Parmi tant de vaines réflexions, je mesure tout le ridicule
consistant à énoncer que le rôle des politiques est d’anticiper, au moment où les
longues vues sont brisées. Le pire de l’empire du court terme empire. Clic
claque. Cette fois il ne faudra pas compter sur les GI pour nous
préserver de la venue de Jordan Pétain.
Le dynamiteur US, ivre de son pouvoir de nuisance, accélère
l’épuisement de la planète, explose la démocratie, chasse toute expertise. Peu
lui chaut le réchauffement de la planète bien que depuis plus d’un demi siècle
la finitude des ressources fossiles est parfaitement documentée.
Alors juste pour ajouter à ma liste chérie des paradoxes, je
retiens l’analyse qui annonce le renforcement de la Chine plutôt en phase avec
la dynamique d’un monde condamné à la transition énergétique : «
Make China Great Again ».
L’affichage d’une Amérique plus puissante ne masque pas sa
décrépitude :
hostilité mondiale, affaissement intérieur.
Trump, à qui ne
peuvent s’appliquer que des formules élémentaires
- « fort avec les
faibles, faible avec les forts » - renforce Poutine.
Dans le même numéro du « Monde » :
« La Chine
présente un robot coupeur de câbles sous-marins ».
Oui bon allez : ça vous la coupe !
Pas plus que le boomer aux cheveux blancs et idées courtes,
ceux qui voient des méchants capitalistes derrière tous les malheurs du monde
n’apportent guère de réponses convaincantes. Si seul le capitalisme engendrait
la guerre, les partisans de la paix avec Trump seraient anticapitalistes !
Il semble difficile aux maxi Marxoux de faire valoir les alternatives vénézuéliennes,
coréennes du Nord ou Chinoises et même dans les succursales social-traitresses,
les miracles se font rares.
D’autres voix provenant du plus
profond des âges, remontant aux calendes grecques, sont inaudibles.
Et même
plus près de nous, Péguy appelé à participer au bavardage, ne nous sort pas de
l’impuissance. La lucidité de ses mots en rajoute sur notre fatigue.
« Le triomphe de
la démagogie est passager, mais les ruines sont éternelles »
Ce pessimisme, où il fait bon se vautrer, peut-il provoquer
le coup de talon qui fait remonter à la surface des eaux noires ?
Tout est
bouleversé ; j’avais jadis utilisé la formule: « cul par-dessus
bu » pour évoquer l’attitude de la gauche localement, valable globalement.
Dix ans après, et quelques virages, je modifierais bien de mes appréciations
d’alors.
Mais nous ne sommes pas sortis des tourbillons, quand les antisémites
se retrouvent à l’extrême gauche et le courage nulle part. Si écrire pour se
poser un instant pouvait être considéré comme un exercice d’hygiène mentale, ce serait pas mal.
Des théologiens estiment que Poutine et Trump ne sont pas
des serviteurs du christianisme,
Bernie Sanders a beau dire que Trump tourne le dos à 250 ans
d’histoire américaine,
le PDG de Total pense qu’
« il est peut être temps de reprendre l’exploration du Golfe
d’Amérique »…
En cherchant dans la boite à citations, Sénèque ne renonce
pas:
« C'est quand on
n'a plus d'espoir qu'il ne faut désespérer de rien. »
Mais Benjamin Franklin flashe :
« Tel qui vit
d’espoir meurt à jeun. »
Le
Bouddha aura-t-il le dernier mot ?
« On n’est pas
sage parce qu’on parle beaucoup. »
Coupez !