Je proposais régulièrement à mes CM2 un chapitre du livre de Jules Renard. Ils pouvaient partager l’injustice qui s’abattait sur un enfant à travers un texte du patrimoine à l’issue surprenante et au style efficace. Quelques adaptations télévisuelles de ce court roman ne m’avaient pas convaincu, alors quel plaisir de découvrir cette œuvre dans son intégralité ! Les productions d’aujourd’hui pour la jeunesse sont parfois noires mais n’arrivent pas à la cheville de la cruauté de madame Lepic. Ces temps là étaient sauvages; les lièvres saignent du nez à la cave et les griffes ne sont pas que pour les chats. Poil de Carotte lui-même mérite souvent les beignes qui lui pleuvent dessus, mais elles ne le feront plus pleurer, et il faut qu’il se fasse saigner les joues pour imiter un de ses camarades qui rosit facilement.
« D’ordinaire les habits de toute la famille accrochés au portemanteau l’impressionnent. On dirait des suicidés qui viennent de se pendre après avoir eu la précaution de poser leurs bottines, en ordre, là-haut sur la planche. »
La rudesse des conditions de vie est aggravée par cet amour sans espoir du petit qui use de la ruse et de paroles sentencieuses pour tenter de survivre. Afin de ne pas désespérer le lecteur, il faut savoir qu’une fois la mère se montrera magnanime, et une fois Poil de Carotte refusera une corvée.
C’est du brutal, mais de la littérature à son sommet, d’une sobriété essentielle :
« - Personne ne m’aimera, jamais, moi !
Au même instant madame Lepic, qui n’est pas sourde, se dresse derrière le mur, un sourire aux lèvres, terrible.
Et Poil de Carotte ajoute, éperdu :
- Excepté maman. »
Terrible, éperdu.
vendredi 5 mars 2010
jeudi 4 mars 2010
Résonances/ raisonnances
Des images et des musiques pour jouer « Ecoute ce que l’œil peut voir, regarde ce que l’oreille entend » avec Catherine De Buzon, historienne de l’art qui théâtralise ses analyses et Daniel Jublin pianiste et musicologue en harmonie avec elle. Une conférence par des professionnels vraiment affutés, des passionnés. Des mots choisis avec une construction rigoureuse pour des correspondances parfois évidentes. Par exemple, les chevaliers de l’apocalypse de Dürer avec Wagner. Même si nous avons aimé réviser encore quelques toiles du Caravage, c’est Schonberg qui sera souvent appelé pour accompagner des tableaux mais il y a eu du Nougaro avec Narcisse et du Morricone et du Bach et Pablo Casals, du Satie avec Matisse. Clins d’œil avec quelques œuvres remarquables du musée grenoblois : Chagall, Morellet, les vases de Mac Collum, De La Tour, le Dominiquin, Vuillard … et des découvertes ; j’essaierai de me souvenir du nom de Lega Silvestro et la belle lumière qui vient sur une petite fille qui tient la laine enroulée sur ses bras pour aider sa maman. Kandinsky associait les couleurs à des instruments de musique : « le jaune serait figuré par une trompette, le bleu céleste par un violoncelle, le vert de la nature par un violon, le rouge par une fanfare de tubas et de timbales, l’orange par une voix de contralto, le violet par un basson ». Mais rien de mécanique, du pétillant, des escapades loin du froid. La pavane de Fauré sur le tableau le plus célèbre de par chez nous, le lac de l’Eychauda par Guétal a conclu cette belle soirée sur une émotion qui me prend à chaque fois avec ce morceau : c’était ce qui venait à la fin du film de Depardon sur les paysans. Délice déchirant.
