mardi 9 avril 2013

Les années spoutnik. Baru.


Premier d’une série de quatre albums, « Le pénalty » est à la classe ouvrière ce qu’était « La guerre des boutons » au monde rural.
Retour vers l’année 1957, quand les affrontements entre gamins de Sainte Claire le haut et ceux des « par en bas » ne faisaient pas le 20h et se résolvaient en un match de foot des habillés contre les torses nus.
Les grands tentent de canaliser la fougue de plus jeunes qui s’essayent à être courageux, ils rêvent de gloire et d’amour, se déguisent en indiens mais sont vite à court de flèches.
Eternels jeux de garçons où une fille apparaît pour garder les buts. Elle ne sera pas acceptée pour ce rôle mais sa tignasse, sous la casquette réglementaire d’alors, fait tourner des têtes.
Baru est mon préféré pour conter simplement en BD le quotidien des milieux populaires. L’album s’achève trop vite : le scénario est élémentaire et le mouvement tellement enlevé que nous avons très vite envie de connaître d'autres pages de cette enfance lorraine.
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Je reprends mes publications quotidiennes interrompues  inopinément par une défaillance de mon ordinateur, dont la carte-mère claqua.



vendredi 29 mars 2013

Quelles perspectives pour les jeunes des zones urbaines sensibles en Europe ?



Dans le débat de Libération « Jeunes débattez-vous »  qui avait lieu à la MC2 construite au bord du quartier de la Villeneuve, le sujet était inévitable. D’autant plus que le souvenir crucial de l’année 2012 mesuré dans un sondage est l’affaire Mehra pour une majorité des français, avant même l’élection de François Hollande.
A la table autour de Gilles Kepel  auteur des « banlieues de la république » : Rushanara Ali députée travailliste d’un quartier de Londres jouxtant la City dont la population se situe à 50% au dessous du seuil de pauvreté, Mariam Cissé, conseillère municipale à Clichy sous Bois, le Clichy des émeutes de 2005,  et François Lamy le ministre de la ville.
Les JO de Londres n’ont pas tenu leurs promesses d’emploi, le chômage s’est même accru et les désillusions, les frustrations se sont exprimées. Le fossé entre les jeunes et le reste de la population s’est creusé après des émeutes où la violence et la criminalité issues de l’oisiveté sont venues un temps sur le devant de la scène.
Le peu de perspectives dans un contexte économique difficile pèse tellement que la proposition d’abaisser l’âge du vote à 16 ans pour mieux « faire pression » sur les politiques, ne me semble pas décisif.
Alors que la conseillère de Clichy insiste sur la lutte contre l’abstention, la nécessité de rebâtir une culture commune pour des jeunes qui ont des sentiments ambigus concernant leur quartier  qui les rassure et qu’ils ont en même temps le désir de quitter.
La différence de culture politique est manifeste entre l’Angleterre et la France où le rôle de l’état est plus fort.
30 ans ont passé depuis les « marches pour l’égalité » revendicatrices et positives, depuis les regards sont devenus stigmatisants. La victoire de la droite en 2007 s’explique peut être par les émeutes de 2005 lorsque les classes moyennes s’interrogeaient sur un retour d’investissement de leurs contributions.
Pendant ce temps, les politiques se sont professionnalisés, la filière syndicale s’est tarie, les jeunes à Bac + 5 n’ont même plus les possibilités de leurs parents parfois analphabètes qui ont pu avoir accès à des pavillons.
Des mesures concrètes sont avancées où la discrimination à l’emploi serait combattue, l’intégration politique améliorée.
Pour remettre de la confiance et de l’efficacité dans les mécanismes où devraient s’effectuer les concertations concernant l’habitat et les transports, les démarches iraient d’avantage vers des formes de co-construction.
Le ministre de la ville ancien député de Massy la populaire et de Palaiseau la résidentielle, rappelle son ancienne appartenance au PSU, label prestigieux.
Des « emplois d’avenir »  sont déjà fléchés vers les quartiers pour favoriser ceux qui n’ont pas les réseaux, et sortir du repli sur soi.
François Lamy, n’est pas venu que sur la scène du grand Théâtre, il a proposé des « coups de pistons ». A Grenoble et Echirolles seront expérimentés des « emplois francs » comme on dit « zone franche » avec des entreprises qui bénéficieront d’exonérations quand elles accueilleront un jeune venant de quartiers difficiles. 
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Dans le Canard de cette semaine: 

jeudi 28 mars 2013

Banksy, humour et murs. Gilbert Croué.


