dimanche 11 octobre 2009

Soirée lecture concert

Pour la première fois, face à un public, je me suis tenu caché derrière des textes pour une lecture avec trois comparses Renée, Marie Françoise et Marité.
Isabelle Olivier, compositrice et harpiste était là pour emmener le public au-delà de nos extraits littéraires. Avec simplicité elle a déposé ses notes originales autour du thème du "voyage dans le temps", en nous apportant une énergie nouvelle et rafraîchissante. Tantôt en s’effaçant, tantôt en entrant en résonance avec les mots. L’équilibre a été vite trouvé entre musique et textes. Nous étions partis à la recherche de Proust, Cendrars, Cocteau, Ernaux, Hardellet, Duras, Michaux, Calet, Prévert, Bradbury, Du Bellay, Pessoa :
« Je veux partir avec vous, je veux partir avec vous,
En même temps avec vous tous
Partout où vous êtes allés !
Je veux affronter de front vos périls,
Sentir sur mon visage les vents qui ont ridé les vôtres,
Recracher de mes lèvres le sel des mers qui ont embrassé les vôtres,
Prêter mon bras à vos manœuvres, partager vos tempêtes,
Comme vous arriver, enfin, en des ports extraordinaires ! »

Nous nous étions bien régalés pendant les répétitions, mais lorsque le trac m’a empoigné, je me suis promis de ne pas me remettre dans ces situations ; pourtant la rencontre avec la musicienne a été un moment privilégié. Et en étant à côté d’elle je pense avoir encore plus apprécié les trouvailles qu’elle a pu nous apporter avec ses harpes qui avaient une image très conventionnelle à mes yeux de profane. En plus du caractère féerique et fluide lié à l’instrument, elle a apporté une touche jazzy, exotique. Sous les lampes intimes installées par les bibliothécaires, cette soirée a réuni une cinquantaine d’auditeurs qui se sont précipités pour acheter les derniers CD de la quadra en route vers Romans et d’autres voyages.
Le site de la musicienne:
http://www.isabelleolivier.com/

samedi 10 octobre 2009

Quels termes pour une alliance ?

Ce devait être un débat au forum de « Libé » de Daniel Cohn Bendit avec Martine Aubry; celle-ci défaillante a été remplacée par Claude Bartolone, qui en bon petit soldat savait qu’il ferait pâle figure à côté du bateleur d’estrade. J’ai préféré suivre ce débat plutôt que celui entre le Béarnais et le maire de Tulles où chacun a dit : « c’est le projet qui fait l’union ». Certes.
Juste avant l’effondrement de la finance, nous venions, au P.S., de reconnaître l’économie de marché. Et c’est au moment où Bayrou perd des plumes, que certains se sentent des faiblesses pour le MODEM, alors que Dany a cédé depuis un moment aux délices modérés.
La problématique des alliances d’appareils est encore plus périmée aujourd’hui que le succès d’Europe Ecologie est dû au dépassement des organisations qui composaient sa galaxie.
Le changement climatique influence les pouvoirs, et si l’on veut gagner et éloigner la tentation de n’être qu’un « beau perdant », il s’agit par une réflexion sur la gouvernance, d’expliquer pour redonner foi en la politique, mettre les actes en accord avec les paroles. Gagner sans décevoir. Est ce qu’un retour de la gauche plurielle réjouirait l’omni président, la solution, réside-t-elle dans l’omni rassemblement ?

vendredi 9 octobre 2009

Silex and the city.

Je ne goûtais pas trop les dessins de Jul, les trouvant lourds, sans originalité ; mon plaisir en lisant son dernier album chez Dargaud n’en est que plus grand. C’est un humour qui me convient parfaitement avec ses anachronismes genre Pierrafeux mais à la sauce politique où il fait bon décrypter les allusions. Un révélateur décapant de nos travers les plus contemporains où le cynisme est roi.
Deux profs dans la grotte discutent. Lui après avoir déposé son Téléramapithèque :
- Enfin, chérie, tu crois autant que moi à la sélection naturelle.
- On ne va pas en plus trier les élèves à l’entrée du collège.
- En attendant tes beaux discours darwinistes, tu as quand même mis tes enfants dans le privé.

