vendredi 13 décembre 2013

Ecole : faux rythmes, idées courtes et grosse fatigue.


Content :
Le ministre de l’éducation est content des interrogés par ses services qui sont contents de sa réforme des rythmes scolaires : l’affaire est bouclée, subventionnée : alors silence dans les rangs.
Cette affaire des rythmes signe une étape de plus dans la perte de pouvoir de l’école avec la complicité de ceux qui y travaillent. Les agents de l’état voient leur classe, mise au service des petites séductions et lubbies locales.   
Puisqu’on vous dit que l’école fatigue, les enfants baignés dans cette litanie quotidienne, se demandent : à quoi bon travailler ? 
Général :
Sur France Inter, je n’en croyais pas mes oreilles, mais le si sûr de lui meneur de liste aux européennes, ci présent ministre, pense que pour gagner des places au classement PISA, il conviendra de laisser la décision d’orientation aux parents à l’issue de la 3°. Il devra prévoir des postes supplémentaires en lycée et quelques serpillères pour accompagner les profs de collège qui manquent tant de discernement.
Tous en enseignement général, même pour ceux qui n’ont guère d’appétit.
Patère :
Quand il faut perdre du temps à négocier avec certains élèves pour qu’ils daignent  poser leur doudoune  les protégeant de toute intrusion extérieure, de tout apport, faudra-t-il ajouter un item aux évaluations, avec accessit pour qui dit « bonjour  madame» ?
On me dit dans mon oreillette que c'est déjà le cas.
Recopier le devoir d’un camarade pourrait attirer les compliments :
« A bien voulu regarder son cahier de textes et a apporté sa contribution au travail en équipe » !
Mais cette usine à gags a déjà beaucoup donné.
Morsure :
Dans un commentaire posté  à propos d’une BD mettant en scène de vertes engueulades entre parents et enseignants, une maman se plaignait de la punition infligée à son petit parce qu’il en avait mordu un autre, alors qu’ « elle ne lui avait pas appris à mordre » : donc les enseignants étaient vraiment en dessous de tout.  D’abord tenté de ne pas ajouter de commentaire tant ce témoignage demeurait sur le terrain de la caricature, je retiens cette réaction en ces temps sans nuances, cette défiance à l’égard de tout autre éduquant que soi est significative.
Le spectacle du représentant de la nation qui avait endossé les habits du coq a beau avoir disparu des écrans : cette arrogance, ce culot, cette certitude d’avoir toujours raison est le lot de nos rapports sociaux.
Alors que le manque de confiance en soi a été repéré comme un des maux de notre système éducatif combien de fanfarons, d’inaccessibles à la moindre remarque ?
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Le dessin de Cabu ci-dessus était dans "Le Canard" de cettte semaine, celui de Willem ci dessous dans "Libération":

jeudi 12 décembre 2013

Fête des lumières. Lyon 2013.



Des artistes ont mis en place plus de 70 projets, illuminé 250 monuments ; alors impossible de tout voir pour les 3 millions de visiteurs, dit-on, et même 4 sur un autre site qui parle de plus grande manifestation culturelle au monde.
Quatre jours autour du 8 décembre, fête de l’Immaculée Conception - mais qui le sait ?
La tradition remonte à plus d'un siècle et demi.
Un gône était prince de la cité sur la place des Terreaux où l’Hôtel de ville offrait une de ses façades aux éblouissantes couleurs.
Place Bellecourt, Louis 14 renaissait sous les pinceaux des projecteurs et des bouffées enflammées, un enfant géant animait la grande roue.
La Rue de la « Ré » sous ses arcades flamboyantes avait des airs d’ailleurs.
J’ai trouvé trop rigides la fleur de la place Pradel  ainsi que les géométries voisines alors que d’autres tulipes se reflétant dans l’eau vibraient.
Place de la bourse, les coroles de Chantal Thomas apportaient un peu de printemps dans une nuit qui tombe tôt.
Le spectacle à l’hôtel de région valait le coup parait-il, mais je n’ai vu, lorsque j’y suis passé qu’un mur, où des enfants dessinaient par contact avec des ampoules lumineuses comme sur  une grande ardoise magique : magique.

mercredi 11 décembre 2013

Ethiopie J 12. Chez les Mursi.