mercredi 3 mars 2010
J 25. Chau Doc « Good bye Vietnam »
Nous partons pour l’embarcadère puisque qu’aujourd’hui le marché flottant de Cai Rang est au programme. Nous avons droit à un bateau à moteur exclusivement pour nous. Nous glissons entre les embarcations qui vendent leurs noix de coco d’eau, choux, oignons, courges, signalés par un de ces légumes suspendu à une tige de bambou. De petites barques circulent pour faire des emplettes, pour leur propre consommation ou pour la revente, d’autres pour proposer à boire ou à manger. Notre conducteur s’emberlificote dans les cordages et nous devons nous y mettre à tous pour nous désempêtrer du pneu protecteur d’un autre bateau. Les habitants vaquent à leurs occupations et nous saluent, d’un sourire et d’un signe de la main. Nous apercevons des touristes, et comme chacun d’eux sans doute, nous nous félicitons de ne pas avoir l’impression de participer au troupeau d’un tour organisé. Les photographes ne savent plus où donner de l’objectif.
Le bateau s’engage ensuite dans un arroyo jusqu’à un verger. Nous y dégustons des fruits et du thé et Dany prend quelques secondes pour essayer un hamac, produit local fort répandu. Nous revenons sur Can Tho, remarquant le rose vif de quelques maisons sur les berges. Nous croisons des barques où les rameuses se tiennent debout à l’arrière du bateau, maniant leurs rames croisées. Sur les rives, on assiste à la lessive, à la toilette des habitants des maisons sur pilotis en bord d’eau. Avant de quitter Can Tho, nous passons en vitesse au marché couvert entrevu hier soir. Nous prenons la route pour la ville de Chau Doc qui nécessite en gros trois heures de voyage, interrompues par un repas au bord de route.
Nous posons nos bagages à l’hôtel « Chau Pho » et après un petit temps de repos, la voiture nous conduit vers le centre, puis nous lâche à l’embarcadère au bord du Bassac. Nous nous approchons de maisons flottantes. Certaines abritent des familles n’ayant pu acquérir un terrain pour construire. D’autres possèdent des cages en dessous de l’habitation pour l’élevage des poissons. Nous accostons sur l’une d’elles. Une trappe sur la terrasse en bois laisse apparaître l’eau et quand Thien jette une mesure de boulettes de balles de riz mixées avec des restes de poissons, c’est l’effervescence « dans le bocal ». Nous prenons la dimension de ce village flottant et nous atteignons un village Cham. La première maison que nous voyons est un magasin où travaille une tisseuse coiffée d’un foulard. Sur l’un de ces piliers est indiquée la hauteur des crues selon les années, en 2000 l’eau a grimpé à presque 2 m, jusqu’à l’étage. Un panneau en anglais à l’accostage recommande « de ne pas acheter de gâteaux aux enfants, les gâteaux étant vieux et pouvant entrainer de coliques ». Vrai ? Faux ? Nous nous abstenons. Nous nous rapprochons de la route après avoir gravi un escalier et un chemin cimenté d’où nous pouvons observer les maisons sur leurs hauts pilotis et les ponts étroits en bambous qui y accèdent. Le village, où s’entassent des immondices, parait pauvre. Nous nous dirigeons vers la mosquée, où nous y pénétrons après avoir quitté nos chaussures. Il y a des hommes en sarong et avec calotte. A l’intérieur le muezzin appelle à la prière, avec un certain talent. Nous nous éclipsons. C’est la dernière visite du programme assuré par « Phénix voyage » au Vietnam.Nous découvrons ensuite la ville après avoir observé la circulation et les changements des cyclopousses d’un nouveau genre, comme des calèches en miniatures où l’on ne peut s’asseoir qu’en tailleur. Nous tombons inévitablement sur le marché, puis sur une place où les hommes jouent avec adresse au badminton avec les pieds. Nous rêvons d’une bière. A côté d’une maison coloniale jaune, nous dégotons l’endroit idéal pour la bière fraîche d’abord puis un repas de nems et de calamars ensuite. Il fait bon et les moustiques mangent autant que nous. Face à l’eau sur la promenade des vendeurs ont déployé leurs marchandises sur le trottoir et des jeunes en kimono travaillent leur art martial avec leur professeur. Avant de quitter le pays que l’on a aimé, il faut noter le goût prononcé des vietnamiens pour le karaoké ; lorsqu’il est signalé avec massage, c’est coquin.
