Le conférencier devant les amis du Musée de Grenoble
présente le plus célèbre des architectes américains qui se considérait lui même
comme un prophète, un génie, ayant inspiré le film « Le rebelle »
avec Gary Cooper.Né en 1867 dans le Wiscinsin,
qui n’appartenait pas encore à la « ceinture de la rouille » (Rust
Belt) - « Paysage du Wisconsin » John Steuart Curry - où
sa mère institutrice, adepte du transcendantalisme,
l’encourage à choisir la voie de l’architecture.Après la crise de 29, il envisage l’utopique « Broadacre City »
pour que chaque foyer habite une maison digne. Ses « Maisons usoniennes »
sont disséminées dans de grands espaces. Pas de domesticité; cave et garage
sont sacrifiés bien que l'automobile comme la sienne tapissée de fourrure avec laquelle il entretient une relation
passionnelle permette cet étalement urbain.
La construction organique a recours aux matériaux issus des
ressources locales. La cheminée structure un ensemble évolutif dans les « Maisons
de la prairie » où
l’horizontalité permet l’intégration à la nature environnante. Les pièces où
mobilier et l'éclairage électrique souvent intégrés s’opposent par leur
fluidité à la raideur victorienne encore de mise.Il a appris le métier chez Adler et Sullivan représentants
de l'école de Chicago dont il
se séparera pour construire la « Maison Winslow » dont la façade contraste avec le côté jardin.L’expansion de sa maison « Oak Park Studio »
a suivi l’agrandissement de sa famille avec 6 enfants qui pourront jouer à leur
aise. Pour les 14 associés la salle de dessin octogonale comporte deux étages.En 1893 l’exposition universelle se tient à Chicago où le
pavillon du Japon va l’influencer au point de devenir un grand collectionneur
d’estampes
« La fraîcheur du soir à Shijo-Kawara » Il construira l’« Hôtel impérial » à
Tokyo dans les années 20 entouré de bassins pour lutter contre les incendies.
Celui-ci résistera à un tremblement de terre terrible par une structure en
porte à faux comme un garçon de restaurant tiendrait un plateau au bout des doigts.« Le temple de l’unité » en béton pour la communauté
universaliste unitarienne face à l’église épiscopalienne d’Oak Park se divise
en deux parties cubiques bien éclairées, tournant le dos à la rue sillonnée par
les tramways.Des vues virtuelles permettent de mesurer l’importance du « Larkin
Administration Building » au mobilier remarquable un des premiers
à être climatisé, démoli en 1950.« La maison Robie » inscrite au patrimoine mondial de
l’UNESCO « interroge l’espace
au-delà de la construction, elle casse la boîte ». La salle à manger
marque le caractère sacré du repas familial.« La maison Hollyhock » (rose trémière) à Los Angeles
et ses sept salles de bains
est aussi peu conventionnelle que sa propriétaire.Les influences de l’art maya sont visibles aussi dans « La
maison Charles et Mabel Ennis » conservée malgré des fragilités, elle a
servi de décor au film Blade Runner.« Taliesin West » , du nom d’un poète gallois, au bord du désert de l’Arizona fait écho à la maison du Visconsin
incendiée à deux reprises où il avait installé sa nouvelle compagne Mamah
Borthwick assassinée à coup de hache.Il était alors à Chicago pour travailler aux jardins de « Midway »
lieu de café-concert où sont incorporés des « textile blocs »
qui apparaissent comme des murs tissés.
« Entré
dans une nuit profonde » il confiera le chantier à ses anciens
maîtres. En 1935, Frank Lloyd Wright, qui a déjà 67 ans, relance sa carrière
d'architecte avec la « Maison sur la cascade », maison secondaire devenue
légendaire.
Pour le « Siège de la société Johnson »,
celui des cires, il élève des coroles au dessus des employés : « Le cadre auquel nous avons abouti quand nous avons édifié le
bâtiment administratif de la Johnson Wax s'est traduit par un accroissement
notable de leur efficacité. Si vous leur permettez d'être fiers de ce qui les
entoure et heureux d'être où ils sont, si vous leur donnez de la dignité et de
la fierté dans leur cadre de travail, cela se révélera du meilleur effet pour
la production. Un cadre salubre dont les travailleurs puissent tirer orgueil
est rentable. »
Le mur rideau
de la tour de recherche est habillé de briques et de pyrex.Il prend sa revanche sur le MOMA qui l’avait exclu quand la
mode était à Le Corbusier avec « Le
musée Guggenheim » recyclant un plan de parking qui tranche
avec les rectitudes newyorkaises. Il ouvre en 1959, six mois avant la mort de Franck
Lloyd Wright, dix ans après la disparition de Solomon Guggenheim.