En attendant, que ça se calme après les révolutions humaines voire l’Apocalypse, c’est une heure et demie d’intensité que nous offre Angelin Prejlocaj qui a réuni son ballet à celui du Bolchoï avec une scénographie de Sudho Gupta plasticien en vogue et des costumes d’Igor Chapurin qui habilla quelques miss Univers. La musique est de Laurent Garnier que j’ai eu le mauvais goût de confondre avec David Guetta, autre Disc Jockey qui œuvre dans l’électro; par contre j’ai reconnu « le chant des canuts » en version quasi subliminale.
Cette équipe va accroitre la réputation du chorégraphe dont la notoriété devient bien sûr inversement proportionnelle à l’estime que lui vouent les critiques spécialisés.
Je ne me suis pas attaché à des références du livre de l’Apocalypse que je ne connais pas, mais mon regard de néophyte a été capturé par les mouvements : l’harmonie est au rendez-vous de chaque seconde du spectacle, même quand les gestes ne sont pas les mêmes.
On redemande ce bruit et cette fureur sous ces beaux éclairages où une goutte de lumière scintille sur un plateau argenté, où des chaines tombant des cintres vous font bondir avant que les danseurs s’en emparent pour un des moments les plus forts. Les corps emballés dans du plastique sont beaux, et chaud le duo amoureux. Et je ne rechigne pas à la symbolique des livres qui obturent les bouches : autant ils sont émancipateurs en ribambelle autant « Le » livre oppresse au singulier. Les danseurs se jouent des parois, et il n’y a pas que les angelots qui peuvent décoller, nous élever au dessus des trottoirs verglacés. Les groupes se fondent dans de puissantes allégories et deux agneaux aux pattes frêles arrivent sur le plateau après une esthétique lessive des drapeaux. Un ami m’a appris que le pouvoir russe n’avait pas souhaité que leur drapeau figurât parmi les tissus bien rincés.
dimanche 26 décembre 2010
samedi 25 décembre 2010
Memo.
Ce nouveau magazine mensuel affiche en évidence en première page : «L’histoire éclaire le présent », l’histoire éclair : lecture rapide, variée, agréable. Le gai savoir. Même si l’alibi d’une exploitation pédagogique n’est plus valable en ce qui me concerne, je fonce toujours volontiers sur les nouveautés chez les marchands de journaux. Entre révision et découverte j’ai été séduit par ce premier numéro du groupe de presse : « ça m’intéresse ». Du genre « Voici » au temps de Louis XV (Bruni et Pompadour) avec des informations qui approfondissent, relativisent notre brouet informatif quotidien par des articles prolongeant, signalant des livres parus dans la période, des expositions, des émissions de télévision, voire un jeu vidéo qui permet d’examiner sur papier Colt et Winchester. Fouquet par Lorant Deutsch, les « cols rouges » de l’hôtel Drouot, Joséphine Baker espionne, et les réflexions sur l’éducation depuis l’antiquité avec les silences de De La Salle, les druides respectés, la rhétorique comme mère de la démocratie… les people et la Mafia, quelques jeunes prodiges… Je serai moins ignorant du Docteur House, héros de série à succès puisqu’il semble un concentré de Grèce antique : Oedipe, Cassandre et Diogène. Comment les Papous ont vu leurs premiers blancs, et cet instit qui retrouve l’histoire enfouie de ce camp de concentration de tziganes du côté de Saumur.
Du léger et du grave, des brèves concernant des objets de nos greniers où l’origine d’expressions.
Episode garanti véridique après l’attentat du Petit-Clamart visant le général De gaulle en 62 :
Charles : « Cette fois c’était tangent. Ces gens là tirent comme des cochons. »
Yvonne : « Et les poulets, ils n‘ont rien ? »
Un policier : « Non madame, les policiers qui suivaient sont… »
Yvonne : « Je parle des poulets, de la volaille qui était dans le coffre. »
Du léger et du grave, des brèves concernant des objets de nos greniers où l’origine d’expressions.
Episode garanti véridique après l’attentat du Petit-Clamart visant le général De gaulle en 62 :
Charles : « Cette fois c’était tangent. Ces gens là tirent comme des cochons. »
Yvonne : « Et les poulets, ils n‘ont rien ? »
Un policier : « Non madame, les policiers qui suivaient sont… »
Yvonne : « Je parle des poulets, de la volaille qui était dans le coffre. »
vendredi 24 décembre 2010
Kärcher
Les branches mortes de l’année 2010 se recouvrent de blanc.