Lui, prof de chasse s’appelle Blog Dotcom, sa femme Spam est prof de préhistoire-géo en Zone d’Evolution Prioritaire, un de leurs enfants est alter darwiniste radical alors que sa sœur Web , doltosapiens, est une fashion victim qui court les boutiques à la défense. Et tout à l’avenant !
Je vais offrir cette tranche de rigolade à la cantonade.
Quand on propose un psy au fils du héros principal qui est en pleine campagne électorale, il s’insurge : « on a mis des millénaires à atteindre la position debout et maintenant tu voudrais que j’envoie mon fils s’allonger ! »

jeudi 8 octobre 2009

Aquarelles et encres de Marité Jacquet

Le bouffet pour le vernissage était extra, mais l’inconvénient de causer des copines qui s’exposent, c’est que la complaisance vienne brouiller l’avis. Hé bien … même pas d’efforts pour trouver que la diversité des sujets et des manières rend l’accrochage tout à fait agréable.
Je suis admiratif de l’étendue des talents de la prof multi cordes puisqu’elle écrit aussi, lit et chante ; elle a publié sur le blog que vous lisez - excellent au demeurant - des nouvelles souvent primesautières, originales, légères comme ses peintures.
Dépêchez vous, ses tableaux sont visibles à la bibliothèque Barnave ce samedi de 14h à 18h et la semaine qui vient aux heures d'ouverture de la bibliothèque.

mercredi 7 octobre 2009

Du fric à l’école : l’ânerie pédagogique.

Un principal de lycée professionnel offre des places pour les matchs de l’OM à des élèves, seulement parce qu’ils n’ont pas été absents des cours : je suis atterré.
Je me demande d’ailleurs si c’est vraiment une récompense avec les performances de l’équipe phocéenne actuellement. Je plaisante, mais voilà du combustible pour les humoristes.
Cette affaire de donner de l’argent aux élèves est consternante, surtout parce qu’elle révèle avec cruauté ce qui nous a amené à ce point de perte de tout sens commun.
C’est un élément de plus de la mise en lumière d’un désarroi qu’on ne peut même plus nommer éducatif pour des pans entiers de nos institutions formatrices : qu’il y ait des pédagogues qui en soient arrivés à ce type de remède prouve la fin des valeurs de l’école et l’état lamentable des lieux .
Que la récompense soit collective et l’expérience limitée, importe peu : l’effet symbolique est ravageur.
La marchandisation est devenu le mode de relation jusque dans les lieux les plus épargnés jusque là.
Nous sommes dans une telle situation, que je n’entame même plus le couplet du plaisir d’apprendre, du privilège d’accéder à des savoirs nouveaux … il faut savoir garder le sens du ridicule. Et surtout ne pas passer pour un ringard qui serait contre toutes les propositions nouvelles.
Les élèves qui viendront dans ces conditions en cours auront-ils un cours d’éducation civique sur le don de soi, sur le bénévolat, l’engagement ? Evitez de les noter, ils seraient traumatisés, on pourrait aussi les rémunérer pour télécharger sur internet, là c’est pour qu’ils se lèvent le matin.
Les journalistes qui font des ménages ont des reportages tout prêts : en Ecosse les élèves qui prennent des légumes à la cantine gagnent des points. Devant la défection citoyenne ce serait bien de payer pour les inciter à voter… voter pour qui ? J’ai la berlue !
Et ceux qui rament toute l’année à vendre des brioches, à animer de lotos pour leurs voyages, les bras leur en tombent-ils ? L’autre jour sur le marché quand je distribuais des tracts pour la défense de La Poste, plusieurs personnes pensaient que je ne pouvais être que postier.

mardi 6 octobre 2009

Le journal de mon père

Jirô Taniguchi est paraît-il une pointure parmi les auteurs de manga, mais il n’a rien à voir avec l’idée que je me faisais de ces productions japonaises tapageuses et froides, traversées d’éclairs et d’effets grossiers. C’est tout le contraire : une fluidité, une subtilité pour remonter une histoire familiale bouleversante ; la nostalgie n’est pas la seule à vous submerger, la vigueur des thèmes traités se renforce avec des anecdotes touchantes. L’oncle, gagné par l’ébriété lors de la veillée funèbre, va accompagner le fils pour lui révéler la figure du disparu. La vérité brutale s’excuse ainsi pour un récit tout en douceur. La culpabilité sera avivée mais la bienveillance de tous irradie tout au long de ces 270 pages. A me sentir concerné par cette histoire, j’ai pris d’autant plus de plaisir qu’elle avait un cadre étranger. De la campagne avec un destin tout tracé, à la liberté de la ville au risque de la solitude, des coupures et des ingratitudes

lundi 5 octobre 2009

Le petit Nicolas.

Une gentille récré. J’aime tant Sempé ici et ailleurs, que son petit Nicolas me ravit au-delà du temps qui a passé. J’ai couru voir le film qui est une re création et je n’avais pas à être déçu : c’est une autre histoire, un autre langage, même si la transition est bien amenée par un générique que j’ai adoré. Cette foi en l’avenir, cette espièglerie sont de tous temps, de tous âges : ce qu’il y a d’innocent chez l’adulte, de gravité chez l’enfant se superpose en chacun de nous, reparaît pour un instant, un instant seulement, quand le cancre peut croire en la camaraderie, quand le ministre est un bon pépère. Ce n’est pas une reconstitution des années 50, il y a des situations datées comme les rapports avec le patron et la place des femmes, mais c’est intéressant de voir ce qui a muté, et c’est bon de sourire, de rire.