Le public des amis du musée de Grenoble est plus familier des pinceaux en poils de martre que des bombes aérosol; le mérite pédagogique des organisateurs du cycle de conférences qui nous ont menés des cavernes préhistoriques aux tags n’en est que plus grand.
Après Diego Rivera, Michel Ange, Pompéi et la grotte Chauvet, il était question de notre contemporain, l’énigmatique Banksy, le pape du street art, qui garde son identité bien cachée alors que ses œuvres s’étalent à l’extérieur en nécessitant désormais pour certaines une protection en plexiglas … pour éviter des tags rageurs ?
Ses interventions drôles, imprévisibles sont reconnues désormais dans le monde de l’art et le film « Faites le mur » qui suivait la conférence traitait, avec humour bien sûr, de ce passage de la  subversion à la reconnaissance avec son cortège de dollars.
 « J’admire la manière dont le capitalisme trouve une place même à ses ennemis. »
Il ne se présente pas à ses expositions où il fait venir des porte-paroles.
« Le monde de l'art est la plus grande farce qui existe. C'est une maison de retraite pour les nantis, les prétentieux et les faibles. Et l'art moderne est une escroquerie – jamais autant de gens n'ont utilisé autant de ressources et de temps pour en dire si peu. L'avantage c'est que c'est sans doute le secteur d'activité au monde dans lequel il est le plus facile d'entrer sans aucun talent et de se faire de l'argent. »    
Avec ses pochoirs où il joue avec le blanc et le noir, la troisième zone étant couleur muraille, ses œuvres très accessibles devenues des icones s’exposent en posters et cartes postales à l’ambigüité savoureuse, aux accents moqueurs décapants.
Un bobby bombe: « god saves the Quee… »: the Queen? The Queer ? (le bizarre ? l’homo ?).
La peinture est un sport de combat : deux policiers s’embrassent, un bouquet est lancé comme un cocktail Molotov, Mona Lisa tient un lance roquettes, une femme de ménage pousse la poussière sous le mur qu’elle soulève, une panthère sort de sa cage en code barre, un singe fait exploser un régime de bananes, au bout d’une interminable ligne blanche un policier renifle, quand « les américains travaillent au dessus de nos têtes » c’est  l’armée de Bush en hélicoptère, une poule regarde, contrariée, deux œufs dans une poêle….
Il intervient dans des manifestations avec des pancartes fortes, installe fugitivement des panneaux  sur des plans d’eau londoniens ou de faux ailerons de requins, il détourne des injonctions municipales qui interdisent les jeux de balles.
Ses rats découpent des trottoirs, rentrent dans leur trou en smoking, ils mettent en garde contre une société radioactive. Des policiers fouillant une petite fille avec son nounours représentent cette folie sécuritaire qui envahit nos têtes. Ses billets où  l’effigie de Lady Di remplace celle d’Elisabeth ont été acceptés dans des bars lors du carnaval de Notting Hill et leur valeur aujourd’hui dépasse de loin la somme indiquée sur ce qui ne peut être qualifié de fausse monnaie.
Il intervient sur le mur des murs, celui qui mesure 700 km en Palestine ; il met en images  des rêves d’enfants avec une échelle démesurée, un cheval géant, une trouée vers de plages paradisiaques, et pour une fois c’est une petite fille qui contrôle des soldats.
Au Mali, sur les murs de banco, un zèbre attend que ses rayures sèchent après lavage.
Il colle de faux tableaux dans des galeries avec des  trompe l’œil comme ce noble XVIII°  taguant, cet employé qui efface une fresque préhistorique ou bien des paysages bucoliques envahis de caméras de surveillance.
Le muséum de Londres ne va pas enlever ses installations sauvages, elle les confisque à son avantage : bien joué !

mercredi 27 mars 2013

Musée d’Art Classique de Mougins.



L’intitulé  du MACM qui sonne un  peu MAC comme musée d’art contemporain et la dénomination « classique » ne rendent pas compte de l’originalité du collectionneur anglais Christian Levett, fondateur du lieu.  
La rencontre  de la beauté de l’ancien, du très ancien avec la modernité est fructueuse.
Nous découvrons un tableau de Rubens au milieu de sarcophages et un buste bleu de William Klein explose au milieu des torses antiques.
Des pièces de monnaie, des statues, des vases antiques côtoient des œuvres récentes de Picasso, Matisse, Chagall, Cézanne, Rodin, Dali, Warhol…
Les uns réveillant les autres sans tapage, les autres révélant leurs racines.
Une collection de casques et d’armures décèle une créativité et une diversité insoupçonnables en ces domaines guerriers
Dans certains musées  récents la scénographie prend le pas sur les contenus présentés ; ce n’est pas le cas de ce lieu ouvert depuis 2011 qui  présente élégamment ses objets avec des lumières qui les mettent bien en valeur. La forme ne prend pas le pas sur le fond.
Hormis quelques fautes d’orthographes sur certains affichages, l’attrait pédagogique est évident : les écrans interactifs sont assez grands pour en profiter à plusieurs et leur maniement simple les rend accessibles à tous.

mardi 26 mars 2013

La villa sur la falaise.



