mercredi 26 septembre 2012

Requiem for a dream. Darren Aronofsky.



Film de 12 ans d’âge,  trop clinquant à mes yeux fatigués des éclairs,  m’a laissé indifférent, pourtant ces jeunes qui s’abiment dans la drogue pourraient nous émouvoir.
L’abus d’effets nuit à la compassion.
Le signe égal placé à équidistance parmi toutes les dépendances - pour éviter  le mot usé « addiction »- est vraiment simpliste : entre les gâteaux devant des émissions débiles et l’héroïne, ce n’est pas pareil !
Mémère finit en psychiatrie, son fils perd plus qu’un bras.
La façon de filmer est celle des clips où la musique compte avant tout, pourtant celle du Chronos quartet  ce n’est pas rien mais il n’en subsiste pas grand chose.
La succession des images ne décrit pas des personnages, elle les soumet à l’état de fantoches ayant perdu tout libre arbitre.
Les rêves sont conventionnels, la réalité sans mystère.

mardi 25 septembre 2012

Pascin. Joann Sfar.



Il s’agit de la  libre biographie du peintre  Julius Pinkus dit Pascin dans les années 20, aux riches heures de Montparnasse. On y croise Hemingway, légèrement ridicule, Chagall, Soutine, Kokoshka, dans les ateliers, les bordels, les cafés.  
Ces peintres juifs ont bataillé avec la représentation de l’homme, et de la femme :
« Tu n'auras pas d'autres dieux devant moi. Tu ne te feras point d’idole de ce qui est dans les cieux, là-haut, ou sur la terre, ici-bas, ou dans les eaux, au-dessous de la terre. »Exode XX 2
Le peintre  suicidaire ressemble à Gainsbourg et trimballe un même humour désenchanté.
La bohème exhibe ses charmes vénéneux avec ses modèles, ses putes, ses voyous, des bouchers auxquels Soutine achète une carcasse, un soupeur.
Dans cette traversée d’une vie agrémentée  à forte teneur érotique,  d’un trait souple, sensuel,  Sfar, évoque la folie, la création artistique, l’amour, la mort.
Le dessin séduit,  ajoute des dimensions à la vie et transcende un quotidien misérable.
C’est puissant, décalé, original.

lundi 24 septembre 2012

Cherchez Hortense. Pascal Bonitzer.



Le titre n’est pas évident : Hortense  est le nom de quelqu’un de haut placé qui pourrait épargner une expulsion à une  jeune femme sans papier.
Dans les Inrock :  
« « Je vais voir Hortense » serait tout simplement une façon déguisée, dans le langage populaire des Ardennes que Rimbaud connaissait bien, de dire : « Je vais aux cabinets ». Ultime pied de nez de Bonitzer aux hommes de pouvoir, aux hommes de « cabinet » de son film, qui se comportent comme des merdes? »
Qui le sait ? Ce type de clin d’œil nous ramènerait à cette fâcheuse tendance du cinéma français à ne parler que pour un microcosme.
Pourtant la comédie aux dialogues ciselés avec un adolescent aux sentences jubilatoires va au-delà du Palais Royal et des préoccupations de bobos las.
Les rapports père/fils, la liberté, la responsabilité, le piston ; des craintes infantiles peuvent subsister même pour un expert des mentalités chez les maîtres du monde…
Souvent je suis gêné de trop connaître les artistes qui font écran aux personnages qu’ils incarnent. Et là j’ai aimé leur jeu : Jean-Pierre Bacri, Kristin Scott Thomas, Claude Rich, Berroyer…
Ils croient être les metteurs en scène de leur vie et  sont coincés comme tout un chacun,  ils nous font sourire de leurs vains bavardages, de leurs pathétiques emballements.

dimanche 23 septembre 2012

William Forsythe. Ballet de l’Opéra Lyon.



Avec le document distribué à l’entrée pour accompagner  ce spectacle à la MC2, nous savons que nous allons rencontrer une figure majeure de la danse, beaucoup copié dans les années 2000, comme Pina Bausch le fut dans les années 90, Cunningham dans les années 80 et Béjart dans les années 70.
Les figures sont classiques et la mise en scène contemporaine ; beaux mouvements, beaux danseurs et belles danseuses, mais leur énergie ne déborde pas du plateau dans la première partie avec une musique de Berio difficile.
Par contre  le morceau «  quintett » de la deuxième partie avec la voix lancinante « Jesus Blood Never failed me » (le sang de Jésus jamais ne m'a trahi) est émouvant tout en gardant la rigueur, la vitalité qui traversent toute la représentation vivement applaudie.
La chute est inévitable, l’intensité, l’élégance n’y pourront rien changer.

samedi 22 septembre 2012

Anquetil tout seul. Paul Fournel.