Le bateau s’engage ensuite dans un arroyo jusqu’à un verger. Nous y dégustons des fruits et du thé et Dany prend quelques secondes pour essayer un hamac, produit local fort répandu. Nous revenons sur Can Tho, remarquant le rose vif de quelques maisons sur les berges. Nous croisons des barques où les rameuses se tiennent debout à l’arrière du bateau, maniant leurs rames croisées. Sur les rives, on assiste à la lessive, à la toilette des habitants des maisons sur pilotis en bord d’eau. Avant de quitter Can Tho, nous passons en vitesse au marché couvert entrevu hier soir. Nous prenons la route pour la ville de Chau Doc qui nécessite en gros trois heures de voyage, interrompues par un repas au bord de route.
Nous posons nos bagages à l’hôtel « Chau Pho » et après un petit temps de repos, la voiture nous conduit vers le centre, puis nous lâche à l’embarcadère au bord du Bassac. Nous nous approchons de maisons flottantes. Certaines abritent des familles n’ayant pu acquérir un terrain pour construire. D’autres possèdent des cages en dessous de l’habitation pour l’élevage des poissons. Nous accostons sur l’une d’elles. Une trappe sur la terrasse en bois laisse apparaître l’eau et quand Thien jette une mesure de boulettes de balles de riz mixées avec des restes de poissons, c’est l’effervescence « dans le bocal ». Nous prenons la dimension de ce village flottant et nous atteignons un village Cham. La première maison que nous voyons est un magasin où travaille une tisseuse coiffée d’un foulard. Sur l’un de ces piliers est indiquée la hauteur des crues selon les années, en 2000 l’eau a grimpé à presque 2 m, jusqu’à l’étage. Un panneau en anglais à l’accostage recommande « de ne pas acheter de gâteaux aux enfants, les gâteaux étant vieux et pouvant entrainer de coliques ». Vrai ? Faux ? Nous nous abstenons. Nous nous rapprochons de la route après avoir gravi un escalier et un chemin cimenté d’où nous pouvons observer les maisons sur leurs hauts pilotis et les ponts étroits en bambous qui y accèdent. Le village, où s’entassent des immondices, parait pauvre. Nous nous dirigeons vers la mosquée, où nous y pénétrons après avoir quitté nos chaussures. Il y a des hommes en sarong et avec calotte. A l’intérieur le muezzin appelle à la prière, avec un certain talent. Nous nous éclipsons. C’est la dernière visite du programme assuré par « Phénix voyage » au Vietnam.Nous découvrons ensuite la ville après avoir observé la circulation et les changements des cyclopousses d’un nouveau genre, comme des calèches en miniatures où l’on ne peut s’asseoir qu’en tailleur. Nous tombons inévitablement sur le marché, puis sur une place où les hommes jouent avec adresse au badminton avec les pieds. Nous rêvons d’une bière. A côté d’une maison coloniale jaune, nous dégotons l’endroit idéal pour la bière fraîche d’abord puis un repas de nems et de calamars ensuite. Il fait bon et les moustiques mangent autant que nous. Face à l’eau sur la promenade des vendeurs ont déployé leurs marchandises sur le trottoir et des jeunes en kimono travaillent leur art martial avec leur professeur. Avant de quitter le pays que l’on a aimé, il faut noter le goût prononcé des vietnamiens pour le karaoké ; lorsqu’il est signalé avec massage, c’est coquin.
