samedi 25 janvier 2014

Trois poèmes en patois grenoblois du XVI° siècle. Laurent de Briançon.


Je ne m’attendais pas à trouver autant d’échos à l’actualité dans cette brochure éditée par le centre alpin et rhodanien d’ethnologie dont la moitié des pages est en franco-provençal, le patois que je ne sais prononcer, mais qui m’a valu le prêt de cet ouvrage pour avoir évoqué lors de lecture en maison de retraite, quelques expressions locales tirées de l’Almanach du vieux dauphinois.  
Ces poèmes bien troussés sont traduits par Gaston Thuaillon.
Ils célèbrent la liberté des femmes, tout en ne manquant pas d’être paillards :
« …  dans la nature, il serait plus facile
De retenir le vent de tempête ou l’eau dans une grille
Que de pouvoir retenir les gens
De goûter un si bon et si grand plaisir
D’elle-même la nature exige toujours accouplement
Et ne peut supporter qu’une ouverture
Reste vide et privée de bouchon. »
Briançon, consul de Grenoble, auteur de ces alexandrins n’a rien à voir avec le chef lieu des Hautes Alpes, il n’a pas sa langue dans la poche même quand il va à Blois pour de états généraux et qu’il dresse un vert portrait de la cour :
« Monsieur » est, pendant ce temps, renversé sur un siège
Plus fier que n’est un porc dans un champ de raves, »
Avec verve, il dénonce les rigueurs calvinistes dans Lo Batifel de la Gisen « le bavardage chez l’accouchée », et dans Lo Banquet de le Faye « le banquet des fées » il met en scène au col de Vence, bien avant « La Vence scène », cent petites fées-ministes dont la Fleurie arrivée en retard  
« était si aguichante, si vive
Qu’un roi se flatterait d’avoir fait une très bonne affaire,
S’il pouvait  l’avoir tout à son aise, un soir, dans ses bras. »
Elles imaginent mille tourments pour un mari violent :
« aux poils hérissés comme les poils du cul d’un verrat en colère »
Avec ce qu’il convient de notes pour situer et préciser ces mots qui ont traversé le temps, nous passons un bon moment.
« Adonque et fut iour, & lo polet chantit.
Alors ce fut le jour et le coq chanta. »

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