mardi 6 février 2018

Les aventures de Tintin reporter chez les soviets.

Si je n’avais pas traité du roi Tintin dans une rubrique BD désormais hebdomadaire sur ce blog, c’est que j’avais laissé à une enfance lointaine, les rêves d’une vision enchantée du monde et la toute puissance du héros qui va avec. Le politiquement correct me l’avait fait mépriser en mes années ferventes et c’est au hasard d’un cadeau de luxe que, 88 ans après sa parution, j’ai pris connaissance de cet album sulfureux qui connut d’emblée le succès.
Les planches ont seulement été colorisées cette année, l’édition  originale en noir et blanc ayant fait l’objet d’importantes spéculations financières.
Une introduction utile nous renseigne sur le modèle du reporter à la houppe qui inspira le jeune Hergé en sa 21° année et les ouvrages qui influencèrent scénario et dessins dont la ligne claire continue à nous enchanter.
Les maladresses des traits sont émouvantes, tant les évolutions seront manifestes dans les publications qui vont suivre atteignant 240 millions d’exemplaires vendus dans le monde.
La caricature politique est tellement outrancière qu’elle touche à la poésie, l’anti-communisme à ce degré de bêtise est susceptible de convertir au stalinisme tous les Wauquiez en culottes courtes, voire bien des « culottes de peau » (ainsi disait mon grand-père des militaires de jadis).
Les dialogues sont désuets et les réflexions personnelles parfois inutiles :
«  Cette humidité m’a gratifié d’un coryza… je sens … Aah… que je vais éternuer… »
Les moyens pour échapper aux situations périlleuses en cascades sont des plus invraisemblables : dans la cellule où le jeune garçon est enfermé se trouve… un scaphandre qui sera bien utile pour fuir sous l’eau. Il taille, au canif, deux hélices pour l’avion qui vient de capoter, comme il avait conçu instantanément, malgré une maladresse soulignée par Milou, un véhicule à moteur.
Je conseillerai à mes petits enfants ces histoires patrimoniales, comme il convient de les nourrir avec Chaplin. Ils pourront comprendre comment rendre un récit dessiné efficace et affirmer leur goût pour le dessin, tout en se donnant du matériel pour exercer un esprit critique qui n’étoufferait pas le plaisir des choses simples.

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