Cet automne, parmi les spectateurs d’un débat au forum de Libération qui semblait destiné principalement aux régionaux de l’étape, j’entendais des amoureux des grands espaces regretter que leurs ados s’adonnent plus à leur ordinateur qu’au ski et faire part des difficultés croissantes pour amener des classes à la neige sur les pentes.
Ils ont entendu le reflet de leurs préoccupations chez les intervenants, Fredi Meignan , gardien de refuge, Président de Mountain Wilderness, et une élue d’Europe écologie Claude Coignet qui tient un blog intitulé « l’ingénue des alpages » plus que chez un représentant de Quechua qui reprend les mots à la mode pour agrémenter quelque dépliant publicitaire consacré à une nouvelle paire de brodequins.
L’éventail était ouvert, représentatif des contradictions entre une époque où le béton a crû sans frein sur la roche et la nôtre plus critique d’un développement à coup de canons, à neige. La conscience du réchauffement de la planète est passée par là et la mono manie autour du ski commence à être remise en question.
Ce type de loisir ne concerne qu’une frange restreinte de la population et les ambitions anciennes d’initier un maximum d’enfants à la découverte du milieu montagnard se heurtent à des restrictions toujours plus nombreuses. Les emplois du tourisme représentent 4% de l’emploi total de la région Rhône Alpes, hors intermittents.
Les interventions développaient les termes de « L’appel de nos montagnes » qui a reçu plus de 5000 signatures :
"Qu’on y vive, qu’on en vive, qu’on s’y ressource, la montagne nous offre l’expérience de la beauté des paysages, de la nature et du partage.
Cette expérience n’est possible que grâce à un équilibre entre l’homme et la montagne.
Conscients de la fragilité de cet équilibre nous nous sentons le devoir de lancer un appel pour nos montagnes."
Il y a bien sûr le pinailleur de service pour trouver abusif l’adjectif possessif dans l’intitulé mais c’est bien de réappropriation citoyenne dont il s’agit.
Nos horizons vont bien sûr au-delà des crêtes et l’arc alpin est la plus intangible des institutions européennes.
Des modalités pour rectifier les abus du passé se sont mises en place avec des intercommunalités qui associent la vallée et les stations et pourront gagner en cohérence.
Mais les pistes pour aller vers de nouvelles gouvernances sont escarpées, la diversification touristique peut amener à des aberrations avec des centres aqualudiques qui se multiplient pour installer encore des lits (leur nombre dans la Tarentaise est supérieur au nombre de lits touristiques du Maroc et de la Tunisie) :
« Imaginez-vous nageant dans une eau à température idéale face à de grandes baies vitrées avec vue imprenable sur les sommets »
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Dans le Canard de cette semaine:
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