Les amis du musée de Grenoble avaient encore matière à
apprendre à propos de celui qui avait d’autres qualités à faire valoir qu’une
ascendance dauphinoise :
« une
figure essentielle pour comprendre l’évolution picturale qui va de l’académisme
à la fulgurance de la modernité ». Nu dans le bain. Pierre Bonnard né en 1864 à Fontenay- Aux- Roses est devenu
incontournable en ce siècle, de Paris à Dallas, depuis l’exposition organisée
par Jean Clair en 1984, sans oublier son Musée au Cannet où il a fini sa vie en
1947.
http://blog-de-guy.blogspot.fr/2013/01/misia-au-musee-bonnard-du-cannet.html
En parallèle d’études de droit, il fréquente le cours Julien
et les Beaux Arts où il rencontre Vuillard.
Pendant l’exposition Universelle de 1889, les jeunes gens sont fascinés par les
œuvres des artistes qui suivent Gauguin. Ronde des petites Bretonnes
Dans le groupe des « Nabis », il est jugé
« très japonard ». Son paravent à la détrempe, technique de
ceux qui réalisent des décors de théâtre, capte bien la lumière.
Le peignoir, huile sur velours, au format inhabituel, gagne en
profondeur avec ses lignes sinueuses.
Et il convient d’aller regarder de près les touches qui
donnent tant de vitalité au chien bondissant à côté de ces Femmes au Jardin représentant
les quatre saisons.
La recherche de la lumière est couplée à celle de l’instant :
Le
chat blanc s’étire.
Sans s’engager dans la modernité d’une façon obsessionnelle,
il fait « provision de vie » dans la ville. L’omnibus.
Chaque fois qu’une danseuse est par là, Degas n’est pas loin. Le
ballet, rassemble comme de « petites marguerites ».
Il
dessine aussi des affiches pour La revue blanche.
Le timide, le silencieux est foudroyé par la beauté de Marthe
de Meligny qui lui cachera son âge et sa réelle identité pendant trente
ans d’une vie commune où il réalisera 150 toiles, 700 dessins où elle est le
modèle, bien qu’il ne soit pas un « peintre de modèle » car il s’exprime
de mémoire. Elle l’a désamarré du groupe des nabis qui la détestait.
L’indolente
ouvre les jambes et se couvre pudiquement le haut, en une chorégraphie rythmée
par le maître de l’équilibre.
Au tournant du siècle, Duchamp a déjà proclamé la mort de « la
peinture rétinienne », Gauguin a essayé de se suicider, Toulouse Lautrec
n’a plus envie de vivre.
L’homme et la femme fait allusion à
un drame de Maeterlinck où les parents ont appris la mort de leur enfant. Ombre
et lumière se scindent, la construction est pyramidale d’un côté du paravent,
rectangulaire de l’autre.
Les reflets dans les miroirs permettent des cadrages forts
dans ses nombreux sujets de femmes à la toilette. Effet de glace (Le Tub)
Le corps noyé par la décoration est inondé de lumière dans Le Cabinet
de toilette au canapé rose.
La toilette rose en serait presque d’un cubisme décoratif.
Il s’installe à quelques kilomètres de Giverny au pays de Monet,
l’irrévérencieux, devenu le père de la peinture française. Fenêtre ouverte sur la Seine.
Le temps qu’il fait s’invite dans le temps qui passe et
exacerbe le présent. Ainsi dans ses Agendas.
« Les fauves » avaient donné leur point de vue du
côté de la Salle à manger à la campagne.
Les jardins, les maisons ont toujours une grande
importance : Le grand jardin.
Au Grand Lemps, L'après-midi bourgeoise se passe avec
la famille Terrasse du nom du compositeur, époux de sa sœur.
C’est elle dans Le
corsage à carreaux avec une véritable installation de chats.
Les
tableaux dans le mouvement urbain, Scènes de la place Clichy, alternent
avec ceux du sud.
La symphonie pastorale présente un travail dans une double
temporalité. Alors qu’il était établi que le dessin accompagnait la pensée et
la peinture l’émotion, le dessin saisit aussi la sensation.
Les couleurs sont
radieuses, mais je ne saurai plus voir un autre Nu dans la baignoire, emblème
du bien être, de la même façon, depuis que ceux-ci étaient devenus une
obsession pour Marthe qu’il épousa sur le tard,
juste avant que Renée, La
jeune fille dans le jardin, se donne la mort.
Son autoportrait en Boxeur est assez inattendu pour cet homme
réservé ; la formule « beaucoup
de petits mensonges pour une grande vérité » s’appliquerait au-delà de l’art quand
la soif de vivre peut s’accommoder de la mélancolie.
L’ Intérieur Blanc a été acquis par le
musée de Grenoble, en 1933, l’année suivant sa réalisation. Lui qui s’amusait à retoucher ses toiles déjà
accrochées, laissera le soin à son beau frère Terrasse de terminer sa toile
ultime, L’amandier. « Oeuvre
d’art, un arrêt du temps »