Les rétrospectives s’apprêtent, les bêtisiers vont envahir les écrans et tiendront lieu de mémoire, forcément.
Ce n’était pas pour « la caméra cachée » quand des stagiaires de l’éducation nationale en mal de formation ont dû assister à une conférence tenue par… des officiers de l’armée.
Cette petite nouvelle est consternante, elle vient parmi un fagot d’informations décourageantes, entre une pétition pour la défense de l’hôpital public et les silences à propos de la défaite des retraites.
Des échos anecdotiques à la pelle s’installent dans une cohérence toxique pour ceux qui ont cru à un état irréprochable, à des responsables respectables.
Les automobilistes fautifs récupéreront leurs points plus vite grâce aux députés qui ne mégotent pas sur leurs propres avantages et travaillent à l’opacité sur leur situation personnelle.
Les rares remises en cause des niches fiscales visent des dispositions allant dans le sens des économies d’énergie : Grenelle à la poubelle.
Hortefeux ministre soutient des policiers qui avaient fait de faux témoignages, ministre par ailleurs condamné par la justice.
Les déclarations du président en matière de politique étrangère sont inappropriées.
Il appelait lui-même Kouchner et sa compagne : les Thénardier, c’est dire le cynisme qui règne en ces hauteurs où s’est tellement humilié l’ancien Médecin Sans Frontières et d’autres. L’image de la France est bien détériorée et ce n’est pas un mannequin qui contrariera l’affaiblissement de nos représentations, de notre langue. Elle a juste permis d’ouvrir nos yeux sur les connivences des cercles où valsent Snobservateurs et ces gars là.
Dati et Yade cherchent la lumière des spots qui grillent si vite et Woerth les fuit, il ne pourra se réfugier dans un paradis fiscal puisqu’ils ont disparu, a-t-on dit.
Il aurait pu au moins prétendre à la prime que vont toucher les recteurs les plus efficaces à casser l’éducation nationale, car le ministre dénieur a été quand même un grand artisan de la déchéance de la morale publique.
Le Kärcher qui fut un produit phare il y a quelques années ne crachote plus qu’une eau brune, il a dévasté la morale, nos morals.
Nous avons beau panser nos plaies à l’humour noir, je n’arrive plus à soulever mes commissures et ne vois plus qu’une société désolée, aux valeurs fracassées, sombre.
Dessin de Politis :
Les rétrospectives s’apprêtent, les bêtisiers vont envahir les écrans et tiendront lieu de mémoire, forcément.
Ce n’était pas pour « la caméra cachée » quand des stagiaires de l’éducation nationale en mal de formation ont dû assister à une conférence tenue par… des officiers de l’armée.
Cette petite nouvelle est consternante, elle vient parmi un fagot d’informations décourageantes, entre une pétition pour la défense de l’hôpital public et les silences à propos de la défaite des retraites.
Des échos anecdotiques à la pelle s’installent dans une cohérence toxique pour ceux qui ont cru à un état irréprochable, à des responsables respectables.
Les automobilistes fautifs récupéreront leurs points plus vite grâce aux députés qui ne mégotent pas sur leurs propres avantages et travaillent à l’opacité sur leur situation personnelle.
Les rares remises en cause des niches fiscales visent des dispositions allant dans le sens des économies d’énergie : Grenelle à la poubelle.
Hortefeux ministre soutient des policiers qui avaient fait de faux témoignages, ministre par ailleurs condamné par la justice.
Les déclarations du président en matière de politique étrangère sont inappropriées.
Il appelait lui-même Kouchner et sa compagne : les Thénardier, c’est dire le cynisme qui règne en ces hauteurs où s’est tellement humilié l’ancien Médecin Sans Frontières et d’autres. L’image de la France est bien détériorée et ce n’est pas un mannequin qui contrariera l’affaiblissement de nos représentations, de notre langue. Elle a juste permis d’ouvrir nos yeux sur les connivences des cercles où valsent Snobservateurs et ces gars là.
