lundi 11 décembre 2017

Makala. Emmanuel Gras.

Le réalisateur qui avait réussi son premier film « Bovines », autour de vaches en Normandie, nous a emballé avec cette dernière production se déroulant au Congo.
En Swahili, Makala signifie : charbonnier, celui qui fabrique du charbon de bois sous des meules recouvertes de terre. Nous suivons l’homme qui coupe des arbres, compose patiemment sa motte et achemine une quinzaine de sacs volumineux au moyen d’une bicyclette invraisemblable, très lourde à traîner, que les camions lancés à toute vitesse sur les pistes menacent sans cesse, jusqu’à renverser le chargement. Quelques villageois l’aident à reprendre son chemin de croix mais un autre individu lui prélève un sac après l’avoir intimidé. Les négociations pour écouler sa marchandise seront serrées. De magnifiques images et un tempo parfaitement maîtrisé nous font partager tant d’efforts insensés. Quand le film se clôt par un office religieux, on peut comprendre qu’il puisse y recharger ses batteries.
Esthétiquement pleinement réussi, sociologiquement juste, il est dépourvu de tout misérabilisme qui accompagne souvent les films du continent noir. Une paire de chaussures en plastique pour un cadeau à sa petite fille marque toute l’attention de cette belle figure humaine. Le courage, l’opiniâtreté de cet homme laissent croire à quelques moments de répit à l’avenir.
Les émotions sont violentes lorsque les camions déboulent en direction de la ville chaotique.
Et nous sommes ramenés aux éléments essentiels : le carbone qui se consume sous la terre, les arbres, les enfants, un poster de Drogba, un rat qui cuit sur le brasero. L’ambition de cet homme pour survivre appelle les mots qui s’appliquent aux récits mythologiques. Un grand film.

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