Quand j’ai emprunté à la bibliothèque ce livre de
photographies des années 80, le sujet était traité dans la série des
voyages : cette entrée poétique au pays des rides me convenait.
Le nom de la photographe me disait vaguement quelque chose,
il y a aussi un Robert Franck américain.
Elle était née en Belgique, amie de Mnouchkine, elle fut la
deuxième femme de Cartier-Bresson, elle vient de mourir.
Elle a travaillé pour Les petits frères de pauvres et le choix
du thème recoupe d’autres reportages consacrés aux exclus en tous genres.
Robert Doisneau qui écrit avec la même délicatesse que
lorsqu’il photographie évoque le regard amical de celle qui appartenait à
l’agence Magnum.
Les années ont passé depuis ces portraits où une poupée sur
un lit crie à travers le temps, où le travail qui avait plié les corps préservait la dignité du berger de Haute
Provence ou du cantonnier chinois.
Une photographie résume toute une vie : une
dermatologue à côté de sa lampe dont l’abat jour est constellé de papillons, reçoit
encore des clients à plus de quatre-vingts ans, elle disparait devant un immense tableau la
représentant dans tout l’éclat de sa jeunesse.
Ces vieillards qui comme dit Shakespeare « ont une abondante pénurie d’esprit en
même temps que les jambes faibles » alimentent des textes appétissants.
« Quelle est la
pire sottise ?
Celle des jeunes qui
croient qu’avant eux le monde n’existait pas, ou celle des vieillards qui
croient qu’il cessera avec eux ? »
Friedrich Hebbel.
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