Ce n’est pas  seulement une biographie de plus à propos d’un champion qui demeure un mythe pour toute une génération. « Facile à admirer et si difficile à aimer »
Mais tout est dit : Bordeaux- Paris  gagné juste après le critérium du Dauphiné, les grands prix de Lugano, les équipiers, les femmes, le champagne, les stimulants, l’argent, ses souffrances, son mystère… bien écrit.
Cet exercice d’admiration sans flafla parle du Grand Jacques et bien sûr de l’auteur lui-même avec intensité et finesse.
En vue de la ligne d’arrivée de ces 150 pages, un joli tour littéraire mérite le bouquet.
Je fus un partisan de Poulidor le besogneux et j’ai aimé ce livre dont la photo de couverture souligne l’inquiétude de l’élégant rouleur. 
« Je me souviens avoir pleuré le jour où Anquetil a décidé d’abandonner dans le Tour de France- d’abandonner le Tour et le vélo. Je l’imaginais faire cela avec hauteur, perché sur le toit du monde, comme Bobet au sommet de l’Iseran. Point du tout : Anquetil a fini dans un obscur trou de pluie. Il s’est arrêté là, en pleine peur, pour abandonner au milieu d’une descente, sous un orage froid. Ce froid glacé, je l’ai partagé un moment. Quelque chose s’est gelé en moi qui était peut être ma jeunesse, tout simplement, où l’envie forcenée d’être un autre. »

vendredi 21 septembre 2012

« Ça mange du bon Dieu, ça chie le diable » (bis)



Décidément semaine après semaine, ce titre s’impose : voir une semaine en arrière sur ce blog quand il était question des évadés fiscaux.
Cette fois  ce sera sur le mode tragique et au premier degré tant les  pieux démons se sont déchainés récemment.  
Et ce n’est pas de la rigolade; l’humour n’est pas la qualité première des provocateurs de tous bords, des preneurs au pied de la lettre, des frustrés déchainés.
 « Qui veut faire l’ange fait la bête », sous les arcades sublimes que de conneries !
Certes les fondamentalistes religieux n’ont pas le monopole de la haine démonstrative, des individus agrégés appartenant à d‘autres sages civilisations peuvent perdre tout discernement et remettre en cause le caractère sacré d’une ambassade, d’une école, d’une vie.
Tant de foyers de haine sont attisés par les dévots que nous les laïcards sommes pressés de ressortir les couverts qui accompagnèrent nos festins de bouffeurs de soutane, nous qui aimons tant les chevelures  offertes au vent, la liberté.  
Aujourd’hui cette impatience  je la modère car la  réponse de Charlie hebdo à l’emprise des excités crispe nos sourires, les réactions délirantes dépasseront encore le prévisible.
La provoc ajoutée à la provoc ne conduit pas les excités à la modération, à la compréhension.
Est ce que la sagesse s’approche parfois de la lâcheté ?
Si la foi a porté l’homme au dessus de lui-même, depuis des millénaires les routes du paradis dégoulinent de sang.
La religion musulmane serait celle des mâles, la catholique celle de vieilles femmes, mais l’une comme l’autre, si elles capitonnent nos cercueils, gâchent bien des vies ici et de plus en plus.
Qu’elles nous foutent la paix !  
Que les imans admettent que d’autres puissent apprécier le saucisson, et les curés qu’ils laissent tranquilles les homos, les derniers à vouloir se marier avec les curés défroqués. 



jeudi 20 septembre 2012

Trainspotting. Danny Boyle.



Je ne me souvenais que de la scène des chiottes les plus infâmes d’Ecosse et de l’écho lointain du succès qu’il connut à sa sortie en 1996. Je pensais que ce film aux allures d’ « Orange mécanique » un brin plus déglingué encore aurait vieilli… eh bien non !
C’est que l’époque a fini par ressembler à cette tragi comédie ambiguë, rythmée où la drogue est présentée comme un orgasme multiplié par mille, une alternative à une vie conformiste où tout de même les bébés abandonnés peuvent en tourmenter certains. 
La bande son séduisante ajoute au charme vénéneux où de surcroit l’humour vient au secours de personnages qui se comportent comme des caricatures depuis la pensionnaire délurée sous son uniforme d’une public scholl jusqu’au psychopathe dangereux dont la dénomination est désormais banale dans les cours de récréation.
Le sordide avec une bonne musique devient pittoresque.
Ne sommes nous pas devenus, comme ceux qu’évoquent le terme « trainspotting », des maniaques des chemins de fer, semblables à ceux qui se focalisent sur des collections insignifiantes pour éviter d’être engloutis par les tourments, l'absurdité du monde ?