dimanche 4 novembre 2012

El Gusto.



Qui n’a pas évoqué en ce qui concerne ce groupe de 20 musiciens venus d’Alger : Buena vista social club pour l’âge des protagonistes, Benda Billili pour le rôle d’une cinéaste pour reformer un groupe et le relancer ?
Mais les références cubaines ou Congolaises valent surtout pour l’entrain communicatif qu’ils insufflent aux spectateurs : You you !
Les accents sont andalous, arabes,  mélangés, qui a commencé ? Avec des mots de français, à forte connotation nostalgique puisqu’il s’agit de la musique chaâbi ( le son du peuple) qui rassemblait dans la Casbah, arabes et juifs autour des luths, mandolines, bendir, derbouka, violons… avant guerre. Un moment dispersés, ils se sont retrouvés et leur plaisir de jouer est évident.
Comme le dit le morceau « L’oriental », la rime avec sentimental va de soi.
Je reprends sur le net la traduction de la chanson Ya Rayah « Ô voyageur » qui clôt la soirée fraternelle où chaque membre de l’orchestre est mis en valeur et les chants ensemble ont une chaleur qui vous transporte au soleil avec une anisette à portée de main :
« Ya rayah win msafar trouh taaya wa twali
Chhal nadmou laabad el ghaflin qablak ou qabli
Oh voyageur, où pars-tu ? Tu finiras par revenir
Combien de gens peu avisés l'ont regretté avant toi et moi»

mardi 30 octobre 2012

Bitter Komix. Conrad Botes, Joe Dog



Ce recueil de BD sud africaines est  amer et les bites sont en botte dans l’épais volume de la maison d’édition L’Association.
Une ligne claire met en scène des Tintins déjantés revenus de toute prétention coloniale, et des traits charbonneux vont fouiller dans une mémoire afrikaner dégueulant de noirceur.
Anthologie de dessins parus dans les années 90 post apartheid aux connotations très sixties, quand Crumb depuis la Californie tenait le haut du pavé de l’underground mis à la portée de toute une jeunesse à déniaiser.
Eminemment politique, la révision de la bible  par des artistes  désormais reconnus dans l’art contemporain est réjouissante, un récit d’amitié enfantine décapant, la récupération du corps d’un blanc tué dont le squelette était enchevêtré avec celui d’un noir symbolique est terrible.
Une façon stimulante d’aborder des contrées lointaines en révisant des codes d’antan qui conviennent décidément bien aux perturbations.
.............
Petite pause des posts  jusqu'à dimanche.

lundi 29 octobre 2012

Madagascar. Dream works.



Quel régal de se laisser encore surprendre par la 3D dans un film  d'animation qui rendrait Tex Avery presque plan plan et dévaluerait la magie des Disney historiques !
Epoustouflant : un carrousel d’images magnifiques, nous sommes embarqués dans le manège poétique et dynamisant d’un cinéma d’aujourd’hui  inventif, fidèle au projet des origines : nous émerveiller.
Nous voyageons avec de drôles d’animaux de l’Afrique à New York où ils veulent retourner en passant par Monte Carlo, Rome, la Suisse, Londres dans les wagons d’un cirque à l’ancienne qui  évoluera vers le merveilleux contemporain en rendant hommage au cirque du Soleil. Comme dans d’autres films d’animation une poursuite tend un rythme infernal.
Je n’ai pas perçu le procédé commercial qui adresse des clins d’œil à l’adulte accompagnant de petits consommateurs justes bons à flatter : je suis redevenu enfant  pendant une heure et demie.

dimanche 28 octobre 2012

Dance. Lucinda Childs.