Aujourd’hui nous allons rencontrer les Mursi peuple réputé guerrier (voir J 7 sur ce blog).
Lorsque nous accomplissons les formalités pour un guide local  à l’allure rasta : Eyop, une policewoman en profite pour dresser un procès verbal au motif fantaisiste que nos véhicules seraient en stationnement illicite.
A l’entrée du parc Mago, nous nous acquittons des droits de passage.
Nous nous apercevons que nous étions en altitude quand la route descend vers la vallée de l’Omo. Sur la route qui mène à une entreprise de sucre, coupée lors d’incidents récents et pourtant indispensable pour le ravitaillement, nous croisons des camions, dont un renversé sur le bas côté, un autre cabossé et remorqué.
Nous prenons en charge un garde armé près d’un panneau surmonté d’un crâne de buffle. Avec lui attendent des jeunes femmes aux lèvres distendues et pendantes qui laissent apercevoir deux incisives de la mâchoire inférieure arrachées, elles ne portent pas leur plateau labial constamment.
Il grimpe sur le toit d’un de nos 4X4 et nous poursuivons la route parfois en train d’être consolidée par des ouvriers sur le passage de rivières.
Nous avons pu observer l’écobuage et des graminées roses et blanches lumineuses à cette heure. Un chemin bourbeux détrempé par les pluies nous conduit à Pilé, un village Mursi.
Près du « parking » s’avachissent quelques hommes visiblement saouls.
Nous avançons jusqu’au village où Eyop nous explique les coutumes locales.
Ici,  l’homme choisit sa femme et si les deux familles sont d’accord, les deux fiancés vivent à l’écart, chacun à un bout du village jusqu’à ce que la fête soit prête : environ 25 jours. Le futur marié se gave de lait et de sang de boeuf à en devenir obèse pour un temps.
Le plateau incrusté dans la lèvre inférieure, le labret, était il destiné à dissuader les auteurs de razzias, les esclavagistes ?
La mère perce un trou destiné à recevoir d’abord des cylindres de bois dont le diamètre ira croissant jusqu’à des disques de terre cuite dont la taille est proportionnelle au prestige escompté.
Des implants sont souvent posés sous la peau en récompense pour un acte de bravoure. Par exemple une des femmes que nous avons vues, a tué un singe : elle a eu droit à des incisions au dessus des deux seins servant à l’introduction de  petits cailloux. Ces reliefs, peuvent se voir aussi sur les bras et le ventre. Les oreilles portent également des disques spectaculaires.
A la sortie du village  sont regroupés des greniers pour une population que le gouvernement cherche à fixer.
Notre guide nous ordonne de ne pas photographier à moins de passer par l’entremise d’Eyop seul capable de négocier les prix. « Photo, photo, birrs » est le langage que nous tiennent les enfants et les femmes. Le ton monte, et il  y a des déçus bien décidés à obtenir ce qu’ils demandent, les « You » sont plutôt agressifs ainsi que les gestes destinés à mobiliser notre attention. Les touristes australiens que nous retrouvons sur les lieux fuient sans attendre cette ambiance tendue.
Girmay presse gentiment notre groupe : « bon si vous avez fini » car les villageois insistent pour les photos payantes ou la vente de plateaux labiaux. Les tarifs baissent, on solde !
Notre guide nous avouera qu’il n’était pas tranquille et son stagiaire avait peur. Il faut dire que nous n’avons pas su grand-chose et bien des péripéties nous échappent.
Nous apprenons que récemment  un motard éthiopien a été tué, son corps n’a été récupéré qu’au bout de 8 jours, et un chauffeur de touristes a été visé par des tirs de kalachnikov.
Nous nous arrêtons à un point de vue sur la vallée, où  la route en contrebas  nous apparait en forme de cœur. Quelques enfants au corps peints, connaissent cet endroit et tentent encore leur chance. Nous n’avons pas vu d’hommes adultes recouverts de peinture comme les représentent les livres.
Nous déjeunons à Besha Gojo : steak au poivre ou poulet curry et nous vadrouillons dans Jinka vers un autre marché, vite repérés par des gosses qui forment vite une petite cour autour de nous.
Compartimenté, le marché regroupe les vendeurs de céréales, que les ânes et les chèvres tentent de chaparder dès que les vendeuses tournent la tête. Plus loin les fruits et les légumes sur des étalages plus petits et variés ne laissent pas beaucoup de place pour circuler. Nous sommes sollicités par des Mursi plus noirs que la population locale venus à la ville souvent habillés d’une  seule couverture.
Puis nous visitons un petit musée en surplomb au milieu d’un jardin bien entretenu.
Quelques  vitrines regroupent des objets traditionnels classés par ethnies, parfois très proches les uns des autres et qui nous paraissent maintenant plus familiers. Des tableaux didactiques situent les ethnies sur des cartes simples. Les ethnologues à l’origine du musée n’ont pas hésité à s’afficher sur les photos. Un panneau : « relax on a headrest and a lion skin » inspire Achou qui applique la recommandation.
Nous nous assoupirons le soir dans un lit plus ordinaire après avoir approché un peuple aux coutumes extraordinaires.

mardi 10 décembre 2013

Des berniques. Sébastien Lumineau.


