Nous avons accompagné Pierrette Conte à sa dernière demeure, j'ai lu ce texte à l'église :
"Nous sommes si petits dans
cette maison immense où les évangiles annoncent :
« Au début était le verbe ».
Ces mots valent aussi pour
les poèmes, terrain de connivence entre elle et moi, tous deux étourdis peu
doués en calcul.
Pierrette.
Autour du cercueil, les mots,
les images, la musique, sont convoqués pour regarder en face notre destinée
commune et nous consoler lorsqu’on a
entendu dire que la mort célèbre la vie.
La poésie estompe les
contours et révèle des mystères,
Anna de Noailles dit la
beauté et la fragilité :
« Le bonheur, la douceur, la joie,
Tiennent entre les bras mêlés,
Pourtant les cœurs sont isolés
Et las comme un rameau qui ploie. »
J’ai beau savoir que les
sourires dans les vieux albums sont sélectionnés,j’étais sûr de votre
sincérité, belle maman, quand vous m’avez accueilli dans votre famille, et nous
avons bien ri.
La prof de musique a su faire
comprendre les exigences de la matière qui traverse le temps et permet d’aller
vers la légèreté et au delà.
Pour la catholique sincère,
la lumière dans les églises n’était pas seulement celle qui traverse les
vitraux, mais une source d’espérance et de charité ou en d’autres termes d’optimisme
et de générosité, comme en fut tissée une vie avec une jeunesse menacée par la
tuberculose qui mena à Grenoble depuis Dax avant d’élever trois filles.
Quand vint la fatigue, Dominique
et Michèle vous ont accompagnée, Geneviève n’était plus là
depuis un an et vous ne l’avez pas su.
Le silence n’aura pas le mot
de la fin quand il reste le souvenir d’un doux sourire, l’élégance, et encore les
rimes d’Anna de Noailles.
« … regarde fuir, sans regret ni tourment
Les rives infidèles,
Ayant donné ton cœur et ton consentement
À la nuit éternelle. »"