Après un petit déjeuner sucré ou salé selon les goûts, nous nous élançons dans le métro noir de monde. Au moment de monter dans la 2ème rame qui doit nous conduire à Petrogradskaya et pressés contre les portes automatiques, Mitch vient de se faire dérober son appareil photo dans son sac à dos.
Les stations de métro sont espacées, sans doute en partie parce que nous passons sous la Neva. Nous sortons dans le flux humain à Kamennoostrovski Prospekt et cherchons le musée Kirov au n° 26-28. Il n’ouvre ses portes au public qu’à partir de 11h, nous traînons alors dans ce quartier « Modern style » en direction du musée de l’histoire politique. Nous demandons souvent le chemin de ce musée visiblement peu connu. Il doit se cacher par derrière la mosquée ; le bâtiment religieux est caractérisé par une coupole en ogive plutôt qu’en arrondi et avec ses minarets, l’ensemble manque d’élégance. On n’ose imaginer par ces températures, les ablutions et l’abandon des chaussures à l’entrée …
Nous poussons la porte d’entrée d’un superbe hôtel particulier style art nouveau d’une danseuse rendue célèbre par sa liaison avec Nicolas II. Là, nous faisons face à des vitraux à dominance rouge disposés dans une rotonde représentant Lénine, conquérant. Mais nous n’avons pas l’intention de visiter le musée, comme la classe de collégiens chaussés des babouches protectrices qui envahit le hall. Nous passons juste un petit moment à fouiner dans les cartes postales politiques sous l’œil bienveillant de la caissière.
Il est l’heure de retourner au musée appartement de Kirov, heureusement signalé par une plaque en bas de l’immeuble. Très populaire, l’ancien secrétaire du parti à Léningrad ne tardera pas à représenter une menace pour le « Petit père des peuples ». Son assassinat en 1934 marque le début des grandes purges.
Deux vieilles dames attendent et reçoivent le visiteur, mais elles ne décrochent pas un mot d’anglais ou de français. Elles appellent une 3ème femme plus jeune, qui utilise plus de russe que d’anglais dans ses phrases. Elle nous fournit des explications écrites traduites dans un français très approximatif et s’accroche à un document en anglais qu’elle essaie de lire. La visite à la badine (au vrai sens du terme) commence ; cette dame ne comprend pas que nous pouvons nous débrouiller seuls ; elle guide, montrant les objets de sa baguette, nous imposant de nous placer là, de regarder ici, de nous aligner ainsi… bien sûr que nous vient à l’esprit : « une vraie stalinienne ! »
Nous découvrons au 4ème étage le « mémorial » : une pièce qui expose les cadeaux de « rapport » offert à Kirov par les usines ou les entreprises russes ; comme les deux peaux d’ours l’un blanc, l’autre brun qui proviennent de marins en remerciement d’un sauvetage, les faisans empaillés qui dénotent son goût pour la chasse, les différents objets, des téléphones en grand nombre qui témoignent de sa vie et de sa fonction. La 2ème pièce en enfilade, est une bibliothèque en bois, la 3ème, toujours en enfilade, la salle à manger décorée d’animaux empaillés. La 4ème pièce ne se visite pas, elle correspond à la chambre à coucher actuellement en rénovation. Nous revenons sur nos pas dans le hall et découvrons la salle de « récréation », c’est-à-dire le lieu de bricolage de Kirov avec une vitrine de chasse (vêtements et gibecières, des munitions et de quoi les fabriquer), des outils de charpentier, des patins à glace….
A signaler dans les curiosités, un frigo américain « General electric » et un portait réalisé uniquement à base de plumes collées. La visite se poursuit, nous traversons les salles d’exposition, passons par un bureau où l’ours est décliné en porte buvard et autres matériels du même genre, et où nous pouvons admirer une collection de téléphones comme dans la salle du « mémorial ». Nous n’échapperons pas aux reliques sous vitrine, et la casquette et la vareuse portés le jour de son assassinat ont été soigneusement recousues et lavées.
Nous remontons à l’étage, jeter un œil sur l’exposition sur les enfants. Elle ne manque pas de charme présentant des jouets désuets et modestes, des habits anciens et, surprenant, des explications en français sur les scouts et l’usage du bâton. Notre adjudant-guide se détend, elle nous mime des signes scouts, le salut des jeunesses communistes lors des défilés. Son « je ne suis pas communiste » nous étonne, lancé comme pour se défendre.
Nous nous offrons un chocolat et un gâteau en guise de repas car il est une heure et demie.
Dehors, la neige, que les employés combattent à longueur de temps sur la rue et sur les toits, revient immanquablement comme chaque jour, d’abord timidement puis plus sûrement.
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