mardi 2 mars 2010
Agiassos #1
Sur son front est tatoué un requin de profil, gueule fermée. Elle lit à haute voix un carnet jauni. Le jeune homme l'écoute en fumant, les yeux levés vers la coupole de verre. Elle tousse et poursuit sa lecture : "...Je retournerai à Agiassos. J'y retournerai. Je sais que je retrouverai la cité inchangée. Rien ne peut jamais changer à Agassios. Tout y tourne à la suite du soleil. Dès l'aube, la ville tourne sa corolle vers le mont Olympe, recompose ses ombres, ses parfums et ses bruits, lâche ses chapelets d'ânes à demi sauvages, testicules écorchés aux épineux, sabots ébréchés, museaux blessés... Elle lâche, Agiassos, ses touristes à scooter, ses bandes de cupidons. Ils ne lancent pas de flèches mais des pierres aux visiteuses, aisselles et seins dévoyés sous les débardeurs. Cette ville que personne ne peut prendre, je la reverrai, pieds nus pour ne pas glisser. Je pactiserai à nouveau avec la traîtrise des pavés et tant pis si la pestilence des rats crevés me lève le cœur, et tant pis si midi me frappe. Je serai un insecte sur ton ventre, Agiassos car tout tourne et roule autour de ton ventre, Agiassos, ville-piège, ville-bousier. Je braverai les vieilles des ruelles, leurs cheveux pris dans des filets noirs. Leurs yeux fixes et doux comme ceux des chiennes de cette île, gardent les ombres de la ville haute... Je tracerai ma ligne de vie dans la main aux quarante rues, aux quarante doigts. Une jeune fille, un marmot morveux entre les jambes, me poussera vers le bas de la ville, me croyant égarée. J'éviterai le traquenard de ses :"Agora ! Agora !"Je ne me plierai pas à sa feinte sollicitude mais j'éviterai son regard sagace. J'irai plus haut que les boutiques de céramiques, plus loin que les derniers bistrots où se figent des dix heures les hommes pris à la ronde des cafés limoneux sous les yeux indéchiffrables des popes joufflus.
J'arriverai où elles m'attendent, dans le bric-à-brac de leur cour. Ce sera l'automne. Elles auront un pull noir sous leur robe noire, le noyer aura gardé quelques feuilles. Les quatre chèvres seront à grignoter ; le cabri sautera sur le toit de sa cabane, dressé sur ses sabots. Il bêlera :"C'est toi ! Bienvenue !
Une des femmes sera occupée à tourner le lait dans la marmite de fonte. Elle lâchera le bâton pour ajouter des sarments au feu, sous le trépied. Preste, elle reprendra le brassage de peur que le monde ne s'arrête. Comme la première fois je la contemplerai, la naïve, la travailleuse sans mémoire. J'agiterai mon carnet, elle comprendra, elle me désignera ma place sur la pile de planches. J'écraserai les épluchures, les crottes sèches, je m'assoirai face à la marmite. Je ne lèverai pas mon crayon, le fil sera tenu. Alors l'autre apparaîtra, forte et joviale. Elle me proposera le lait, elle m'offrira une chaise, apportera le pain grillé et les noix.
Et je couperai le fil.
Leur signe s'assentiment sera discret. Je leur donnerai le dessin. Je me lèverai, elles me presseront dans leur odeur de chèvrerie, elles laisseront à mes joues leur sueur.
Et le fil sera coupé.
Tout droit je descendrai vers l'agora. Sous la voûte de feuilles rouges je boirai le café brûlant, très lentement. Je rêverai dans le sexe des feuilles écarlates. Silencieuse, j'enfanterai un chant en écho au saxo jamais vu qui joue pourtant sur les terrasses d'Agiassos. Saxo du Dieu caché.
Et puis il sera temps de filer ailleurs. »
Marie Treize
J'arriverai où elles m'attendent, dans le bric-à-brac de leur cour. Ce sera l'automne. Elles auront un pull noir sous leur robe noire, le noyer aura gardé quelques feuilles. Les quatre chèvres seront à grignoter ; le cabri sautera sur le toit de sa cabane, dressé sur ses sabots. Il bêlera :"C'est toi ! Bienvenue !