Dati et Yade cherchent la lumière des spots qui grillent si vite et Woerth les fuit, il ne pourra se réfugier dans un paradis fiscal puisqu’ils ont disparu, a-t-on dit.
Il aurait pu au moins prétendre à la prime que vont toucher les recteurs les plus efficaces à casser l’éducation nationale, car le ministre dénieur a été quand même un grand artisan de la déchéance de la morale publique.
Le Kärcher qui fut un produit phare il y a quelques années ne crachote plus qu’une eau brune, il a dévasté la morale, nos morals.
Nous avons beau panser nos plaies à l’humour noir, je n’arrive plus à soulever mes commissures et ne vois plus qu’une société désolée, aux valeurs fracassées, sombre.
Dessin de Politis :
jeudi 23 décembre 2010
20 ans du mois du graphisme à Echirolles
Quand la finesse, l’humour sur papier s’exercent dans le domaine culturel ou à l’occasion de commandes publiques, saisissons l’occasion de belles rétrospectives d’affiches et de travaux préparatoires jusqu’au 30 janvier 2011.
La newyorkaise Carin Goldberg au musée Géo Charles joue sur les catalogues rétro et leur redonne une seconde jeunesse.
Mitsuo Katsui, le japonais, illumine de ses couleurs psychédéliques les moulins de Villancourt où sont mis en valeur également des artistes amateurs américains qui œuvrent essentiellement dans le domaine musical. Un retour vers Woodstock est permis en révisant des photographies d’Elliott Landy.
Yuri Gulitov, le russe, a travaillé de nouveaux alphabets en cyrillique et c’est à la Rampe que l’on peut suivre ses recherches qui adoptent des démarches très contemporaines. Elles révèlent comme pour les artistes américains leurs racines historiques pop art et contre culture, chez lui c’est une filiation constructiviste.
Les moyens techniques d’aujourd’hui démultiplient les potentialités, mais retrouver les traits de la lithographie chez les uns, des manières de Malevitch chez l’autre, a une saveur rétro délicieuse
La newyorkaise Carin Goldberg au musée Géo Charles joue sur les catalogues rétro et leur redonne une seconde jeunesse.
Mitsuo Katsui, le japonais, illumine de ses couleurs psychédéliques les moulins de Villancourt où sont mis en valeur également des artistes amateurs américains qui œuvrent essentiellement dans le domaine musical. Un retour vers Woodstock est permis en révisant des photographies d’Elliott Landy.
Yuri Gulitov, le russe, a travaillé de nouveaux alphabets en cyrillique et c’est à la Rampe que l’on peut suivre ses recherches qui adoptent des démarches très contemporaines. Elles révèlent comme pour les artistes américains leurs racines historiques pop art et contre culture, chez lui c’est une filiation constructiviste.
Les moyens techniques d’aujourd’hui démultiplient les potentialités, mais retrouver les traits de la lithographie chez les uns, des manières de Malevitch chez l’autre, a une saveur rétro délicieuse
mercredi 22 décembre 2010
Central Park & Paris-NY / NY-Paris en BD.
Espérant retrouver des images d’un séjour récent à New York, j’ai ramassé à la bibliothèque du quartier deux albums qui promettaient de belles images.
L’une Central Park de Jean-Luc Cornette et Christian Durieux s’essaye au fantastique mais déjà à voir le nom des protagonistes Johan Crevette et Yasmina Polaire, les deux touristes belges qui rencontrent un ours polaire parlant, on peut pressentir le fiasco, heureusement c’est lu en dix minutes. De la pacotille.
L’autre Paris-New York, New York-Paris de Drommelschlager a une autre ambition puisque le héros s’appelle lui Gaspard de Saint Amand un puissant boss, qui s’annonçait tout aussi schématique, et le jour de son 40° anniversaire son médecin lui annonce qu’il n’a plus que quelques mois à vivre. Il va essayer de faire revenir un amour perdu par frère interposé, l’album est découpé en trois parties aux colorations différentes pour montrer les divers points de vues des héros froids et raides comme les buildings qui les environnent. Malgré un graphisme qui a parfois du charme, je ne suis pas allé au bout de cette accumulation de clichés.
