Encore un effet du dithyrambe critique qui aurait vu volontiers un prix à Cannes pour ce film; je sors de cette chronique agréable avec un léger sentiment de déception. Je n’ai absolument pas retrouvé la noirceur des âmes dont parlait Libération, sans aller jusqu’à rejoindre le Petit Bulletin qui parle de mépris de l’auteur et des personnages principaux. Le gratuit grenoblois à côté de qui les Inrocks apparaît comme un pourvoyeur des critiques consensuelles.
Quatre saisons dans le jardin et autour de la table d’un couple de la classe moyenne anglaise auprès de qui viennent se réchauffer des solitudes sérieusement imbibées. Miroir de nos propres arrangements qui aident aux relations, avec sa part de rites, de jeux de rôles, de rires, où l’aveuglement peut côtoyer la bienveillance ; ce film fait discuter. Si je crois que l’amitié se nourrit de réciprocité sur une base égalitaire, les relations décrites par Mike Leigh et sa troupe ne sont pas toujours de cette eau. Le vin est bon autour des barbecues et les tomates du jardin savoureuses. Il arrive si souvent dans la vraie vie que l’on dise « si c’était au ciné, on trouverait ça exagéré » alors je ne sais si les personnages sont caricaturaux, mais j’aurai goûté plus d’ambigüité, de nuances.
lundi 3 janvier 2011
dimanche 2 janvier 2011
Leçon de jazz # 2 : Bill Evans.
Antoine Hervé au piano a beau être un pédagogue emballant, je n’ai pas tout saisi de ses explications à la MC2. Quand il évoque la « working bass », il arpente la scène en rythmes différents, il mime l’orchestre et la formation de Duke Ellington et ses balancements occupe alors le plateau. Mais si « la tonique » et « le modal » ont gardé leurs secrets, j’essaye de mieux approcher les subtilités d’un compositeur raffiné marqué par Ravel et une ascendance russe qui inspirera le ton des dédicaces qu’il adressera à son père. Romantique comme Chopin, il se distingue de Peterson qui correspondrait lui au virtuose Liszt. Plus chercheur de mélodies qu’embarqué dans les beats impassibles. Peu sûr de lui, recroquevillé sur son clavier, le blanc va connaître la notoriété après sa rencontre avec la super star Miles Davis, le noir. C’est « Kind of Blue », l’album de jazz le plus vendu au monde. Tout à ses improvisations qui l’ont fait reconnaître comme un des plus grands, il laisse la place à la batterie et à la contrebasse qui sortent alors des limites accordées jusque là, dans un trio très « interplay ». La valse lui va bien pour traduire la mélancolie. « Quand les étoiles s’éteignent » ; en 1980 il meurt, il était né en 29, la drogue, ce singe qui s’agrippait à son épaule, l’avait étranglé.
samedi 1 janvier 2011
2010 est passé. Bon 2011.
J’ai choisi cette image d’une rue obscure de Lyon pendant la fête des lumières, avec des coins rendus à la nuit, pour mieux faire ressortir la magnificence des lieux illuminés.
Que 2011 connaisse des couleurs plus gaies que la dite année dix qui fut plutôt sombre, même si c’est toujours le même peintre qui tient le pinceau noir !
« Peintre » désignait un piètre joueur dans l’argot un peu désuet au bord des terrains de foot ou de rugby, avec ceux qui savent de quoi on parle quand « le cochon est dans le maïs », mais ce n’est pas encore 2012.
Bon MMXI.
Que 2011 connaisse des couleurs plus gaies que la dite année dix qui fut plutôt sombre, même si c’est toujours le même peintre qui tient le pinceau noir !
« Peintre » désignait un piètre joueur dans l’argot un peu désuet au bord des terrains de foot ou de rugby, avec ceux qui savent de quoi on parle quand « le cochon est dans le maïs », mais ce n’est pas encore 2012.
Bon MMXI.
L’horizon. P. Modiano.
« Les mots dont il remplissait son carnet évoquaient pour lui l’article concernant la « matière sombre » qu’il avait envoyé à une revue d’astronomie ».
De belles pages sur la mémoire, l’émergence, parmi les brumes de journées ensoleillées. A la recherche indolente du temps. Deux personnages échappent à ceux qui les poursuivent, ils se rencontrent et se perdent. Nous les suivons dans leurs déambulations incertaines dans un univers de papier où les librairies sont désertées par les clients, où les éditions du « sablier » ont cessé leurs activités. Je n’ai pas saisi le sens de ce titre, mais cette incompréhension est légère pour rester dans le ton de ces 170 pages rêveuses comme des aquarelles charmantes peintes par-dessus un plan de Paris d’il y a quelques années.
