Nous préférons gagner l’autre côté de
l’estuaire de la Seudre, et découvrir MARENNES, le pays des huitres. Nous
tombons sur une jolie petite place tranquille bien aménagée qui nous incite à
céder à l’envie d’une Grimbergen ou d’un
Perrier à l’ombre des halles, confortablement installés sur des chaises et
tables basses. Il circule un léger petit air appréciable et une ambiance
d’après-midi d’été quand les foules agglutinées sur les plages désertent les
centres villes /villages assoupis. Après avoir commenté le clocher gothique et
asymétrique de l’église, Guy s’abandonne à un petit roupillon tandis que je
m’approche de l’édifice religieux
puis de la sous-préfecture trônant
sur une place mitoyenne bordée d’arbres. Ces
deux lieux portent une plaque à la mémoire de François
Fresneau de La Gataudière. Né en 1703
à Marennes où il fut baptisé et mort le en 1770 dans la même
ville, cette figure locale se distingua en tant que mathématicien et ingénieur
du Roi, astronome, botaniste, et découvrit l’arbre à caoutchouc lors de ses
voyages et recherches en Guyane.
Je rejoins mon endormi, placé sous
l’œil attentif et attendri de la serveuse du bar, maintenant requinqué pour
poursuivre nos déambulations en voiture. Nous traversons à nouveau l’estuaire
de la Seudre et roulons jusqu’à PORT LA GREVE à La Tremblade. Il est réputé pour son
activité ostréicole. D’un côté d’une rue longue et droite se succèdent des
restaurants de dégustation, il y a même un distributeur d’huitres comme il en
existe pour le pain ou les pizzas. De l’autre, un canal dessert les baraques
colorées destinées au rangement du matériel des exploitants, elles sont
équipées d’un ponton et d’une échelle en
bois où amarrer un petit bateau. En flânant nous remontons jusqu’au bout
de la route stoppée par l’estuaire. De là nous assistons au débarquement des
poches remplies de mollusques que les travailleurs transfèrent d’un bateau à fond plat à des
pick up à la force des bras. Un service de bateaux pour l’île d’Aix et pour Fort Boyard part du même endroit,
repérable par une guérite de la compagnie
fermée à cette heure avec les horaires et les tarifs des traversées
affichés. Tout le paysage baigne dans les belles lumières de fin d’après- midi,
rendant esthétiques les ferrailles rouillées, les bois abimés les cordages, les
barques percées, les bidons en plastique, le matériel parqué.
D’un coup de voiture et avant de
rejoindre Saujon, sur les conseils de ma
cousine Béa, nous faisons halte à MORNAC SUR SEUDRE. Nous nous garons
dans la petite gare désaffectée, puisque nous stationnons directement sur le
quai. En nous avançant vers le centre du village, des masques africains
ensoleillés derrière les carreaux sales d’une maison piquent notre curiosité, sans doute un peu trop
démonstrative car l’occupant des lieux
ouvre la fenêtre nous interroge,
et nous engageons la conversation. Il nous expose son parcours original, la
présence des masques chez lui, nous parlons Afrique. Quand il nous demande d’où
nous venons, il nous questionne sur la délinquance qui colle à l’image de
notre ville… Une réputation, un regard
sur Grenoble certes peu attractifs … Nous le saluons et continuons vers
l’église romane au clocher bas et trapu.
A l’intérieur de saint Pierre, des murs
épais soutiennent une charpente en bois, quelques traces de fresques se détachent
sur le fond blanc du cul de four de
l’abside et les bénitiers ont la forme
d’énormes coquilles d’huitres. Tout autour de l’édifice, les maisons
anciennes abritent des boutiques d’artisanat, mais aussi des habitations, constituant un ensemble plutôt léché et dédié
au tourisme. En effet, des bateaux débarquent leur lot de visiteurs
pratiquement dans le village, alliant
promenade sur la Seudre et village typique à découvrir sous les belles lumières
de la fin de journée.
Nous ne nous attardons pas et partons
nous installer à la terrasse du « Riberou » quai Dufaure à Saujon,
sûrs de ne pas être déçus du repas. Ce soir, le chef propose, après notre
spritz, des moules façon mouclade au curry et des frites, arrosées d’un verre de blanc et suivies d’une
glace. Nous ne sommes pas pressés de rentrer après le repas, alors nous
baguenaudons sur le quai, où une boite en forme de petit carrelet héberge des
livres à échanger. Nous étendons notre balade digestive, passons le pont à
écluse pour arriver sur l’autre rive à la guinguette « chez Binch » (face
au Riberou), joliment éclairée par des guirlandes d’ampoules multicolores
rondes. Une clientèle assez nombreuse se
détend sur l’herbe au bord de la Seudre, se restaure au bar, boit, joue aux
palets nantais dans une ambiance conviviale et familiale. Les hauts parleurs
diffusent des chansons des années 60, Brel, Piaf, Sardou, des airs anciens mais
connus par toutes les générations, les gens rient, chantent, c’est bon enfant.
Pour notre information, nous lisons des panneaux pédagogiques, révélant le nom
des villes du secteur, et apprenons aussi que la Seudre serait le plus petit
fleuve de France.