Quand  après avoir vu son spectacle j’ai cherché quelques renseignements sur la chorégraphe, l’étiquette "post moderne" lui était apposée, notion qui m’évoque Coluche dans «  Omo, plus blanc que blanc » : après le moderne qui date de la renaissance, des cubistes, de la mercière qui a fermé sa moderne boutique, c’est encore du moderne.
Bref !
Le spectacle est bref et pour moi il aurait pu durer jusqu’au bout de la nuit ; les musiques répétitives de Phil Glass ne finissent jamais. La danse se fond dans les rythmes lancinants où se découvrent d’infinies variations, les danseurs sont impressionnants et élégants même pendant les rappels. Parfois, j’aime la beauté quand elle est froide.
Je me suis retrouvé dans cette quête élémentaire du bon pas, comme on peut chercher le mot juste, la seconde exacte où la photographie saisira une vérité.
Nous sommes entrainés dans un tourbillon hypnotique d’une énergie sans transpiration, d’une séduction qui donne le vertige. J’ai pensé aux derviches tourneurs.
Si le temps est aboli durant une heure, l’espace est chamboulé lui aussi avec des projections sur un écran de gaze discret d’images de Sol Lewitt qui accompagnent les 12 acteurs impeccables dans leurs déplacements acharnés et légers, insistants, au-delà de nos pesanteurs.
Quand la rigueur la plus impressionnante donne cet air de liberté le plus élevé, nous applaudissons.

samedi 27 octobre 2012

L’art d’être grand père. Victor Hugo.



Le libraire a été avisé en plaçant en bonne vue le dernier recueil de poèmes de celui qui est bien plus qu’une icône de la république quand elle était fière.
Depuis belle lurette je n’avais acheté de la poésie en pack, le titre m’avait plu, et je venais de vérifier :
« Lorsque l'enfant paraît, le cercle de famille
Applaudit à grands cris.
Son doux regard qui brille
Fait briller tous les yeux,
Et les plus tristes fronts, les plus souillés peut-être,
Se dérident soudain à voir l'enfant paraître,
Innocent et joyeux. »
Ces vers si justes ne figurent  d’ailleurs pas dans ces 260 pages, ils sont extraits des « Feuilles d’automne ».
Par contre « Jeanne était au pain sec » figure dans ce recueil programmatique parmi tant d’autres poèmes. Ces vers à profusion élèvent nos perceptions, nous soulèvent  au dessus du tapis d’activités. Ils m'enchantent le regard au moment où l’œil de ma petite brille, et que ses  premiers mots surviennent,  moment de poésie pure.  
Nous apprenons, non en gaga servile prosterné devant des prouesses technologiques, mais à la source des commencements quand la moindre abeille fait merveille.
Dans son exil à Guernesey,  Victor Hugo vit avec ses deux petits enfants Georges et Jeanne. Il vient de perdre sa femme, ses fils Charles, et François-Victor. Adèle sa fille est internée.
Bien sûr les références à l’antique m’ont dépassé et ses allusions à des contradicteurs d’alors m’indiffèrent, comme ces gouffres sombres qui s’ouvrent  trop souvent en bout de ligne. Parfois j’ai eu le sentiment de me retrouver dans un jardin à la française peuplé de statues alors que c’est lui qui nous apprend aussi à préférer les fécondes broussailles.  
Quelle force, quelle fluidité, quelle humanité ! Il se coltine aux bigots et regarde vivre l’innocence, il extrait de chaque vibration de l’air de sublimes images.
« Je suis l’ancêtre aimant ces nains que l’aube azure,
Et regardant parfois la lune avec ennui,
Et la voulant pour eux, et même un peu pour lui ;
Pas raisonnable enfin. C’est terrible. Je règne
Mal, et je ne veux pas que mon peuple me craigne ;
Or, mon peuple, c’est Jeanne et Georges ; et moi, barbon,
Aïeul sans frein, ayant cette rage, être bon,
Je leur fais enjamber toutes les lois, et j’ose
Pousser aux attentats leur république rose. »

vendredi 26 octobre 2012

Peut-on encore produire en France ?