« Il avait toujours imaginé qu'il pourrait retrouver au fond de certains quartiers les personnes qu'il avait rencontrées dans sa jeunesse, avec leur âge et leur allure d'autrefois. Ils y menaient une vie parallèle, à l'abri du temps... Dans les plis secrets de ces quartiers-là, Margaret et les autres vivaient encore tels qu'ils étaient à l'époque. Pour les atteindre, il fallait connaître des passages cachés à travers les immeubles, des rues qui semblaient à première vue des impasses et qui n'étaient pas mentionnées sur le plan. En rêve, il savait comment y accéder à partir de telle station de métro précise. Mais, au réveil, il n'éprouvait pas le besoin de vérifier dans le Paris réel. Ou plutôt, il n'osait pas... »
De belles pages sur la mémoire, l’émergence, parmi les brumes de journées ensoleillées. A la recherche indolente du temps. Deux personnages échappent à ceux qui les poursuivent, ils se rencontrent et se perdent. Nous les suivons dans leurs déambulations incertaines dans un univers de papier où les librairies sont désertées par les clients, où les éditions du « sablier » ont cessé leurs activités. Je n’ai pas saisi le sens de ce titre, mais cette incompréhension est légère pour rester dans le ton de ces 170 pages rêveuses comme des aquarelles charmantes peintes par-dessus un plan de Paris d’il y a quelques années.
« Il avait toujours imaginé qu'il pourrait retrouver au fond de certains quartiers les personnes qu'il avait rencontrées dans sa jeunesse, avec leur âge et leur allure d'autrefois. Ils y menaient une vie parallèle, à l'abri du temps... Dans les plis secrets de ces quartiers-là, Margaret et les autres vivaient encore tels qu'ils étaient à l'époque. Pour les atteindre, il fallait connaître des passages cachés à travers les immeubles, des rues qui semblaient à première vue des impasses et qui n'étaient pas mentionnées sur le plan. En rêve, il savait comment y accéder à partir de telle station de métro précise. Mais, au réveil, il n'éprouvait pas le besoin de vérifier dans le Paris réel. Ou plutôt, il n'osait pas... »
vendredi 31 décembre 2010
Les meilleurs voeux de Nicolas Sarkozy 2011
Vu sur Rue 89, c'est une réalisation du Parti Communiste français.
Lutte contre les discriminations, la république est-elle encore crédible ?
Il a fallu, dans le public de ce débat au forum de Libération, qu’une femme couverte d’un foulard suggère que l’on parle de l’homosexualité à l’école pour que l’on sorte des paroles convenues et des pieux vœux.
Pourtant à la table, ce n’est pas un hasard, sur le sujet, deux femmes, et c’est rare (15 femmes pour 102 hommes intervenants au forum de libé) : Najat Vallaud-Belkacem, adjointe au maire de Lyon, et Jeannette Bougrab, alors présidente de la Halde.
J’aggrave mon cas, camarades féministes, en voyant l’une en charmant renard des sables et l’autre en lionne voire en lion mais n’a-t-elle pas dit elle même qu’elle se battrait « comme une tigresse » ; reste que je n’avais pas décrit Minc en fouine !
La Halde (Haute Autorité de Lutte contre les Discriminations et pour l'Egalité) est en sursis, sa présidente, en apparence déterminée, s’aplatit devant le président siphon du FN; elle s’est surtout fait remarquer par un management déplorable de son institution où elle vient d’entrer en commençant par augmenter ses indemnités, par contre son silence sur les roms a été retentissant. Bougrab, dont j’avais apprécié pourtant la détermination à donner raison à la crèche associative qui voulait se séparer d’une employée voilée : « il n’y a pas de raison que la laïcité soit moins bien protégée que la liberté religieuse», refusait toute étiquette politique au moment du débat, elle est depuis au gouvernement ; quand les lions vont boire.
Elle peut bien écrire : « la République n’a pas seulement à être crédible dans la lutte contre les discriminations. Elle se doit de faire sans relâche la preuve de son efficacité. » Nos regards s’attardent au plafond de la belle salle de l’Hôtel de ville.
Je suis plus enclin à croire l’adjointe à Gégé (Colomb), Vallaud Belkacem, quand elle pointe le recul des valeurs de la République, le manque de perspectives. Quant à « renouer avec les idéaux d’une République laïque, sociale, émancipatrice, égalitaire et progressiste », à c’t’heure où les résistants pour ne pas tout perdre en prennent plein les dents, ça fait beaucoup et loin.
