Comment se débrouiller du mot « pouvoir », tellement
repoussant qu’il fut nié, dans les années lointaines quand déjà un vieux
monde courait derrière nous?
Nous avions toutes les ambitions: la santé c’était l’affaire
de tous, et l’éducation et la planète.
Les traitements furent pris à dose homéopathique, l’enfant
devint roi, et chacun cultiva son jardin sur une planète foutue. Tout ça a viré
« corporate », les fraternités
ont fini en carnets d’adresses.
Tempêter contre Trump à chaque fois ne fera pas frémir la
moindre aile de papillon alors que le plus restreint tweet du dément nous
impacte : la nuisance a du pouvoir.
Le grotesque Donald-l’embrouille n'a rien d'un chef d'orchestre surtout pas clandestin. Alors qu’il y a encore peu, les
politiques ne cachaient plus leur impuissance, on peut s'interroger si c'est parce qu’il va dans le
sens du capitalisme le plus arrogant qu’il est, lui, si puissant.
Pour revenir à des niveaux plus tangibles où les choix s’opèreraient :
le maire à qui l’on touche la main peut faire croire qu’il a du pouvoir, alors
que tout se passe dans les intercommunalités.
Le président de la république française, lui, a bien saisi
que c’est au niveau européen que se joue notre avenir à défaut d’un présent
brouillé par des médias pressés.
Plutôt que de gémir contre des décisions prises soit disant
ailleurs, il assume et tient son rang.
Un Ruffin député se dispense de travailler en commissions
mais pas d’élaborer des gags quand les caméras attendent un bout de chemise qui
dépasse. Les réseaux asociaux se repaissent.
Quand toutes ces images s’éteignent, notre schizophrénie se
retrouve à poil : le réel devient introuvable.
Pour avoir cru tellement à la démocratie participative,
version abâtardie de l’autogestion, je suis devenu extrêmement réservé sur bien
des formes de concertations qui reprennent les mots de la citoyenneté et au
bout n’en font qu’à leur tête. Le déchaînement des égoïsmes les plus étroits
quand s’élève le moindre des bâtiments ne contribue guère à persister à croire
à l’expertise des riverains. Si ce n’avait été décidé au niveau des
technocrates européens, quel financement auraient pu obtenir les astronomes qui
observent le ciel depuis le désert de l’Atacama ?
Les vigilants veilleurs de nuit jamais couchés, si
bienveillants, imaginent-ils que parfois certaines personnes s’autorisent à ne
pas penser comme elles ? Au moment des choix décisifs, ils se sont
abstenus et depuis rouspètent. Ils avaient eu du mal à reconnaître qu’il y
avait trois candidats qui avaient obtenu plus de voix au premier tour de la
présidentielle que leur conducator.
Pour ce qui est du pouvoir sur nos propres actes, je me suis
bricolé une philosophie portative dont un condensé pourrait figurer sur quelque
assiette, au dessus des portemanteaux de l’entrée de ma maison :
« Nous avons conjoints, enfants, parents, présidents que nous
méritons ».
La décantation serait longue qui permettrait de repérer les
fils qui immanquablement me mènent à revenir sans cesse à l’école et aux
paysans.
Mes origines en milieu terreux, taiseux, je les
exorcise et les excite , « en même
temps », comme toute vérité.
« Le paysan meurt
de faim, et son maître de gourmandise. » Proverbe polonais.
Jadis parmi les idées reçues, on précisait après bon sens : « paysan ». Les pagus sont devenus exploitants, mais ils savent bien eux que la forêt dont la diminution est dramatique au niveau de la planète est le marqueur d’une déprise agricole dans nos contrées montagneuses. Petits acrobranchés, les arbres du parc Paul Mistral n’étaient pas ceux de l’Amazonie.
Jadis parmi les idées reçues, on précisait après bon sens : « paysan ». Les pagus sont devenus exploitants, mais ils savent bien eux que la forêt dont la diminution est dramatique au niveau de la planète est le marqueur d’une déprise agricole dans nos contrées montagneuses. Petits acrobranchés, les arbres du parc Paul Mistral n’étaient pas ceux de l’Amazonie.
« Le lettré
précède le paysan, mais que le riz vienne à manquer, et c'est le paysan qui
précède le lettré. » Proverbe vietnamien.
Face à l’accablante répétition des études pointant l’aggravation
de la performance de nos élèves en lecture, il y aurait simplement à
multiplier les occasions de lecture - c’est en lisant qu’on devient lecteur- avant
même de revenir à dictées et grammaire pourtant utilement rappelés. Là
est une racine du pouvoir, celui de choisir pour soi, voire plus si affinités.
« Chaque lecture
est un acte de résistance. Une lecture bien menée sauve de tout, y compris de soi-même. » Daniel Pennac
……………..
Les dessins
sont découpés dans « Le Point » et « Le Canard ».
Tu as l'air bien morose, avec ce billet, Guy.
RépondreSupprimerJe suis peut-être cinglée, mais j'ai abandonné la course à m'informer.
J'ai bien observé le mot, et ce qu'il colporte, et il m'a paru.. un peu insignifiant, quand même. Surtout un peu dérisoire comme but dans l'existence, par exemple. (Je connais des hommes qui consacrent la majeure partie de leur temps libre à la recherche de l'information, et ils... ne m'attirent pas des tonnes, mettons.)
Il me semble que Donald Trump à la présidence des U.S. est un gros symptôme... du problème majeur du pays, qui est d'être maintenant Des Etats Désunis... on va voir pendant combien de temps ça peut durer, mais je ne suis pas optimiste. L'affinité par communauté virtuelle va-t-elle remplacer la communauté sur le terrain, dans la boue ? Suspens.
Pour le mérite... en anglais on dit "mériter sa vie", et ça veut dire travailler contre argent. En français on dit... "gagner sa vie", et ça veut dire travailler contre argent.
On se met à rêver en méditant cette petite différence qui est néanmoins énorme. L'autre soir, quelqu'un m'a posé la question "qu'est-ce que vous faites dans la vie ?" et j'ai répondu... "je vis"...
C'était une belle réponse, tu ne trouves pas ? Une réponse qui avait l'air de l'interpeller, en tout cas.
Sur notre sempiternel point de contention autour de la construction d'immeubles à S.E., je répète que je serais plus tolérante si les constructions ressemblaient plus à l'endroit où tu as le privilège de vivre, et pas aux bunkers le long de la nationale. Je n'aime pas l'esthétique des bunkers, je me demande pourquoi, et on ne va pas les rationaliser pour me les faire aimer non plus. Et puis, ces constructions sont aux antipodes des cathédrales : elles sont faites pour durer jusqu'à ce que les habitants aient fini de rembourser le crédit à 0%, jour où elles se désintègrent, comme par magie. Pitoyable.
Bon réveillon.