samedi 23 mars 2013

Le radeau de Victoire. Marie Thérèse Jacquet.



Dernier livre d’une amie de ce blog dont vous trouverez de nombreuses nouvelles dans la rubrique : « écrits de lecteurs ».
 J’ai annoncé également son livre précédent sous le titre « Marie Treize » à retrouver avec le moteur de recherche figurant en haut à droite de cette page.
La quatrième de couverture nous met en appétit :
« Elle « rame », cette enfant, dans le monde tel qu’il se révèle à ses yeux naïfs et implacables.
Petit Quinquin, née dans un vieux quartier lillois, rame parce que c’est la Seconde Guerre mondiale.
Elle rame parce que dans la boulangerie familiale, ses parents, leurs proches se livrent à des guerres où tous les coups sont permis.
Elle rame dans la débâcle vers le sud, l’exode vers l’est. Sa mère, gagnée par les terreurs de l’époque, fuit au volant de sa voiture. Son père alsacien reste dans sa boulangerie, se livrant à des commerces louches.
Quand l’enfant perd sa boussole, elle retrouve calme, tendresse et protection auprès d’une vieille dame sur sa terrasse aux géraniums, chez des oncles et tantes dans la famille de substitution de son petit frère.
Elle apprend à protéger sa frêle périssoire en dépit des naufrages menaçants. Son héros c’est Tarzan, protecteur des animaux de la Jungle, figure paternelle sans peur et sans reproche ».
À propos du recueil de nouvelles de l’auteure « Allumez le four » publié en 2010 aux éditions Alzieu :
« J’ai lu vos nouvelles et je les trouve excellentes, drôles, couillues, vraies. Continuez, allez-y ! Décidément, vous êtes bourrée de talents. Vous savez quoi ? Nos écritures se ressemblent. C’est pour cela que vous aimez ce que je fais et que j’aime ce que vous faites ; nous utilisons le même terreau." Françoise Xénakis
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Souscription Le radeau de Victoire chez Zonaires éditions,
218 pages, 17 euros
Bénéficiez d’une offre de lancement en souscrivant
avant le 5 avril 2013 au prix de 15 euros Frais de port en sus (2 euros) pour les commandes hors canton de St Egrève
Commande à envoyer avec le règlement à :Zonaires éditions 35 rue du Rocher 38120 Fontanil Cornillon

vendredi 22 mars 2013

Pleins et déliés.


Plumes :
Aux Etats Unis, l’apprentissage de l’écriture sera optionnel dans la moitié des états.
Peut-on apprendre à lire sans écrire ? Dans quel état vont être nos enfants ?
On s’amusera avec les mots : corps d’écriture et écriture des corps, on ouvrira des ateliers de calligraphie pour oublier que dans la patience d’un apprentissage, la courbe venue d’un crayon tenu entre ses doigts pouvait épouser une pensée plus humainement qu’un Tweet.
On n’enseigne plus le dessin depuis longtemps, quelle sera la signature de chaque personnalité dans un monde policé par défaut ? Une croix.
Oiseaux et autres bestiaux:
Après les « pigeons », patrons contre des réformes fiscales, qui effrayèrent quelque poule mouillée, les « dindons », collectif d’enseignants,  on s’est fait jouer  à la grosse caisse: « tiens voilà du bourrin ».
Quand les Spanghero étaient deuxième ligne et pas en première ligne, un steak de cheval était un luxe et il me semble que les vaches à l’équarrissage étaient données aux truites.
Avant que les étables soient sur tapis roulants, en début de chaine, le minerai s’extrayait de la mine. Ce mot  « minerai » appliqué à la bidoche, que l’on vient d’apprendre ces jours, signe un basculement du sens des choses.  
Du temps où dans les fermes ont donnait un prénom aux vaches, je me souviens de
« La  Marquise » comme celle à qui appartenait l’usine de soierie voisine; il y eut le baudet appelé « Roméo » et la jument percheronne  qui s’appelait « Juliette ».
A Pâques un bœuf était exposé sur la place, les éleveurs étaient fiers de leurs bêtes, de leur travail.
Vautours :
Lu récemment : Les 400 américains les plus riches détiennent deux fois le produit intérieur brut de 1,2 milliard d’Indiens. Oui j’ai relu : 400 = 1 200 000 000.
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Dans Charlie Hebdo de cette semaine :

jeudi 21 mars 2013

Fragonard à Grasse.



