L’ambigüité du titre de cette pièce de théâtre peut laisser croire au récit d’une glorieuse dramaturgie : il n'est question que de l’attente d’un patient d’un hôpital psychiatrique et de son infirmier, au guichet d’une Caisse des pensions et des retraites, pour une validation médicale.
« Regardez docteur / je suis en vie je suis en vie / j’ai le certificat / j’ai le certificat / existence en vie / c’est écrit là / que l’Jean c’en l’est l’témoin / et il a signé pour moi / que lui me garantit / que je suis en vie / hein l’Jean que je suis en vie ? Hein ? »
Le sous titre de la pièce montée par Jean Yves Ruf est plus explicite : « mystère pour deux voix ». C’est bien de langue dont il s’agit : quand la poésie va du rêve énigmatique à la révélation de l’absurdité du monde. Les hommes souffrent et rejouent la montée au Golgotha. Des jeux dérisoires autour de l’interdiction de fumer et l’usage compulsif de la cigarette ont pu faire naître quelques rires dans la salle de la MC2 que je n’ai pas compris, tant la douleur, la solitude ne peuvent se dire mieux que dans ces répétitions, ces fuites, ces cascades. Un son ténu, lancinant, mécanique vient soutenir la tension née d’un texte subtil d’Antonio Tarentino bien servi par deux acteurs très crédibles. Nous entrons en empathie avec ces dérèglements, qui ne sont pas éloigné de nos murailles.
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