« … à l’heure où
cette civilisation dont je procède s’effondre, doublement menacée par une
incroyable négativité qui la détruit et par l’horizon transhumaniste qui
s’annonce à l’échelle civilisationnelle… »
Le philosophe, athée militant, livre en 120 pages ses
réflexions après un petit séjour dans une abbaye où il célèbre la lumière,
partage les rites de la communauté, dialogue respectueusement avec le père
Michel.
« Quand chaque
journée ressemble à chaque journée, que la veille, le jour même et le lendemain
seront, à peu de chose près, identiques, que chaque mois ressemble à chaque
mois, chaque année à chaque année, chaque vie à chaque vie, que ceux qui sont
entrés dans le cimetière ont vécu la même vie que les vivants qui s'en
souviennent dans le monastère et ceux qui les remplaceront quand ils seront
morts, le temps fond, se dilue, se dissout, se métamorphose comme un métal en
fusion et génère dans son athanor quelque chose qui ressemble à l’éternité. »
La lecture commentée des sermons sur la chute de Rome de
saint Augustin est exigeante, comme est nécessaire le retour aux questions éternelles sur
le thème du mal, de la liberté, tout en gardant un recul, générateur de
sagesse :
« Le judaïsme a
généré une civilisation de l'herméneutique ; le christianisme, une civilisation
de l'allégorie ; l'islam, une civilisation de la réitération. Le monastère est
le lieu où vit, dure et perdure l'allégorie. Car tout y fait sens, sans cesse,
partout, tout le temps, dans le moindre détail. La vie quotidienne y est une
voie d'accès au sacré. »
Intéressant. Je me méfie d'Onfrey, ne serait-ce qu'à cause de son attaque viscérale dirigée contre la psychanalyse, qui est un terrain de prédilection pour moi, qui ai passé beaucoup de temps dans cet univers, et ne le renie pas.
RépondreSupprimerEt puis, je me méfie de la tendance française à accéder aux grandes oeuvres de notre civilisation en se laissant prendre par la main par des contemporains. Cela a du bon, mais... pas que. Cette démarche tend à substituer la compréhension de nos contemporains à la voix personnelle, mais lointaine de nos ancêtres, comme Saint Augustin. Mais peut-être que le texte de Saint Augustin est là en même temps ? Il est à souhaiter.
La chute de Rome... mais je ne suis pas sûre exactement ce qui s'est effondré dans "la chute de Rome", comme je ne sais pas exactement ce qui reste debout, mais je mets ma main au feu qu'en écrivant ces mots en français, quelque chose de Rome RESTE DEBOUT. Credo. Ceux qui parlent anglais, et la langue américaine continuent à la faire tenir debout, et c'est énorme. Credo.
Mais je ne comprends pas les dernières phrases d'Onfrey que tu cites, et elles sont trop générales. Le problème du sens est un problème de l'Homme, qui, où qu'il soit, qui qu'il soit, tend à faire sens avec les moyens du bord. Cela fait partie de la condition humaine universelle, à mon avis. C'est séducteur, ces dernières phrases d'Onfrey, mais a-t-il vraiment la culture nécessaire pour les dire ? Je ne sais pas. Et quand on a été exposé aux Christianismes ? comme aux Judaïsmes, il devient très difficile de faire la part entre, et cerner ce qui sépare.
Et enfin... quiconque a regardé les tableaux qui sont advenus surtout depuis la Grande Romaine, a une certaine vision du Paradis chrétien, et on y voit des visages indifférenciés, qui se ressemblent tous dans une attitude commune d'adoration ; on y voit des corps immobiles, des têtes tournées toutes dans la même direction. C'est peut-être la manifestation même de l'unité de l'Eglise dans le Corps du Christ et c'est... totalitaire ?
Je ne saurais dire. La question reste ouverte pour moi, indécidable.