samedi 16 décembre 2017

Augustin, berger du Grand Veymont. Bernard Freydier.

Ce roman historique apprendra aux lecteurs des aspects spécifiques de la vie à la fin du XIX° siècle à Gresse - en - Vercors, mais ces 250 pages ne concernent pas seulement les habitants de ce village situé au pied de la montagne qui sauront distinguer les êtres de fiction et leurs ancêtres au moment où ils passaient de la bougie à l’électricité.
Pour être indéfectiblement un instituteur, j'ai le goût de repérer chez les autres quelques maladresses d’enseignant cherchant à être toujours exhaustif, en toute confraternité.
Pour l’auteur, un mulet est à deux reprises « docile et fidèle », forcément :
« Augustin est enfin installé dans une grande salle de l’Hôtel Dieu de Marseille, sis dans le quartier du Panier, coeur historique de la ville où s’est développée la colonie grecque de Massalia en 600 av. J.C., cet hôpital a été rénové entre 1860 et 1866, par l’architecte Félix Blanchet, et inauguré par Napoléon III, empereur déchu, le 15 novembre 1866. »
Au-delà de la vie quotidienne jamais décrite de façon misérabiliste, l’empathie avec tous les personnages est palpable et les faits sont documentés :
«  Les propriétaires de troupeau que l’on appelle déjà des capitalistes - le terme cheptel vient de capital - recrutent la main d’oeuvre parmi les gens de la montagne. »
Il est question de la vie municipale avec les contraintes d’un climat rude et d’une terre ingrate, les progrès pour sortir du désenclavement avec la gestion de l’eau et des chemins, l’école, le courrier, la compagnie de pompiers à monter pour lutter contre les incendies, la solidarité, mais aussi les intérêts divergents des forestiers et des bergers.
Il fallait bien être à trois : le curé, le maître d’école et un maquignon, pour rédiger une adresse à Napoléon III  en visite à Grenoble afin de retrouver un droit à un libre parcours pour les troupeaux de « bêtes à laine » contesté par l’administration des forêts :
«  Nous croyons pouvoir vous dire que nous sommes persuadés et convaincus que ce n’est pas le plaisir de voyager qui vous a conduit parmi nous et nous procure l’avantage inexprimable de vous posséder une journée entière au chef-lieu de notre département. Mais bien au contraire, comme nous l’a très bien dit Monsieur le préfet, parce que vous désirez étudier et connaître par vous-même les besoins et les nécessités les plus pressantes des populations dont vous êtes le digne chef et le sauveur »
Nous suivons l’apprentissage d’Augustin qui très jeune monte à l’estive, assistons à son mariage et à ses prises de responsabilités dans la vie du village.  
L’économie rurale se transforme avec la création d’une fruitière et le tressage de paille, maigre revenu d’appoint, devenu un réseau dynamique de fabrication de chapeaux puis de cabas. Les premiers skieurs arrivent, des échos parviennent de la ville lumière où « cette tour Eiffel est devenue le Grand Veymont des parisiens ».
Le premier président de la république fut Louis-Napoléon Bonaparte, pas si loin de nous :
 « Je songeais à cet aménagement brusque, à cette étiquette essayée, à ce mélange de bourgeois, de républicain et d’impérial, à cette surface d’une chose profonde qu’on appelle aujourd’hui : le président de la République » Victor Hugo

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