vendredi 19 octobre 2012

Taxation sur les œuvres d’art.



L'amendement concernant l'élargissement de l'impôt de solidarité sur la fortune aux œuvres d'art d'une valeur supérieure à 50 000 €uros.a été démonté avant même d’avoir été discuté. 
Libé mon journal,  la radio, le maire de Grenoble, et tant de conservateurs-on dit comme ça- de musées s’y sont opposés, et le premier ministre  lui-même s’est montré ferme sur ce coup, pour ne rien changer.
Cette unanimité m’effraie quand sont convoqués les jeunes artistes dans le même show room que les galeristes, le patrimoine confondu avec la création : l’art ne valant que par ses marchands.
Koons était trader.
Depuis les pigeons, tout bruissement d’aile fait rentrer sous terre les pusillanimes gouvernants qui gouvernent si peu : la pensée unique de la corporation journalistique qui se tient  par ailleurs  devant sa niche intouchable donne le cap : taxez la bière, il n’y en aura guère dans les vernissages !
Alors que s’approche l’hiver, quelque artiste épatera la galerie sur la situation de quelques pauvres, des actions de charité pour que les gueux dégagent de sous nos yeux se dérouleront dans les galeries marchandes.
Les officines chargées de lutter contre la solidarité  pourront toujours afficher :
« L’acquisition et la détention d’objets d’art, de collection ou d’antiquité peut constituer une excellente façon d’optimiser sa fiscalité patrimoniale. »
Mon optimisme à voir changer l’ordre des choses en prend un coup.
J’ai beau savoir que les branchages exposés dans un giga galerie qui vient de s’ouvrir en banlieue parisienne n’auraient pu servir sous aucune marmite sahélienne, les sommes indécentes qui se baladent dans ces cercles donnent le tournis.
Peut être que cet impôt aurait été contre productif, mais mes footeux bien aimés, mes toiles bienfaisantes ne peuvent-ils contribuer à l’entraide ?
Je m’en vais de ce pas feuilleter un album de photos anciennes,  est ce que j’aurai le cœur de reprendre la liste des promesses d’une fiscalité plus équitable,  je vais ramasser des noix…
Je n’ouvrirai pas une soupe Campbell, je vais éplucher une poireau-pomme de terre.
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Dans Politis:
 

jeudi 18 octobre 2012

La collection Merzbacher à Martigny.



Gianadda a de bons amis suisses, et peut nous offrir en sa fondation  une belle exposition d’été (jusqu’au 25 novembre). Les  Merzbacher prêtaient  déjà à des musées des œuvres qu’ils avaient acquises mais leur collection dans son ensemble était peu connue : ces toiles dont certains auteurs étaient parmi les « dégénérés » signalés par les nazis sont présentée à Martigny.
Les grenoblois qui ont découvert le groupe « Die Brücke » l’an dernier pourront réviser avec profit Kirchner, Nolde, Schmidt Rottluff,
l’autre groupe expressionniste «  le cavalier bleu » avec  des Kandinsky que j’ai beaucoup aimé,
et aussi de ceux qui leur furent proches : Ensor,  un Van Dongen lumineux ...
Placée sous le signe de la couleur, les œuvres paraissent éternellement jeunes et encore plus quand on jette un œil au musée de vieilles voitures qui est aussi  présenté dans la fondation.
Toutes ces innovations picturales sont contemporaines des tacots  exposés dont les klaxons à poire finissent par s’essouffler, depuis le temps.
Les vibrations de Sisley, des inédits de Van Gogh,  le tranchant de Lautrec, les évidences de De Wlaminck, la finesse de Ernst,  les rythmes de Delaunay, la familiarité de Renoir, le tragique de Picasso,  les surprises de Malevitch…
Calder et Tinguely débitent le ciel en plaques et mettent les rouages du temps en joie…
Il va me falloir un bon passeur pour  apprendre à aimer Miro, même si  l’intitulé : « oiseau boum boum  faisant sa prière à la tête pelure d’oignon » avait tout pour me charmer.

mercredi 17 octobre 2012

Les enfants de Belle Ville. Asghar Farhadi.



Nous sommes en Iran. 
Ala, un jeune homme, si jeune,  sortant de prison va tout entreprendre pour que son ami Akbar, ancien compagnon de détention  ne soit pas condamné à la peine de mort, maintenant que celui-ci vient d’avoir 18 ans. 
Il en appelle au pardon du père de la jeune fille qui a été tuée par amour.
Firoozeh, la sœur du condamné,  mal mariée va aider Ala dans son entreprise.
Sous les voiles palpitent les passions.
Si la religion console au moment de la mort, elle la convoque bien souvent pour briser les individus, leur vie.
Le réalisateur est l’auteur d’ « Une séparation », qui connut justement le succès.

mardi 16 octobre 2012

Girls don’t cry. Nine Antico.



