jeudi 11 octobre 2012

L’art et le sacré en Italie au XVII° siècle dans les collections du musée de Grenoble.



« Le sacré désigne ce qui est inaccessible, indisponible et mis hors du monde normal. »
Evènement considérable de l’histoire religieuse artistique et politique de l’Europe, le Concile de Trente, se termine en 1563.  Il contredit la réforme, installe la contre réforme, édicte des  règles du bien peindre. Il a duré 18 ans, au centre d’un territoire divisé entre le Saint Empire romain germanique et de multiples royaumes, quand des espagnols vivaient à Naples.
La bible à destination des fidèles qui n’ont pas accès au Livre est illustrée au dessus des autels : culte des saints,  exaltation des martyrs, référence au pape et au premier d’entre eux, Saint Pierre.
Le clergé catholique réaffirme sept sacrements : baptême, eucharistie, confirmation, réconciliation, mariage, ordre et onction des malades.
C’est alors que La Cène de Véronèse avec ses hallebardiers et un chien devra s’intituler « Repas chez Lévi » et les corps nus de la Chapelle Sixtine devront se couvrir.
Poussin, que l’on connaît plus lisse, expose les boyaux de Saint Erasme comme nous le montre Valérie Lagier dans sa conférence aux amis du musée.
Le XVII° en Italie, via Grenoble, en ses collections aussi riches dans la peinture classique que dans le contemporain, recueille les derniers feux du maniérisme :
Vasari copie Michel Ange et cite De Vinci dans sa Sainte famille.
L’académie degli incamminati (des acheminés) fondée par les frères Carrache à Bologne concilie l’étude des maîtres du passé, de l’antique, avec celle de la nature et des modèles vivants.
Claude Lorrain s’en inspire et  son dessin rend  l’impression d’une nature maîtrisée comme  les paysages intellectuels d’un parfait équilibre d’Elsheimer.
Peints sur cuivre, Adam et Eve réprimés par Dieu de Zampierri dit Le Dominiquin ont gardé tout l’éclat de leurs couleurs et leur expressivité :
« Ce n’est pas de ma faute, ni à moi… c’est le serpent ». Le lion côtoyait  alors l’agneau.
Ce chef d’œuvre tellement bavard a appartenu à Louis XIV.
Bruegel de velours s’applique dans les détails au moment où ses animaux rejoignent l’arche. Le figuier de la tradition juive est présent et non pas le pommier ensorceleur.
Saint François d’Assise coupant les cheveux de Claire patronne des  Clarisses est peint par Fra Simplice de Vérone.
En reconnaissant les personnages représentés, les spécialistes peuvent deviner les commanditaires des toiles.
Si  l’incontournable Merizzi dit Le Caravage n’est pas au musée de la place Lavalette, les caravagistes y sont, bien que le génial individualiste n’ait pas professé.
Sa notoriété fut importante dès le début  de sa carrière par sa façon d’incarner le sacré parce que le spectateur se sent à proximité des saints grandeur nature.
Strozzi devenu capucin  peint les compagnons d’Emmaüs rencontrant un christ de profil.
Jacob, pris par son songe d’échelle d’où dégringolent des anges de Gioacchino Assereto, occupe tout l’espace.
José de Ribera (l’Espagnolet)  a peint beaucoup de martyrs mais en ce qui concerne Saint Barthélémy qui allait se faire écorcher, avant de devenir le patron des tanneurs, il est tout en retenue, juste avant le supplice.
Sainte Cécile de Guarino est paisible  dans la mort comme  le Christ de Cavallino.
Les copies des œuvres ne dévalorisaient pas l’original, au contraire : c’était un indice de succès.
Le Martyre de Saint Pierre par Mattia Preti est encore sous la lumière du Caravage dont l’influence déclinera à partir de 1650.
En France beaucoup d’œuvres dans les musées proviennent des églises, en Italie les tableaux sont dans les églises.

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