Une des femmes sera occupée à tourner le lait dans la marmite de fonte. Elle lâchera le bâton pour ajouter des sarments au feu, sous le trépied. Preste, elle reprendra le brassage de peur que le monde ne s'arrête. Comme la première fois je la contemplerai, la naïve, la travailleuse sans mémoire. J'agiterai mon carnet, elle comprendra, elle me désignera ma place sur la pile de planches. J'écraserai les épluchures, les crottes sèches, je m'assoirai face à la marmite. Je ne lèverai pas mon crayon, le fil sera tenu. Alors l'autre apparaîtra, forte et joviale. Elle me proposera le lait, elle m'offrira une chaise, apportera le pain grillé et les noix.
Et je couperai le fil.
Leur signe s'assentiment sera discret. Je leur donnerai le dessin. Je me lèverai, elles me presseront dans leur odeur de chèvrerie, elles laisseront à mes joues leur sueur.
Et le fil sera coupé.
Tout droit je descendrai vers l'agora. Sous la voûte de feuilles rouges je boirai le café brûlant, très lentement. Je rêverai dans le sexe des feuilles écarlates. Silencieuse, j'enfanterai un chant en écho au saxo jamais vu qui joue pourtant sur les terrasses d'Agiassos. Saxo du Dieu caché.
Et puis il sera temps de filer ailleurs. »
Marie Treize
lundi 1 mars 2010
Gainsbourg(vie héroïque)
La personnalité complexe du peintre devenu chanteur a inspiré le créateur de BD Johan Sfarr bienvenu au cinéma. Sous la surexposition, Lucien gardera ses mystères. Des épisodes incontournables sont traités avec chaleur : BB et la passion créatrice, la Marseillaise poignante de l’ancien titulaire de l’étoile de shérif- jaune- et d’autres tableaux sont tracés avec originalité : les doubles jeux de la personnalité, la laideur et le charme, la sophistication et les facilités du bizness, la délicatesse et le versant suicidaire, le rideau de fumée, le révélateur des hypocrisies et l’inattendu, le vrai et le faux, les femmes, le petit garçon. Un excellent film qui allie le divertissement et la profondeur.
dimanche 28 février 2010
Le grenier
Jacques Osinki mettait en scène une pièce du japonais Yoji Sakaté au petit théâtre de la MC2, et je n’ai pu m’empêcher de penser tout du long à une bande dessinée, pour le mélange d’humour et de fraîcheur qui va bien avec l’ambition de traiter des problèmes éternels en les habillant à la mode d’aujourd’hui. Les comédiens, excellents, vont interpréter une série de portraits efficaces de la société japonaise avec ses adolescents enfermés dans Internet, ses inspecteurs de police, ses samouraïs, le doute du prof… Des tranches de vie dans cette pièce exigüe qui recèle les souvenirs de l’enfance, et devient refuge pour des vies malheureuses, solitaires, écorchées, qui se recroquevillent. Le dispositif scénique contraignant permet aussi toutes les inventions : dans cette case, des tranches de rêve s’imposent.
samedi 27 février 2010
Participatif passé.
Au moment des élections européennes, il nous est arrivé de porter nos mots au delà du canton. D’autres élections se profilent. Le barreau régional à réviser s’accroche le mieux à cette échelle étoilée où certains avaient cru réviser que « l’internationalisme est le futur du socialisme ».
- Mais alors ces délocalisations qui ont permis d’augmenter de 75% le revenu médian des roumains, c’est pas bien ça ?
- Merci Caterpillar de venir sur nos terres, mais pas beau Renault chez les turcs ?
Ballottés par le clapotis des médias, nous répétons en colonnes disciplinées quelques éditos abrégés. Et les politiques, ceux qui devraient organiser le débat s’en remettent à des cabinets privés pour envisager l’avenir à coup de plaquettes en couleurs concoctées par les communiquants. Où placer nos interventions citoyennes ?
Je me laisse volontiers fasciner par les power point des salariés de la prospective, quitte à finir durablement, les pieds dans le béton bien intentionné.