« On a de quoi faire des pâtes au saumon » mais la date de péremption est passée de 24h et ils n’ont pas vraiment faim.
En bord de mer pour ne même pas arranger une histoire de si peu d’amour un homme et une femme superposent un peu leurs corps mais ne se supportent plus.
Il pleut, il fume, il dit : « on en parlera plus tard ».
Les patelles ou berniques font « crack crrrac » sous les chaussures dont il faut secouer le sable avant de monter dans la voiture.
Le trait très simple arrête chaque geste du quotidien, en exprime l’ennui et singularise cette chronique dont la lecture dure le temps d’une chanson. Une impression agréable perdure, les silences ont laissé de la place pour un spleen convenant au temps pluvieux.
« on attend l’éclaircie ou on se casse si tu veux ? »

lundi 9 décembre 2013

L’escale. Kaveh Bakhtiari.



En Grèce, une des portes d’entrée de l’Europe pour les bateaux débordants d’émigrés, un appartement au ras du trottoir où s’entassent des iraniens clandestins. Le réalisateur va coucher par terre avec ces jeunes hommes et restituer leur attente d’un autre départ.
Il ne reste qu’une lueur verdâtre quand la lumière de la Méditerranée est filtrée par un drap tendu à la fenêtre pour éviter les regards.
La pauvreté vient échouer sur nos plages, les aspirations à la liberté s’agrippent aux grilles de nos frontières.
L’un de ces illégaux en arrive à se coudre la bouche pour se faire remarquer mais les médias alertés trouvent le sujet sans importance. La réalité est suffisamment dramatique pour que le  réalisateur suisse né en Iran n’ait besoin d’asséner de leçons ; ses survivants nous poursuivront

dimanche 8 décembre 2013

Le conte d’hiver. Patrick Pineau.


La pièce de William Shakespeare est tragi avant l’entracte et comique après.
J’ai rarement changé d’humeur à ce point entre deux parties théâtrales, m’ennuyant d’abord dans des histoires de jalousie, de roi de Bohème et de Sicile, et me réveillant après l’entracte grâce à l’entrain des acteurs que j’avais trouvés peu inspirés au départ et qui se transcendaient dans une deuxième partie enlevée.
Ainsi ce roi quand il monte sur la scène d’un théâtre dans le théâtre, rayonnant alors qu’il avait été faible auparavant.
L’excès va mieux à la comédie, et je me repentais de n’avoir pas dit un mot au moment des honneurs rendus à Jérôme Savary que j’avais tant aimé, inconsolable de ses animaux tristes tellement chaleureux. Que j’en pisse des yeux !
La comédie et le drame constituent les composantes banales du cocktail shakespearien auquel s’ajoute une langue riche, ainsi dans la bouche du temps qui a pris son temps :
« Je mettrai hors de mode ce qui brille maintenant, comme mon histoire le paraît à présent. Si votre indulgence me le permet, je retourne mon horloge, et j'avance mes scènes comme si vous eussiez dormi dans l'intervalle. »
Une facétie pour nous dire que la deuxième partie se passe quelques années plus tard, bien tournée.
Le roi excessivement jaloux, devient inconsolable avec excès, mais tout se résout  à la fin, les morts n’étaient pas morts, c’était un songe loin de ceux d’une nuit d’été.
« Musique, éveille-là Jouez! C'est l'heure, descendez. Cessez d'être pierre, approchez… Léguez votre torpeur à la mort; de la mort la précieuse vie vous délivre! Elle bouge, vous le voyez. »

samedi 7 décembre 2013

France culture papiers. Automne 2013.



Est-ce parce que le dossier principal tourne autour de l’excellence ou parce qu’il y a comme dans tous les « mooks », en ce moment, un reportage sur l’Antarctique mais j’ai trouvé cette livraison bien froide ?
A Vostock a été relevée une température de - 89,3°.
Dans le cahier central Orsenna est intéressant et me fait regretter d’avoir relayé des infos people à son égard, il vaut mieux que cela.
La commémoration des 50 ans d’émissions de France culture ne sort pas tellement de l’auto célébration avec des lettres d’auditeurs sans intérêt hormis leur datation.
Alors quelques mots qui émergent à la lecture comme des musiques lors d’une écoute flottante :
Emerson : « La sagesse est la capacité de trouver la fin du voyage en chaque pas du chemin, et de vivre le plus grand nombre de bonnes heures. »
Dans les questions d’Adèle Van Reeth il peut y avoir de la matière à se rassurer :
« … le perfectionnisme moral est une façon de se réconcilier avec sa propre imperfection, donc de notre perfectibilité. »
 Et la chroniqueuse Caroline Eliacheff cite Barenton :
«  Evitez ceux qui parlent de leur honnêteté : ils vous roulent. Traitez avec qui se vante d’avoir roulé autrui : c’est qu’il n’en a pas l’habitude »
Sinon  des articles concernant « L’élite contre productive en France » par une élite, « nous ne naissons pas homme nous le devenons », « Pistorius » et « La Joconde » sont assez attendus. Par contre une réflexion telle que « la beauté est liée à la femme parce qu’elle vivait dedans à l’abri des intempéries », sort des sentiers battus.