Si le dessin est retro, j’imagine bien certaines jeunes filles d’aujourd’hui avoir ce type de relations bavardes. Les dialogues sont drôles :
-  Quoi ?!!Pour 1000 €uros, tu ne sauterais pas dans la Seine ?
-  Non.
-  1000…
-  Mais moi pour 100 €uros je le ferais !
- Tu te baignerais dans cette eau verdâtre, pleine de rats crevés, pour l’équivalent d’une paire de lunettes de soleil !
-  Et pour 100 €uros ce sera pas des Gucci !
-  Ouais, bon 500 €uros alors.
Futile, vachard, bébête et lucide. La mode, les garçons « habillés pour l’hiver » et dont elles enlèveraient bien le tee shirt même s’il n’est pas fashion.
Etre conforme ou originale, le grand amour ou la légèreté.
Sous le vernis frivole, la construction d’une personnalité au moment où l’adolescence vire à l’adulescence.

lundi 15 octobre 2012

Holly motors. Leos Carax.



Il devient de plus en plus rare que les cinéastes jouent avec le cinéma, alors le dernier  film de Carax (« Saints moteurs ») peut dérouter.
J’aurai aimé que ce film étrange soit muet parfois : la scène du père qui récupère sa fille à la sortie d’une soirée est tellement artificielle; pourtant j’ai accepté la fantaisie dans les autres séquences.
Les images sont belles, les décors originaux et participent à un rêve qui dure deux heures. Denis Lavant se transfigure depuis une limousine interminable pour nous faire réviser des genres cinématographiques divers en des lieux souterrains, et principalement la nuit.
Il fatigue sous ses perruques changeantes en créant onze personnages : de la mendiante jusqu’au banquier.
Il jouera au tueur qui tuera son double qui le lui rendra bien, il s’en relèvera.
L’humour ne manque pas dans ce questionnement sombre sur notre époque : des inscriptions sur des tombes invitent les passants à consulter le site internet des défunts.
Les jeux ont beau se dérouler sur les plateaux  de tournage les plus contemporains avec des personnages bardés d’électrodes en vue de motion capture, le ton est à la mélancolie même chez l’inventif réalisateur qui  vient de reprendre du service.
« On croit qu’il est midi, mais le jour s’achève. 
 Rien ne veut plus rien dire, fini le rêve.
 On se voit se lever, recommencer, sentir monter la sève. 
 Mais ça ne se peut pas,
 Mais ça ne se peut pas, 
 Non ça ne se peut… » Manset .

dimanche 14 octobre 2012

Wu Wei. Cie Yoann Bourgeois.



Les quatre saisons de Vivaldi sont jouées par un orchestre sur scène ; la musique est bien plus  plaisante que celle qui accompagne habituellement nos vrillantes attentes téléphoniques.
Wu-Wei dans le taoïsme signifie «le non-agir», « être de saison ».
Nous sommes amenés à approcher une autre perception du temps et l’ambition est louable.  
Mais la vitalité  du spectacle précédent «  Les sept planches  de la ruse », son originalité, se sont perdues sous les procédés de scénarisation des nouveaux circassiens bien aseptisés.
Minimalisme, fausse improvisation, paroles, paroles dont on ne sait à qui elles s’adressent.
Pourtant, nous pouvons retenir un moment de belle coordination avec des mouvements de bâtons des acrobates dont le potentiel n’est pas assez mis en valeur.
J’ai eu parfois l’impression d’un spectacle pour touristes avec une fresque historique des évènements de ces dernières années en Chine, expédiée. Les stéréotypes  défilent: le porteur de valise d’où s’échappent des  billets, le bonze, le commissaire politique galopent  sur scène comme chez Galotta.
J’adore Galotta d’autant plus que mon entourage s’en lasse,  mais les  tics de la scène  contemporaine où les artistes font le ménage sur  le plateau, remettent leurs vêtements de ville, ajoutés aux  codes ancestraux de Dalian donnent l’impression d’un spectacle mondialisé bien éclairé mais sans profondeur.

samedi 13 octobre 2012

L’homme qui ne devait pas être président. Antonin André Karim Rissouli.



J’ai apprécié ce cadeau qui reconnaissait mon goût pour la politique mais à vrai dire j’étais un peu lassé des campagnes. Alors c’est avec peu d’enthousiasme que j’ai entrepris les 200 pages et puis un fois dedans je les ai avalées sans peine.
Non que les scoops y abondent mais réviser le parcours qui mène de la Corrèze à l’Elysée   permet de redonner son importance à la durée oubliée sous les dépêches de nos chaines perpétuelles. J’ai lu sur un blog d’un journal «  l’homme qui ne voulait pas être président », il s’agit d’un contresens fâcheux qui en concerne un autre.
Le journaliste de France 2, l’autre de Canal + reprennent la voie qui mena Monsieur 3% à la fonction suprême. Ils n’insistent pas sur les épithètes les plus féroces qui s’abattirent sur le normal président ; celui-ci eut  donc l’occasion  de se montrer magnanime et habile. Si le sort lui fut favorable, son sens du timing fut remarquable et les 600 000 postes éducation nationale, les 75 % pour les plus aisés furent des audaces payantes. Il a su s’affranchir des publicitaires et pour le reste il suffisait de faire le contraire du calamiteux d’en face pour être dans le vrai. 
Cette remarque personnelle est en marge du processus qui met en valeur les moments charnières depuis l’élection serrée d’un conseiller général en Corrèze et l’intention de Chirac de voter pour Hollande, le choix de Ségolène entre les deux tours des primaires, Le Bourget …  Il n’avait pas attendu DSK et dans les confrontations télévisées l’ascendant qu’il prit face à Juppé fut  plus décisif que face à l’autre qui ne connut  de la France que celle des villages Potemkine et nous fit tellement honte.