….
D’après une brève du « Canard » de Noël : Dans une filiale d’Alcatel la direction a refusé de verser une prime à ses salariés en CDD. Les salariés en CDI, ont décidé de reverser la prime à laquelle ils avaient droit à leurs copains précaires.
Et le dessin du même palmipède :
Pourtant à la table, ce n’est pas un hasard, sur le sujet, deux femmes, et c’est rare (15 femmes pour 102 hommes intervenants au forum de libé) : Najat Vallaud-Belkacem, adjointe au maire de Lyon, et Jeannette Bougrab, alors présidente de la Halde.
J’aggrave mon cas, camarades féministes, en voyant l’une en charmant renard des sables et l’autre en lionne voire en lion mais n’a-t-elle pas dit elle même qu’elle se battrait « comme une tigresse » ; reste que je n’avais pas décrit Minc en fouine !
La Halde (Haute Autorité de Lutte contre les Discriminations et pour l'Egalité) est en sursis, sa présidente, en apparence déterminée, s’aplatit devant le président siphon du FN; elle s’est surtout fait remarquer par un management déplorable de son institution où elle vient d’entrer en commençant par augmenter ses indemnités, par contre son silence sur les roms a été retentissant. Bougrab, dont j’avais apprécié pourtant la détermination à donner raison à la crèche associative qui voulait se séparer d’une employée voilée : « il n’y a pas de raison que la laïcité soit moins bien protégée que la liberté religieuse», refusait toute étiquette politique au moment du débat, elle est depuis au gouvernement ; quand les lions vont boire.
Elle peut bien écrire : « la République n’a pas seulement à être crédible dans la lutte contre les discriminations. Elle se doit de faire sans relâche la preuve de son efficacité. » Nos regards s’attardent au plafond de la belle salle de l’Hôtel de ville.
Je suis plus enclin à croire l’adjointe à Gégé (Colomb), Vallaud Belkacem, quand elle pointe le recul des valeurs de la République, le manque de perspectives. Quant à « renouer avec les idéaux d’une République laïque, sociale, émancipatrice, égalitaire et progressiste », à c’t’heure où les résistants pour ne pas tout perdre en prennent plein les dents, ça fait beaucoup et loin.
….
D’après une brève du « Canard » de Noël : Dans une filiale d’Alcatel la direction a refusé de verser une prime à ses salariés en CDD. Les salariés en CDI, ont décidé de reverser la prime à laquelle ils avaient droit à leurs copains précaires.
Et le dessin du même palmipède :
jeudi 30 décembre 2010
Afrique(s). Raymond Depardon
Je me permets sans vergogne de me sentir à proximité de l’immense photographe parce qu’il sait de quoi il parle quand il aime « la lumière dorée de la fin des jours d’été, au moment des foins, quand les jours sont si longs ». Il peut être trop bavard dans ses prudences et tellement modeste, ostensiblement.
Il trimballe son identité de paysan de Saône et Loire depuis le Cap jusqu’à Marseille avec de nouvelles photos et un texte inédit sur les traces d’un film « L’Afrique, comment ça va avec la douleur ? » qui avait été une source de divergence familiale, historique.
Les sourires éclatants et les lits de souffrance, les foules génocidaires et les amoureux d’Alexandrie, la violence et l’élégance.
« Les maladies sont : la dysenterie, les diarrhées sanglantes, les amibes, la bilharziose, l’onchocercose (cécité des rivières), la maladie du sommeil, la leishmaniose, la tuberculose, la lèpre, la gale, la méningite, la rougeole et le paludisme. »
Je le suis pas à pas avec cette édition chez le Point Seuil dans cette Afrique ( Tchad, Angola, Ethiopie, Egypte, Mozambique… ) tragique et pudique.
Il trimballe son identité de paysan de Saône et Loire depuis le Cap jusqu’à Marseille avec de nouvelles photos et un texte inédit sur les traces d’un film « L’Afrique, comment ça va avec la douleur ? » qui avait été une source de divergence familiale, historique.
Les sourires éclatants et les lits de souffrance, les foules génocidaires et les amoureux d’Alexandrie, la violence et l’élégance.
« Les maladies sont : la dysenterie, les diarrhées sanglantes, les amibes, la bilharziose, l’onchocercose (cécité des rivières), la maladie du sommeil, la leishmaniose, la tuberculose, la lèpre, la gale, la méningite, la rougeole et le paludisme. »
Je le suis pas à pas avec cette édition chez le Point Seuil dans cette Afrique ( Tchad, Angola, Ethiopie, Egypte, Mozambique… ) tragique et pudique.
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