Parmi les phrases qui en disent long, le véloce écrivain
débite quelques tranches évidentes :
le « Tout d’abord
bonjour » agressif de l’employé
de la FNAC,
« Comment il l’a
cassé ! » bien dans l’air du temps,
« C’est vraiment par gourmandise », « Quand on est
dedans elle est bonne » …
Delerm remet du sens à des expressions banales, par exemple la proposition
« sinon moi je
peux vous emmener » n’est guère empressée.
D’autres plus particulières méritent aussi quelques commentaires rondement menés :
« Attention
l’assiette est chaude » qui amène les clients à prêter attention à ce
qu’ils mangent.
J’ai adoré : « Et
là, c’en était pas une ? » qui parlera à tout conducteur à la recherche
d’une place, aidé par des passagers de bonne volonté.
« Qu'il est joli, cet imparfait ! Comment peut-on
charger un temps verbal de connotations si contradictoires ? Une forme de
pleutrerie d'abord. On ne saurait imposer frontalement au maître du volant, au
pilote des destinées, l'idée qu'il a tout simplement ignoré une opportunité
unique.
Un effort de participation aussi. Bien sûr on va se laisser
chouchouter, emmener, mais il serait quand même décent de manifester un peu
d'initiative. Une prudence cauteleuse aussi. Si la place entr'aperçue se
révélait trop petite, si les efforts scabreux pour la rallier en marche arrière
s'avéraient inutiles, il est raisonnable de la considérer comme une possibilité
déjà condamnée. C'est le cas, de toute façon, puisqu'un coup d'oeil sur le rétroviseur
latéral vous a déjà indiqué que vous étiez suivis. »
Ironique, tendre, Delerm nous
repose, nous rassure.
Aucun commentaire:
Enregistrer un commentaire