dimanche 11 décembre 2011

Les invisibles. Nasser Djemaï.

Ce n’est pas tous les soirs que les plateaux de théâtre de la MC2 portent à la lumière ceux qui n’habitent pas loin de là : les chibanis (« les cheveux blancs ») aussi silencieux que leurs petits enfants sont bruyants. Ceux qui apparaissent souvent comme des fantômes sont traités avec justesse dans leurs opinions différentes par l’auteur originaire de Saint Martin le Vinoux.
Depuis le banc où ils sont assis, ils portent un regard vif sur leur condition et la société. Ils sont moins anachroniques que les paysans ardéchois dessouchés auxquels Depardon avait donné la parole à une époque.
 Mais ce n’est pas parce que tant d’autres prolétaires n’apparaissent pas sur les écrans que notre regard doit être détourné par exemple des pauvres conditions de logement de ceux qui étaient essentiellement des travailleurs du bâtiment.
Quand l’un des vieux envisage sa sépulture sur la terre de sa naissance pour retrouver le silence et les arbres secs, qu’il avait voulu quitter, j’ai mieux compris cette dernière volonté dont je ne saisissais pas toute la profondeur.
En fond de scène des images de femmes apparaissent parfois, fantômes chez les fantômes.
J’ai trouvé moins convaincant le personnage du fils, agent immobilier qui va trop vite devenir honnête, il ne fait que passer et n’infléchira pas le destin de ces hommes seuls, cassés, remarquablement interprétés.
« J’écris pour les gens dont la table est vide, mais ce sont des gens dont la table est pleine qui me lisent. » J.M. Le Clézio
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La photographie qui illustre ce billet est de Valérie Gaillard qui expose à la bibliothèque de Grand Place et devant le petit théâtre de la MC2 sous l’intitulé « La résidence ».

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