dehors des captifs étudiants en science po. Pourtant les formes du débat se sont essayées au renouvellement et la brochette de politiques Voynet, Destot, Delevoye n’a pas déçu en ouverture de ces trois jours de débat avec un rappel utile au pays des ingénieurs en doudoune : 22% de la population grenobloise vit en dessous du seuil de pauvreté.
« La crise est sociale, politique, morale, institutionnelle, écologique ; le lien social se délite, la dépression, la résignation, minent l’esprit du « vivre ensemble », l’espérance européenne est mise à bas. » C’était, avant juillet, les paroles du maire de Grenoble
Pour dépasser l’image vague de citoyen gibier à sondage, des nourritures intellectuelles sont indispensables, pour « AGIR ».
Les défis lancés aux politiques et aussi à l’ensemble d’une société civile bien présente en ces jours de rencontres, sont de grande ampleur à l’heure où la famille est dépassée avec des liens intergénérationnels à réinventer, des démarches interculturelles à réactiver pour accueillir les cinq continents.
« Élargir l’horizon pour mieux vivre ici ».
J’ai été agréablement surpris par la vivacité du médiateur de la république, Jean Paul Delevoye, certes sénateur UMP, mais décapant et crédible par son expérience d’élu local.
« Nous risquons d’assister à l’évasion de la réussite et à la localisation de l’échec. Parce que si la politique ne parvient pas à rouvrir le chemin des espérances, il alimentera le humiliations et se contentera de gérer les peurs ». C’était avant « le discours de Grenoble ».
Tous ont dit la nécessité d’une régulation basée sur le long terme, les paroles concernant la répartition des efforts ne doivent pas viser à satisfaire des clientèles : ils parlent d’or.
D’autant plus que la conviction doit supplanter l’émotion, et si l’aliénation vient après l’exploitation, l’individu d’aujourd’hui ne se demande plus ce qui lui est « permis de faire » mais « ce qu’il est capable de faire ».
Quand des expérimentations qui n’avaient rien d’hasardeux, ni ne portaient des prétentions globalisantes et baratineuses : la scolarisation des deux ans qui amenuisait les différences sociales est en régression, les centres de santé qui œuvrent à la prévention sont fragiles, leur remise en cause sape les belles conclusions qui se bouclent par « le renouveau apparaitra alors non seulement nécessaire mais possible ».
Casse de l'école, de la santé. Face à la déconsidération internationale, au cynisme, à la chasse aux plus faibles, à la défense des privilégiés, d’un pouvoir burlesque qui ébranle tous les pouvoirs ( judiciaire, presse, institutions...), il ne suffira pas de se baisser pour ramasser les fruits de l’amertume. Le terme de renouveau serait même peut être trop ambitieux quand il s’agira déjà de recoudre.
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