L’une Central Park de Jean-Luc Cornette et Christian Durieux s’essaye au fantastique mais déjà à voir le nom des protagonistes Johan Crevette et Yasmina Polaire, les deux touristes belges qui rencontrent un ours polaire parlant, on peut pressentir le fiasco, heureusement c’est lu en dix minutes. De la pacotille.
L’autre Paris-New York, New York-Paris de Drommelschlager a une autre ambition puisque le héros s’appelle lui Gaspard de Saint Amand un puissant boss, qui s’annonçait tout aussi schématique, et le jour de son 40° anniversaire son médecin lui annonce qu’il n’a plus que quelques mois à vivre. Il va essayer de faire revenir un amour perdu par frère interposé, l’album est découpé en trois parties aux colorations différentes pour montrer les divers points de vues des héros froids et raides comme les buildings qui les environnent. Malgré un graphisme qui a parfois du charme, je ne suis pas allé au bout de cette accumulation de clichés.
mardi 21 décembre 2010
Le Montespan. J. Teulé, P.Bertrand
Le livre de Jean Teulé,sans images, concernant le mari de la dame , a eu un certain succès et je me suis dit qu’une B.D. sur le sujet serait plaisante, sans passer trop de temps non plus, sur les détails des amours Capétiennes. Le trait géométrique de Philippe Bertrand, disparu récemment, dont j’avais adoré « les petits riens » destiné aux enfants et enchantant les grands, ne convient pas forcément à cette affaire de cocu magnifique. J’aurai préféré plus de sensualité dans ce récit porté bientôt à l’écran et qui comporte tous les ingrédients pour tenir en haleine le spectateur. Aventures trépidantes, dialogues savoureux, passion, courage et arrivisme, la fange et le luxe, les barbaresques, l’amour... L’angle choisi de mettre au premier plan Louis Henri Grondin de Pardaillan, marquis de Montespan est intéressant. Son carrosse orné de cornes de cerf, et l’enterrement de sa passion célébré en pleine terre, ont le panache de celui qui n’a pas renoncé face au roi soleil, alors que sa femme favorite de XIV aurait pu lui procurer bien de bénéfices.
lundi 20 décembre 2010
Armadillo. Janus Metz
Documentaire efficace qui met sous nos yeux la connerie de la guerre, son absolue absurdité.
Dans la longue liste des films en uniformes, un regard aigu et renouvelé sur la vie d’un groupe de soldats danois en Afghanistan. Pendant les pauses entre deux sorties dans un réel échappant à leur compréhension, pour quelques arpents autour d’un fortin, des mômes blonds jouent à la guerre virtuelle. Dans leurs carapaces, ils avancent au milieu d’enfants à peine moins âgés qui jouent et viennent grappiller des aliments que les soldats n’ont pas aimés et que ceux-ci distribuent du bout des gants. Cette guerre comme toutes les guerres est perdue ; et les dédommagements pour une vache tuée ne résolvent rien. Dérisoire, ridicule, à pleurer. Tout ce fric perdu, cette technologie vaine, ces vies bousillées, ces intelligences dévoyées. La caméra nous transporte au cœur des combats quand après le staccato des mitrailles, des jeunesses finissent leur vie dans le fossé. L’échauffourée passée, les mecs bandent au ressassement de leur survie et devant quelques pauvres chattes sur écrans d’ordinateur
Dans la longue liste des films en uniformes, un regard aigu et renouvelé sur la vie d’un groupe de soldats danois en Afghanistan. Pendant les pauses entre deux sorties dans un réel échappant à leur compréhension, pour quelques arpents autour d’un fortin, des mômes blonds jouent à la guerre virtuelle. Dans leurs carapaces, ils avancent au milieu d’enfants à peine moins âgés qui jouent et viennent grappiller des aliments que les soldats n’ont pas aimés et que ceux-ci distribuent du bout des gants. Cette guerre comme toutes les guerres est perdue ; et les dédommagements pour une vache tuée ne résolvent rien. Dérisoire, ridicule, à pleurer. Tout ce fric perdu, cette technologie vaine, ces vies bousillées, ces intelligences dévoyées. La caméra nous transporte au cœur des combats quand après le staccato des mitrailles, des jeunesses finissent leur vie dans le fossé. L’échauffourée passée, les mecs bandent au ressassement de leur survie et devant quelques pauvres chattes sur écrans d’ordinateur
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