Une fois le
rangement effectué, les poubelles descendues au garage dans lequel j’ai failli
rester prisonnière et les clés restituées, nous continuons notre périple dans
le bas Rhin,
La façade
romane de l’église alterne grès rose et grès jaune ; elle est percée de 3
portes protégées derrière 3 arcades et des fenêtres étroites peu nombreuses.
Massive et défensive, elle a droit à des
décorations végétales finement gravées autour des ouvertures et sur des
chapiteaux cubiques, de style carolingien. Des animaux en bas- relief
apparaissent de-ci de-là mais sans
vraiment casser l’impression d’austérité du haut mur lisse. A l’avant et de
chaque côté de l’édifice, à ras du sol, l’eau s’écoule de deux fontaines
carrées le long de rigoles légèrement en
pente.
Nous passons le seuil
accueillis par la musique. Quelle chance
pour nous ! Un organiste joue sur un instrument réputé pour sa sonorité exceptionnelle et réalisé
par le célèbre facteur Silbermann. Le musicien s’entraine sans doute pour un
mariage car des demoiselles attachent des nœuds de tulle blancs et bordeaux en
bordure des bancs. Nous déambulons,
remarquons des chapiteaux comme ceux de l’extérieur, nous observons les
jolies stalles en bois dans le chœur, sous l’œil de Dieu, et 4 sièges plus
chargés surmontés de palmiers. Les vitraux blancs filtrent à peine la
lumière et autorisent une clarté douce
et naturelle à l’intérieur.Outre son orgue, l’église
renferme une autre richesse, d’ordre archéologique celle-ci. Il s’agit de la
crypte devenue musée lapidaire. Vestige de l’ancien lieu de culte en ruine dont
elle conserve les fondations, elle protège et expose des sarcophages, des
tombes, un chapelet, des restes datés de l’an 800 pour les plus vieux.De retour en surface, nous
explorons Marmoutier assez désert. Notre petit tour nous amène devant le musée
de la tradition et du judaïsme alsaciens, ouvert uniquement le mercredi
vendredi et dimanche, pas de visite donc aujourd’hui, samedi…Nous préférons rouler jusqu’à SAVERNE
pour la pause repas, et nous rapprocher de notre prochaine étape. Après
la traversée de la grand rue, notre choix
de restaurant se porte vite sur la maison « Katz ». Très belle
maison à colombages de style renaissance allemande, le Routard la signale
surtout pour son histoire son architecture et ses éléments ornementaux.
«Appartenant à un receveur de l’évéché Henti Katz en 1605 elle
devint par la suite boucherie tonnellerie
avant d’abriter un restaurant dans la grande tradition alsacienne. »
Le décor et
les meubles à intérieur cultivent effectivement
à fond l’esprit de la région.
Les menus n’affichent que des plats
traditionnels. Ce sera pour nous Baeckeoffe et leweknepfles (quenelles de
poulet), puis Strudel et meringue glacée avec chantilly, un petit café s’impose
là-dessus ! Nous ne
trainons pas à Saverne malgré un ou deux sites proposés à la visite, la maison
Katz étant le plus recommandée. Nous voulons
consacrer toute notre après-midi
au musée Lalique à WINGEN SUR MODER. Nous
y accédons par des petites routes entre collines et forêts, entre Alsace et
Moselle. Deux grands parkings sont prévus pour les visiteurs, nous profitons du 2ème pour nous
tous seuls.
Le musée
moderne s’intègre bien dans la nature, entouré et surmonté de jardins
entretenus. Lorsque nous les parcourons,
plusieurs panonceaux disséminés nous montrent le lien existant entre les
plantes et les motifs végétaux des créations Lalique en exposant devant les essences concernées, une photo
d’une œuvre qui les magnifie de façon
stylisée. Comment mieux démontrer les sources d’inspiration de l’art
nouveau ? La muséographie
choisie à l’intérieur privilégie le sombre, notamment le noir sur les murs et au sol, couleur chic pour mettre en valeur les productions. Des
éclairages bien orientés
jouent, se reflètent sur le cristal et les verres transparents polis
brillants ou colorés des objets variés sous vitrine. Toutes ces pièces relèvent
de l’apparat, du beau et du faste : merveilleux flacons de parfum, bijoux,
bouchons de radiateur d’automobile, vases, lustres, vaisselles, présentoirs,
services de verres et carafes.
Disciple des
styles art nouveau, art déco ou styles
plus récents, Lalique s’est adapté au monde et aux courants en évolution. La
finesse, l’élégance et les inventions, les prouesses techniques le savoir-
faire pour obtenir certaines formes
justifient le succès de cette entreprise de luxe française. La manufacture de
Wingen sur Moder date de 1921 elle légitime
la présence du musée dans ce village autrement banal. Sur un mur divisé en
plusieurs écrans un film projeté dévoile les différentes étapes de fabrication
ponctuées de commentaires d’ouvriers artisans.
Nous sortons
du musée avec devant nous plus de temps que prévu. Alors nous nous déroutons
vers le château moyenâgeux de LICHTENBERG distant de seulement 6 km. Il se dresse, haut
perché au-dessus du village. La montée se fait à pied, par un accès
aménagé et parsemé de plaques
explicatives concernant l’histoire de la
forteresse ; elles décrivent les guerres subies sur plusieurs époques mais
aussi la vie des villageois. En majorité paysans ils durent exercer un 2ème
métier pour survivre et s’engagèrent dans les activités foraines. Il est trop
tard pour pénétrer dans le château et découvrir les transformations apportées à
la Renaissance. Mais rien ne nous empêche de longer les murailles la contre escarpe et les douves ; nous
pouvons même apercevoir le donjon malgré des échafaudages servant aux
réfections. Nous
retournons à la voiture du pas tranquille du promeneur. La dernière étape de la
journée est SOULTZ SOUS FORET, où
nous devons prendre nos quartiers dans un quartier assez récent près du stade. Nous
bénéficions d’une chambre disposant d’un lit d’une taille encore jamais vue de 2 m de large !Nous nous
promenons dans ce gros bourg équipé de sept médecins généralistes, trois
laboratoires d’analyses, une maison de retraite pour la santé, d’une église un
temple et une jolie synagogue pour le culte, du petit château Geiger pour le
patrimoine, mais pas de bar, du moins ouvert ! Nous nous rapprochons d’une enceinte en plein air en train de se
remplir de spectateurs venus assister à une représentation de « la
traversée du temps », illustrant la guerre de 1870, les batailles de
Geisberg et de Froeschwiller. La séance
débute à 21h30 à la tombée de la nuit, et au vu de notre fatigue, nous
finissons plus raisonnablement chez George (rare restaurant ouvert) avec une tarte
flambée traditionnelle (flammkueche) et une bière.