mercredi 18 septembre 2013

Ethiopie J 2. Addis Abeba



Au matin une petite pluie fine ne nous incite guère à partir visiter les environs que nous dominons depuis la terrasse de l’hôtel : gros travaux routiers, quelques constructions éparses, la boue…
Cependant lorsqu’on s’éloigne en voiture, la ville nous montre un autre visage, avec des immeubles, des ronds points mettant en valeur des statues, des monuments, des magasins, plus conformes à l’idée que l’on se faisait d’une capitale africaine. Des antennes paraboliques poussent dans les pelouses devant les habitations et des troupeaux de biquettes broutent sur les grandes avenues.
Un jeune chauffeur Yohanes qui parle bien l’anglais conduit notre mini bus où Girmay a pris place à l’avant accompagné par Achenafi, jeune diplômé en  sciences politiques en phase d’apprentissage dans le tourisme.
Nous finissons par quitter la métropole de 4 millions d’habitants et découvrons la campagne : c’est la saison verte. La route goudronnée en bon état traverse de beaux paysages cultivés.
La terre noire des champs est labourée par des araires tirés par des bœufs. Les paysans s’entraident souvent et s’attaquent en commun au même champ.
Tout au long de la route, les ânes bâtés et chargés de bidons jaunes, de foin, accompagnent les hommes et les femmes, les cabris sautent comme des cabris et les zébus traversent faisant fi de la circulation. Lors d’une petite halte près d’un pont qui traverse la rivière Awash, nous sommes rattrapés par des enfants et des hommes cherchant le contact. Très souriants ils acceptent facilement de poser pour des photos. La rivière, calme d’un côté du pont ressort bouillonnante en petits rapides de l’autre côté. Au loin se détache le blanc des serres sur le vert de la campagne.
« One birr »… « What's your name ? »...
Nous repartons pour la visite d’Abadi Mariam. Nous nous engageons sur une piste boueuse et traversons des villages proprets avec cases en pisé frais et toit de chaume, enclos en épineux et magnifiques acacias à la ramure ample. Arrivés presque à destination, le mini bus ne parvient pas à monter la petite côte, il patine comme dans la neige. Nous choisissons de parcourir les quelques mètres à pied dans la boue collante.
L’église enterrée est circulaire comme il se doit, elle nous est présentée par un diacre. Il nous montre la porte d’entrée des hommes, celle des femmes, nous promettant de nous retrouver à l’intérieur. Déchaussés, la cheville cerclée de bracelets antipuces pour certains, la visite commence. La présence de 10 portes  fait référence  aux 10 commandements. Nous circulons dans la promenade percée de 24 fenêtres (rapport aux 24 vieillards de l’apocalypse), puis le diacre nous ouvre une pièce, anti chambre du saint des saints inaccessible où aurait résidé l’arche d’alliance. Là il nous montre les grands bâtons sur lesquels s’appuient les vieux et les religieux pendant les longs offices. Il nous chante un alléluia, accompagné par un sistre, puis par un tambour. Les cérémonies se déroulent avec 5 serveurs: 3 prêtres, 2 diacres
A l’extérieur, des maisons sont construites au dessus de tombes actuelles ou à venir, elles sont proposées à des ermites en échange de prières.
Tout à coup une file d’enfants et de femmes débouche d’un chemin derrière l’église : photos, émerveillement des enfants devant les écrans.
Etape suivante : Tiya. Nous expérimentons la cuisine locale : « tartare cuit », viande grillée  ou foie pimenté accompagnés par des galettes de tef (céréale) à l’aspect curieux de tripes au goût légèrement acidulé. Café amer éthiopien. Nous partageons le plateau deux par deux, sans cuillère ni fourchette, à la main. Le serveur nous amène produit vaisselle et broc à eau plus cuvette pour nous rincer les doigts.
 Nous repartons à 15 h vers le site classé au patrimoine de l’Unesco. Il s’agit d’une trentaine de stèles funéraires du XIII° siècle plantées au milieu des marécages et des grenouilles.  Sur certaines sont gravées des épées. Les fouilles commencées en 1974 ont permis de découvrir des cadavres enterrés assis, d’autres à la mode chrétienne, couchés. Mais les investigations n’ont pu être  poursuivies. Nous nous émerveillons devant nos premiers oiseaux : une pie grièche et un ibis noir peu farouche.
 Nous reprenons le mini bus et nous nous dirigeons vers Zwaye. Peu à peu les paysages changent : moins de cultures,  la terre semble moins riche. La route descend vers la plaine.
 Zwaye est une grande ville avec sa rue principale goudronnée et des rues transversales en terre. Nous partons avec  nos appareils photos qui produisent toujours leur effet. Les gens acceptent en général de se laisser tirer le portrait, les enfants s’enhardissent jusqu’à devenir collants. Ils nous interpellent : « You ! » et demandent une photo. J’échappe à un coup de fouet d’un conducteur de charrette tirée par un cheval, sans doute gêné par la boue et l’attroupement que nous avons provoqué.
Les femmes rient comme des jeunes filles face à leur portrait, certaines demandent des birrs.
Le soir tombe d’un seul coup, vers 6h 45, nous regagnons l’hôtel. Nous dinons sous un arbre immense peuplé de centaines de tisserins venus trouver refuge dans le feuillage, rendus muets par la musique tonitruante qui parasite nos conversations. A la lumière de deux chandelles nous dégustons des pressions fraiches et des pâtes. Nous nous retirons dans nos chambres, finir nos journaux, prendre douche et faire lessive  avant de nous glisser sous les moustiquaires.

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