Pour les dix ans de la collection « Ecritures » chez Casterman, Benoit Sokal a invité dix auteurs de BD à inventer une histoire courte à partir d’une idée commune : une jeune femme revient constater l’écroulement de la maison de ses parents dont il ne reste qu’une moitié en haut d’une falaise.
Cette situation initiale où les souvenirs sont convoqués en bord de mer va permettre une variété réjouissante d’interprétations.
Celle de la Suissesse Cati Baur est ma préférée avec l’omniprésence d’un smartphone au milieu d’une vie affolée.
L’américain Nate Powell  livre un récit  très noir, la britannique Hannah Berry est originale et habile. 
Le français Saulne sous influence japonaise m’a bien plu aussi avec ce qu‘il faut  de représentation imaginaire et de subtile évocation du temps qui a passé entre celui qui est resté dans l’île et celle qui revient.
Les dessins de l’allemande Isabel Kreitz sont forts et s’accordent à l’ambiance cinématographique d’une tragédie.
Davide Reviati est élégant, italien.
Jirô Taniguchi  va vers la science fiction.
Fred Bernard est le plus radical en ne délivrant ses seules paroles que dans la dernière case après un trajet aux dessins naïfs auxquels il ne faut pas se fier.
Gabrielle Piquet est plus emberlificotée alors que Takahama est limpide.

lundi 25 mars 2013

Django Unchained. Quentin Tarantino.



« Pulp fiction »  a 20 ans et j’ai attendu un mois et même plus avant d’aller voir ce film porté aux nues. Ma jubilation n’en est que plus forte, ne faisant pas partie à priori des fans qui mettent  le tonitruant amateur de série B au plus haut.
A l’occasion des avis que j’ai pu parcourir concernant cette œuvre de 2h 40,  j’ai eu le temps de copier/coller des éléments de langage :
« western  blaxploitation » qui résume bien cette histoire d’un esclave héros de western,
« revenge movie » : la  vengeance est le moteur à explosion d’un scénario inventif,
« buddy movie » : film avec deux personnages très différents au départ qui finiront par se rapprocher.
Les clins d’œil au cinéma n’alourdissent pas les images magnifiques accompagnées d’un patchwork musical emballant, aux dialogues délicieux servis par  des acteurs excellents.
Le souvenir d’un fuyard déchiqueté par des chiens reviendra au raffiné chasseur de prime à la gâchette forcément agile quand Beethoven sera joué à la harpe par une jeune femme très « Autant en emporte le vent » ; cette fois il ne supporte pas la violence qui ne manque pas tout au long de la fresque.
Nous passons de l’horreur au sourire dans des scènes carrément comiques, baroques, « too much » bien contents que ce soit du cinéma, tout en nous interrogeant une fois encore sur cette proximité du raffinement et de la barbarie.
Un beau feu d’artifices.

dimanche 24 mars 2013

Carbonnade.



C’est du mitonné, pas du carbonisé, comme braiser une viande ce n’est pas cuire sur la braise.
Un  bourguignon ch’ti à la bière et au pain d’épices, un régal.
Faire roussir dans l’huile, ou huile et beurre, le bœuf coupé en cube, pris dans la macreuse (épaule) ou à proximité dans le paleron (près de l‘omoplate), voire dans le gîte ( jarret), puis faire blondir les oignons ; ne pas les pleurer.
Recouvrir le tout de bière en ajoutant sel, poivre, bouquet garni, bouillon cube et  vers la fin du mijotage des tranches de pain d’épices tartinées de moutarde qui donneront une saveur originale à ce plat d’hiver.
Une heure à la cocotte minute. En cocotte en fonte, deux heures voire trois et demie, si on n’est pas à la minute, avec du persil avant de servir.
S’accompagne de pommes de terre ou de pâtes, j’ai évité les frites, incontournables pour certains. Beaucoup ajoutent de la cassonade, je ne l’ai pas essayée, ni à la place du pain d’épices les spéculos qui deviennent vraiment tendance en cuisine.