Le réalisateur qui avait réussi son premier
film « Bovines », autour de vaches en Normandie, nous a emballé avec
cette dernière production se déroulant au Congo.
En Swahili, Makala signifie :
charbonnier, celui qui fabrique du charbon de bois sous des meules recouvertes
de terre. Nous suivons l’homme qui coupe des arbres, compose patiemment sa
motte et achemine une quinzaine de sacs volumineux au moyen d’une bicyclette
invraisemblable, très lourde à traîner, que les camions lancés à toute vitesse
sur les pistes menacent sans cesse, jusqu’à renverser le chargement. Quelques
villageois l’aident à reprendre son chemin de croix mais un autre individu lui
prélève un sac après l’avoir intimidé. Les négociations pour écouler sa
marchandise seront serrées. De magnifiques images et un tempo parfaitement
maîtrisé nous font partager tant d’efforts insensés. Quand le film se clôt par
un office religieux, on peut comprendre qu’il puisse y recharger ses batteries.
Esthétiquement pleinement réussi, sociologiquement
juste, il est dépourvu de tout misérabilisme qui accompagne souvent les films
du continent noir. Une paire de chaussures en plastique pour un cadeau à sa
petite fille marque toute l’attention de cette belle figure humaine. Le
courage, l’opiniâtreté de cet homme laissent croire à quelques moments de répit
à l’avenir.
Les émotions sont violentes lorsque les
camions déboulent en direction de la ville chaotique.
Et nous sommes ramenés aux éléments
essentiels : le carbone qui se consume sous la terre, les arbres, les
enfants, un poster de Drogba, un rat qui cuit sur le brasero. L’ambition de cet
homme pour survivre appelle les mots qui s’appliquent aux récits mythologiques.
Un grand film.
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