La route goudronnée est chargée de camions et de grands travaux d’amélioration rendent la circulation encore plus dense. Un arrêt nous permet de bien voir une nouvelle catégorie de babouins sur le bord de la route, des mâles barbus à la fourrure longue et épaisse, sont affublés d’un jabot. La circulation diminue après la bifurcation pour Djibouti, nous sommes sur les terres des Afars. Les cases ont le toit en pointe, parmi des enfilades d’agaves et des champs d’opuntias chargés de fruits. Dans un village, un marché très coloré et important déborde dans l’oued à sec. C’est ici, à 25 km du village de Girmay, que nous avions repéré de loin à Francfort comme devant être notre guide, qu’on lui demande s’il est… Chinois. Depuis un moment nous longeons la voie de chemin de fer aujourd’hui à l’abandon. Après une halte thé/café dans un restau orné des drapeaux de la région, de l’Ethiopie et du Canada qui sert de résidence à des tisserins affairés à construire leurs nids, nous entamons la route de montagne.
Dany remarque les branches d’acacia arrimées à l’arrière des
camions : elles dissuadent les gamins de s’y accrocher. Nous nous élevons
régulièrement, rencontrons les arbustes de khat en boules régulières sur les pentes.
Nous suivons la ligne de crête,
plongeant de chaque côté sur une vue grandiose quasi aérienne .
De nombreux contrôles policiers ralentissent notre
progression mais presque tout le temps, il ne s’agit que d’un simple arrêt pour
notre mini bus de touristes, sauf une fois, où un policier « sous
influence » vérifie les papiers et invente une nouvelle loi qui imposerait
un uniforme aux chauffeurs. Un deuxième complice, tout aussi peu à jeun, nous
libère d’un grand coup de sifflet et d’un geste ample.
Nous mangeons local dans le village de Kulubi dont le marché
est vivement coloré avec des camions chargés de dromadaires. Il accueille deux
fois par an de grands pèlerinages. Directement du boucher mitoyen au restaurant :
bœuf grillé ou en sauce, chèvre en sauce, sur galette de tef à la main.
Nous arrivons à Harar vers 17h
et déposons nos bagages au Rwenda Hôtel. Nous y accédons par la cour arrière,
grimpons l’escalier au milieu des gravats. L’hôtel est en rénovation et
s’agrandit. L’une d’entre nous est perplexe est ce que sa chambre va être
rénovée ou a été rénovée ?
Nous sortons à la découverte de la ville classée au
patrimoine mondial de l’UNESCO, quatrième ville sainte de l’islam. Les
quartiers anciens sont éloignés de 2 km ; un toctoc nous contient à 5 plus
un jeune qui nous parle de Nicolas Hulot venu faire un reportage sur le repas
des hyènes. Pour 30 birrs il nous laisse à la porte de la ville grouillante de
monde. Nous découvrons une ville au caractère arabe avec ses murailles blanches
crénelées, ses mendiants estropiés, ses échoppes et des tenues vestimentaires
musulmanes dominantes.
Pourtant au bout de la rue principale, nous tombons sur une
église pendant un office religieux : les hommes passent par la porte de
gauche, les femmes celle de droite, tous suivent l’office parlé et chanté au
micro par le prêtre et au bout d’un moment chacun entre après avoir embrassé le
chambranle de la porte, et va s’asseoir sur les côtés.
Nous trouvons des ruelles calmes dont les murs d’enceinte
des maisons ont des couleurs inattendues qui chantent dans la lumière de fin
d’après midi. Une dame nous
invite à pénétrer dans sa cour intérieure et présente la Mama, son jeune mari de 24
ans qui a maintenant deux épouses (25 et 28 ans) et deux enfants, lui n’en
parait que 16. D’un côté de la cour s’élève une belle maison avec des
inscriptions calligraphiées autour de la porte, elle est bien arrangée, de
l’autre des pièces s’ouvrent sur la cour, habitations sans doute de certains
membres de la famille.
Nous rentrons à l’hôtel dans une des Peugeot 404 bleues qui
servent de taxi, rafistolées dont il faut s’extraire en passant la main par la
fenêtre. Il ne reste que le strict minimum des fragiles enveloppes roulant
depuis 1960 ! Dommage que les publicités ne parlent plus de
robustesse : ici l’obsolescence est reportée à plus tard.
Nous retrouvons à l’hôtel un noble personnage avec écharpe
blanche, calot et cane qui nous a interpelé et reconnu dans notre visite
d’Harar. C’est notre guide local et la première visite nocturne a pour but
d’assister au repas des hyènes.
Près des murailles, un homme assis tend au bout d’un bâton
un morceau de viande devant deux hyènes très tentées mais très peureuses, une
troisième rentre carrément dans une maison. L’homme les appelle en sifflant,
nous les voyons bien, car une ampoule électrique de la rue reste allumée en
raison du ramadan, l’obscurité n’est donc pas complète. Les autres bêtes
n’approchent pas, craintives et certainement empêchées par leur chef. L’homme
propose aux visiteurs de nourrir à leur tour les animaux soit en tenant le
bâton à la bouche. Les plus courageux essayent, impressionnés de voir si près
les dents du carnassier. Les hyènes pénètrent la nuit dans les ruelles de la
ville et font le nettoyage. Dans certaines ruelles étroites si l’on croise une
de ces bêtes, elle ne recule pas mais effrayée elle fonce et force le passage.
BRRR ! Lorsque nous retrouvons la vieille ville, les rues débordent de vendeurs
des gâteaux : samossas, zlabias, de personnes qui mangent, ou vont dans
une des 99 mosquées prier.
Nous déposons notre guide et finissons la soirée au restaurant
sur des tables basses avec pizzas, soupe ou pâtes.
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