Jean Honoré Fragonard le peintre des scènes galantes a son musée dans sa ville natale  grâce à l’entreprise de parfumerie qui porte son nom, bien en vue dans la place parmi les Galimard  et autres Molinard.
Après avoir apprécié dans une boutique du vieux Grasse le parfum « Cambouis » d’un créateur pour les délices olfactifs, présenté dans sa burette aux fragrances presque trop discrètes, nous nous sommes rendus à l’hôtel de Villeneuve rénové pour recevoir les visiteurs en route vers le XVII°.
C’était le temps des robes soyeuses où une jeune fille blanchette et rondelette délivrant un oiseau de sa cage le retient par un ruban délicatement tenu entre deux doigts. 
Quand elles se retrouvent à plusieurs à s’ébattre au bord de la rivière, les eaux en bouillonnent.
J’aurais tendance à moins m’attarder sur les  peintures religieuses, paysages, ou d’autres charmants portraits plus conventionnels comme ceux de sa belle sœur Marguerite Gérard visible dans les murs.
Mallet (Jean Baptiste) est aussi présenté, il sera un témoin du directoire et de l’Empire, alors que son ainé est lié aux images qu’il a contribué à former d’une époque où régnait la du Barry, dernière maîtresse de Louis XV.
Une lettre faisait toute une histoire.

mercredi 20 mars 2013

Le Louvre # 3 : le Grand Dessein s’achève.



Voltaire en 1745 dénonçait le délabrement du Louvre.
« Louvre, palais pompeux dont la France s'honore,
Sois digne de Louis, ton maître et ton appui
Sors de l'état honteux où l'univers t'abhorre
Et dans tout ton éclat montre-toi : comme lui »
Sous Louis XV des édifices accolés au palais et à ses ailes sont démolis.
Louis XVI et Marie Antoinette reviennent  prendre place dans leur cage dorée en septembre 1789 ; au cœur de la ville pourront-ils mieux comprendre la vie de leurs sujets qu’à Versailles ? Le palais est remeublé et l’assemblée nationale investit la salle du manège.
En août  1792 l’assaut du Palais des Tuileries marque la fin du règne monarchique.  
La Convention s’y installe. Un hémicycle et des tribunes pouvant recevoir 1800 spectateurs sont installés dans l’ancienne « salle des machines ». La décoration est sobre.
Une première exposition de l’académie royale de peinture avait eu lieu dans les appartements  occupés par Anne d’Autriche et la galerie du bord de l’eau préfigurait un musée. Dans le salon carré sont présentés jusqu’au haut plafond des œuvres destinées à présent à  un public  plus large pour redonner vigueur à un « grand genre » qui n’est plus enseigné.
Dans l’encyclopédie parait un plaidoyer pour que le palais multiséculaire devienne un musée.
En attendant Rubens peut être vu au palais du Luxembourg.
En  1792, le musée est opérationnel, les collections sont élargies avec des biens saisis du clergé et des émigrés.
La voûte de la Grande galerie est percée pour un éclairage zénithal.
Le produit des conquêtes napoléoniennes  amènent de nombreuses œuvres installées par Vivant Denon. Le buste de l'Empereur sera en bonne place après un bonnet phrygien qui surmontait la coupole.
L'Arc de Triomphe du Carrousel est édifié avec à son sommet les chevaux de la basilique Saint-Marc de Venise, qui seront restitués en 1815.
Balzac dans La cousine Bette : « L’existence du pâté de maisons qui se trouvent le long du vieux Louvre est une de ces protestations que les Français aiment à faire contre le bon sens, pour que l’Europe se rassure sur la dose d’esprit qu’on leur accorde et ne les craigne plus… Voici bientôt quarante ans que le Louvre crie par toutes les gueules de ces murs éventrés, de ces fenêtres béantes : "Extirpez ces verrues de ma face !" On a sans doute reconnu l’utilité de ce coupe-gorge, et la nécessité de symboliser au cœur de Paris l’alliance intime de la misère et de la splendeur qui caractérise la reine des capitales. »
Après bien des aléas Napoléon III bouclera le « Grand Dessein », celui d’Henri IV, avec des guichets portes d’entrée d’un très vaste espace dévolu désormais à l’art.
En 1871, un incendie allumé par les communards consumera la Palais de Tuileries.
Edouard Balladur aura beau retarder l’échéance, les derniers occupants du ministère des finances déménagent à Bercy en 1989.
François Mitterrand a voulu le grand Louvre qui s’ouvre à 10 millions de visiteurs annuels sous la pyramide de Peï que le conférencier Fabrice Conan n’apprécie guère pas plus qu’il ne voit d’un bon œil les décentralisations du Louvre à Metz et Lens.
Je suis au contraire content que l’histoire ne se fige pas, que les œuvres voyagent. Nous irons à Paris, mais Delacroix chez les cht’is ça me convient, n’en déplaise aux enfants d’Edouard.