Quelques retraités maniaques compulsent les dossiers et s’expriment surtout s’ils sont contrariés. La complexité décourage les submergés du quotidien voués aux comprimés d’info qui les dispenseront de maux de tête.
En ce qui concerne les régionales, pour éviter de parler de Frèche ou Sankaré, ce qui émerge ce sont les propositions les plus gratuites possibles pour les transports parisiens et puis le cynisme assumé : « il ne faut pas parler de licenciements avant les élections ».
J’avais repris du mors aux dents en politique quand la démocratie participative monta sur la scène. Elle se dilua et j’en suis à me demander si ce n’est pas une procédure qui pourrait bien conforter les immobilismes, alors qu’elle devait exprimer « l’expertise citoyenne ». Elle fut un élément de langage pour quelques boute-en-train en mal d’idées nouvelles qu’ils ont abandonné bien vite au pied de leurs calculs, de leurs cumuls.
Quand la nécessité de densifier nos agglomérations se heurte aux murettes pavillonnaires, les propositions qui visent à limiter les déplacements, à permettre à la population la plus fragile de se loger mieux, se font discrètes. Et il faut un certain courage à Destot pour multiplier les logements à l’Esplanade, alors que chez nous, le long du tram, tout le monde se planque derrière quelques buttes en terre pour éviter de suggérer quelques habitations supplémentaires. Demandez l’avis aux enfants, ils répondront qu’ils préfèrent les arbres, les fleurs et les canards, leurs parents aussi. Quant au réchauffement de la planète, il y a des films pour ça et pour ceux qui sont en mal de logements, des municipalités communistes ou des tentes Quechua.
- Mais alors ces délocalisations qui ont permis d’augmenter de 75% le revenu médian des roumains, c’est pas bien ça ?
- Merci Caterpillar de venir sur nos terres, mais pas beau Renault chez les turcs ?
Ballottés par le clapotis des médias, nous répétons en colonnes disciplinées quelques éditos abrégés. Et les politiques, ceux qui devraient organiser le débat s’en remettent à des cabinets privés pour envisager l’avenir à coup de plaquettes en couleurs concoctées par les communiquants. Où placer nos interventions citoyennes ?
Je me laisse volontiers fasciner par les power point des salariés de la prospective, quitte à finir durablement, les pieds dans le béton bien intentionné.
Quelques retraités maniaques compulsent les dossiers et s’expriment surtout s’ils sont contrariés. La complexité décourage les submergés du quotidien voués aux comprimés d’info qui les dispenseront de maux de tête.
En ce qui concerne les régionales, pour éviter de parler de Frèche ou Sankaré, ce qui émerge ce sont les propositions les plus gratuites possibles pour les transports parisiens et puis le cynisme assumé : « il ne faut pas parler de licenciements avant les élections ».
J’avais repris du mors aux dents en politique quand la démocratie participative monta sur la scène. Elle se dilua et j’en suis à me demander si ce n’est pas une procédure qui pourrait bien conforter les immobilismes, alors qu’elle devait exprimer « l’expertise citoyenne ». Elle fut un élément de langage pour quelques boute-en-train en mal d’idées nouvelles qu’ils ont abandonné bien vite au pied de leurs calculs, de leurs cumuls.
Quand la nécessité de densifier nos agglomérations se heurte aux murettes pavillonnaires, les propositions qui visent à limiter les déplacements, à permettre à la population la plus fragile de se loger mieux, se font discrètes. Et il faut un certain courage à Destot pour multiplier les logements à l’Esplanade, alors que chez nous, le long du tram, tout le monde se planque derrière quelques buttes en terre pour éviter de suggérer quelques habitations supplémentaires. Demandez l’avis aux enfants, ils répondront qu’ils préfèrent les arbres, les fleurs et les canards, leurs parents aussi. Quant au réchauffement de la planète, il y a des films pour ça et pour ceux qui sont en mal de logements, des municipalités communistes ou des tentes Quechua.
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