samedi 10 novembre 2012

Les lisières. Olivier Adam.



La quatrième de couverture « Roman qui embrasse dans un même souffle le destin d’un homme et le portrait d’une certaine France, à la périphérie d’elle-même ». J’achète.
Le « roman de la rentrée » a proclamé la critique. Je vais nager dans le « main stream ».
Et ses oiseaux « qui gueulaient comme s’ils craignaient que la nuit les emporte » m’avaient attrapé au début, mais arrivé au bout des 450 pages, je suis ressorti déçu.
L’écrivain de gauche au dessus de ses contemporains n’est qu’un fantôme. 
Ne suis-je pas sorti  encore des épreuves de la fracture sociale, culturelle ? 
Je l’ai trouvé surplombant, sans estime pour ses personnages. La divulgation d’un secret de famille fait flop.
Personne n’est sympathique dans ce pavé sans surprise, surtout pas le narrateur qui dresse un portrait  conventionnel de la banlieue et de ses habitants. Il ne trouve pas sa place à Paris non plus, ni en Finistère où le seul remède à son spleen est de se plonger dans l’eau froide.
Ses parents froids  et taiseux sont responsables de sa maladie, mais lui qui vient de se faire jeter par sa femme est bien insuffisant avec ses propres enfants qu’il étouffe d’étreintes et oublie évidemment de leur faire faire leurs devoirs.
Il ne cesse de geindre et de le regretter et de se vautrer dans l’échec.
« … petits fonctionnaires de l'écriture comme j’en étais un moi-même n'est-ce pas, me levant le matin pour me mettre sagement à mon bureau, vivant la même vie que les autres avec la maison le garage, les courses, des enfants, les factures, tous ces petits fonctionnaires le cul sur leur chaise dans leurs maisons, leurs appartements qui se prenaient pour Hemingway ou London mais ne sortaient jamais de chez eux que pour boire des cocktails entre gens de la même espèce. . .
Je l'ai laissé dérouler son fil. Je n'avais rien à lui opposer.
Il martelait que mes livres lui avaient fait du mal, beaucoup de mal. Non pas parce que j'en étais l'auteur mais du fait de leur contenu. Mes livres et ceux de mes confrères n’aidaient nullement les gens, au contraire, ils enfonçaient les plus fragiles, les plus inaptes, ils les confortaient dans leurs humeurs les plus noires, leur maintenaient la tête sous l'eau, dans l'étang poisseux de la dépression, la vase verdâtre de la mélancolie. lls glorifiaient la tristesse et les éclopés, la défaite la désillusion, la fuite et la désertion, comme s'il était plus noble d'être de ce côté-là que de celui de la vie et de la lumière. »
C’est cela, oui.
Et dire que pendant ce temps je ne suis  toujours pas venu à  bout de « L’homme sans qualité » de Musil.

1 commentaire:

  1. Tiens...
    Il y a quinze jours j'ai commencé "Pot Bouille".
    Le "grand" Zola...
    Au bout d'une vingtaine de pages, je laisse tomber le pavé, qui, selon mon mari, est un des plus.. optimistes ? (les moins glauques...) de Zola.
    Parce que Zola n'a aucune sympathie pour ses personnages.
    Parce qu'il dissèque leurs âmes livresques sans la moindre... pitié ou compassion. Du bon boulot de médecin légiste.
    Que la SOI DISANT lucidité est glauque, Guy.
    Une France entière qui se vautre dans les bienfaits de la lucidité sans se rendre compte que, on a les illusions qu'on peut, et que la lucidité est la plus grande... ILLUSION bourgeoise.
    D'ici peu, je vais me replonger dans Thomas Hardy, qui lui, ne méprise jamais ses personnages (ni ses lecteurs) en se mettant bien au dessus.
    Non, le grand Thomas, d'un tragique qui vole bien au dessus du glauque... petit bourgeois, Guy ? ne méprise jamais ses personnages qui ne sont jamais en carton pâte de grand magasin non plus.
    Ça fait belle lurette que j'ai déserté la "littérature" française, Guy.
    A moins que... je n'ai jamais vraiment réussi à y entrer...

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