Au forum de Libération désormais lointain, dont je donne un dernier compte rendu, ce débat majeur concernant le « made in France » est revenu alors que les produits Apple par exemple sont « made in Monde ». Quand en Allemagne il s’agit plus d’assemblages : « Made by Germany », avec externalisation des productions dans les pays de l’Est.
Le rappel que depuis les années 80 la France a perdu 2 millions d’emplois industriels, pose des questions cruciales. Cette saignée est sans égal en Europe.
Parmi les intervenants Pascal Canfin alors député européen EE, les verts, très pédagogique :
« J’ai visité récemment une scierie dans les Ardennes : les arbres sont coupés en France puis les troncs partent en Chine pour être transformés en planches de parquet qui sont ensuite vendues en France. »  
« Dans le tunnel du Mont Blanc, un camion français chargé de bouteilles de Badoit croise un camion italien chargé de bouteilles d’eau San Pellegrino. »
Jacques Rigaudiat, économiste : 
« la mondialisation, c’est d’abord et principalement l’Europe : elle représente les 2/3 de notre commerce extérieur. L’Allemagne - cliente ou vendeuse - est notre premier partenaire ; et il faut sans doute quelque peu se forcer pour admettre que nos importations depuis la Belgique, ou l’Italie, ne sont que de peu inférieures à celles en provenance de Chine ! Et que c’est avec la Grande-Bretagne que notre excédent est le plus important ! »
De quoi secouer des idées toutes faites avec de surcroit Gérad Mancret de la  CGPME de l’Isère qui souligne les blocages culturels de « la France qui n’aime pas son industrie », en témoigne l’orientation dans l’éducation nationale quand Polytechnique produit  aujourd’hui plus de traders que d’ingénieurs !
Ce n’est pas le coût du travail qui plombe la France, la main d’œuvre représente seulement 10% de la valeur des produits, par contre l’absence de politique en matière de change pénalise les entreprises qui attendent une harmonisation fiscale et sociale.
La relocalisation semble peu plausible sauf dans l’agro alimentaire mais le rapport de force avec la Chine néo-impérialiste suppose un volontarisme qui dépasse les effets d’annonce d’un jour en appelant à la réciprocité.
Les intervenants ne se sont pas attardés sur  les causes d’une situation dégradée gravement  avec la grande distribution en outil de destruction ni sur le blocage des prix qui a coûté cher au tissu industriel.
Les propositions n’empruntent pas les facilités tribuniciennes du protectionnisme, quand l’état   reprendrait vigueur en stratège répondant aux besoins sociaux par le développement des services collectifs.
Avec la simple idée d’augmenter la durée de garantie des biens comme l’électro ménager nous avancerions vers une économie plus durable. Investir dans l’isolation des logements permettrait  aussi de diminuer l’importation d’énergies fossiles.
Plus récemment Rocard  rappelait: « les délocalisations pèsent pour moins de 9% de notre chômage. »
...............
Proposé sur Facebook:
 

jeudi 25 octobre 2012

L’histoire de France vue d’ailleurs. Books.



Un dessin du chapeau de Napoléon figure en première page de la revue « Books » de juillet août pour illustrer les cent pages consacrées à notre histoire vue depuis l’étranger.
C’est que le corse est le français le plus connu dans le monde, il fut populaire jusque chez les anglais.
Nous sommes invités à réviser bien de nos images : Charlemagne n’a pas vraiment créé l’Europe, cependant « il œuvra pour le renouveau des écoles et de la connaissance », Saint Louis ne gardait point l’épée dans son fourreau,  Jeanne ne s’appelait point d’Arc, et la figure de Robespierre reste encore énigmatique, le couple Thorez/Vermeersch élevé hors sol témoigne de la foi d’alors dans l’URSS. L’instrumentalisation ne date point d’aujourd’hui : pourquoi Jeanne  oubliée après sa mort renaitra ? La sanctification du Louis vint à un moment où l’église s’affaiblissait.
«Les morts vivent plus longtemps en France que partout ailleurs » Sudhir Hazareesingh
Tout aussi mythiques, des phénomènes collectifs tels que la sorcellerie sont revisités, ainsi que la légion étrangère, l’exode de 1940 venant après celui de 14, la guerre franco anglaise de 1940 à 42…
La pauvreté sous la révolution française ne régressa point.