Le réseau Mémorha qui regroupe des responsables de lieux
consacrés à la Seconde
Guerre mondiale et des universitaires de la région Rhône
Alpes avait organisé à Pont-en-Royans, une table ronde où étaient examinés les
liens entre artistes et intellectuels. Lorsque l’art s’intéresse à l’histoire.
Le sous titre « l’impossible transmission du
vide » a été, à mon avis, illustré par des
participants au-delà de leurs intentions.
L’enseignement de la
Shoa est paraît-il
empêché dans certains collèges, est ce encore vrai ? Ce problème n’était
pas à l’ordre du jour.
La discussion venait après une « lecture- performance »
de plus de 500 questions par Annie Zadek
adressées à ses fantômes, accompagnées des photographies d’Arno Gisinger.
Cette introduction roborative aurait mérité une explication
pour les non-initiés.
Malheureusement l’art contemporain souvent si bavard aime parfois
les ellipses qui participent à un éloignement décourageant, alors que souvent
les intentions sont pédagogiques.
Pourtant les deux historiennes Sylvie Lindeperg et Annette
Wieviorka n’ont pas besoin de grands mots pour charpenter leurs discours lors de
leurs interventions dans un débat un peu vague, sans contradicteur.
Le photographe fut clair lui aussi pour nous rappeler que la
nature de son travail est justement de rendre présent le passé et que la notion
de point de vue, si féconde, vient du vocabulaire des photographes.
La discussion a été
utile pour saisir l’apport de la poétesse qui regrette que les mots soient
toujours entre parenthèses depuis la
Shoa, mais les intervenants ne sont pas allés vers un point
de vue plus général et n’ont guère apporté d’exemples variés pour approfondir
le sujet.
Le noir installé furtivement entre deux diapos, claquait
comme jadis au patronage.
Nous avons pu après coup apprendre comment se nouent les mots et les objets photographiés
frontalement sur fond gris : ce sont les meubles en voie de restitution
pris chez les juifs autrichiens partis on sait où.
Cette représentation de l’inventaire de biens spoliés est
justement à la charnière d’un travail d’historien chargé ici de la « collation* »
d’objets et de celui de l’artiste qui « met en présence » afin de
rendre le passé intelligible. Ce passé qui s’infiltre dans le présent, se métamorphose.
L’émotion peut permettre d’accéder à une mémoire raisonnée
et dépasser le pathos mais dans ces recherches la « babelisation » de
la langue, évoquée au cours du débat, permettra-elle d’aller plus loin dans
l’investigation du passé et sa transmission ?
Je crains que les mots traversant les frontières soient plus
ceux des traders que des professeurs d’histoire.
*J’ai appris un sens nouveau
pour ce mot, j’en étais resté à « l’en cas » ou comme dit celui qui
m’a permis d’assister à cet après midi
studieuse « 2-3
tranches de poitrine roulée et une tomme poussées au Côtes »: « Confrontation de textes manuscrits ou imprimés pour s'assurer de
leur conformité. » ou
« Ensemble des caractéristiques physiques d'un ouvrage (nombre de volumes,
format, etc.), permettant son classement. »