mardi 19 mars 2013

Quai d’Orsay. Lanzac & Blain



Grand succès pour  le tome 2 de cette BD qu’il a fallu commander à la FNAC qui court  pourtant au devant de ce qui est déjà consacré; il n’y en avait plus.
Oui c’est  de De Villepin dont il est question sous le nom d’Alexandre Taillard de Vorms au moment de la guerre au Royaume du Lousdem le pays qui menaçait le monde « libre » de Dubleyou avec ses armes de destruction massive.
Nous passons de New York à Moscou avec Arthur Vlaminck un des conseillers du ministre des Affaires Étrangères à la suite de l’énergique escogriffe au charisme entrainant.
« Et c'est un vieux pays, la France, d'un vieux continent comme le mien, l'Europe, qui vous le dit aujourd'hui, qui a connu les guerres, l'occupation, la barbarie. Un pays qui n'oublie pas et qui sait tout ce qu'il doit aux combattants de la liberté venus d'Amérique et d'ailleurs. Et qui pourtant n'a cessé de se tenir debout face à l'Histoire et devant les hommes. »
C’était en 2002, ça avait de la gueule.
Et les coulisses croquignolettes avec des allergies aux poils de chat, les joggings, un rythme fou, des improvisations,  mais aussi de la culture, sont drôles et instructives.
Alors que l’on s’afflige parfois du cynisme et de la perte de valeurs de beaucoup de cumulards,  à ce niveau,  à cet instant de l’Histoire, malgré les faiblesses des hommes ou à cause d’elles, nous  pouvons apprécier la politique qui va au delà de quelques petits tas de secrets amusants.

lundi 18 mars 2013

Syngué sabour. Atiq Rahimi.



Une femme afghane veille son mari dans le coma : la situation n’était pas forcément cinématographique.
L’actrice d’origine iranienne Golshifteh Farahani dont tout le monde a loué la beauté nous tient éveillés pendant une heure quarante, et sa misérable condition nous concernera au-delà du générique de fin.
Le réalisateur a adapté son propre livre et nous avons cheminé dans ses images comme dans un roman.
Syngué sabour signifie « la pierre de patience » à qui on confie ses secrets jusqu'à ce qu'elle éclate ; le divan n’est pas confortable mais la psychanalyse sera efficace.
Etouffée sous les voiles tissés par des siècles d’obscurantisme religieux auxquels s’ajoutent la misère et la guerre, cette femme se dévoile et révèle crûment l’histoire de son mari immobilisé par une balle dans la nuque.
Nous ne percevons des guerres que les explosions, et le temps que la poussière retombe, nous passons à autres choses. La vitalité des femmes prend encore plus de force dans cet univers asphyxiant : d’un placard, à une pièce vide, à une maison sans eau, à une ville dévastée, bien des existences sont condamnées à l’enfermement et pourtant la vérité peut advenir, l’espoir exister et des mots d’amour venir à un bègue.
Dans le magazine Marianne, Jean Claude Carrière qui a participé au scénario précisait :  
« L'hindouisme, c'est un poing fermé. Le bouddhisme indique du doigt une voie.»
Après qu’Atiq Rahimi ait dit qu’il avait tourné un film hindouiste.
Sûrement pas islamiste.

dimanche 17 mars 2013

Orage. Strindberg. Osinski.



Un homme qui aborde la vieillesse voit son ancienne femme s’installer dans l’appartement au dessus de chez lui,  anciennement chez eux.
L’essentiel se joue derrière la baie vitrée de ce rez-de-chaussée où leur petite fille a grandi,  jusqu’à une séparation énigmatique. Il avait repris une vie de célibataire après s’être séparé de sa femme et de sa  fille.
Cet épisode d’un mélancolique automne de la vie convient bien à la salle intime du petit théâtre de la MC2.
A la sortie du spectacle qui tient près de deux heures, nous nous sommes retrouvés à front renversé avec la dernière de notre groupe d’amis à avoir résisté aux mises en scènes d’Osinski qui cette fois « ne se la joue pas ».
Elle, femme affirmée, a compris ce vieil homme dans sa volonté d’arrêter le temps, et moi qui renifle trop volontiers les parfums émollients de l' automne  j'ai trouvé des circonstances atténuantes à la jeune femme renvoyée bien vite aux stéréotypes de tyran domestique. 
Le personnage qui se verrait bien en pauvre biquet a viré au bouc désodorisé avec soubrette discrète mais accorte, son ex qui vient de se faire larguer pour une plus jeune est tentée  semble-t-il par une saison 2.
Des éclairs scandent  les trois actes, mais le tonnerre n’éclate pas, l’été est étouffant en pays froid.
- C’est mauvais de rester trop longtemps dans les vieux souvenirs.
 - Pourquoi ? Quand le temps a passé, ils sont tous beaux…
- Mais Monsieur peut encore vivre vingt ans, c’est beaucoup pour s’installer déjà dans des souvenirs qui s’estomperont, et qui finiront même par changer de couleur.