L’étrange c’est l’étranger comme chez Prévert :
Etranges étrangers :
« Kabyles de la
Chapelle et des quais de Javel
Hommes de pays loin
Cobayes des colonies
Doux petits musiciens
Soleils adolescents de
la porte d’Italie
Boumians de la porte
de Saint-Ouen
Apatrides
d’Aubervilliers
Brûleurs des grandes
ordures de la ville de Paris
Ébouillanteurs des
bêtes trouvées mortes sur pied
Au beau milieu des
rues »
Mais la poésie a disparu, et l’humanité. Par désir
d’universalité, ni lieux, ni protagonistes ne sont nommés : sous des
apparences animales, les personnages aux regards vides se croisent et aucun des
récits écrits au crayon d’une écriture soignée qui composent cet ouvrage ne
sourit.
Le sans papier :
« Il pensait qu’il
avait fait le plus dur, qu’il avait réussi.
En réalité, c’est une
autre vie qui commençait, mais pas celle dont il avait rêvé. »
Les 150 pages anguleuses dessinées sèchement sur
fond de craie en couleur sont éditées sous le patronage d’Amnesty
International.
Le dessinateur grenoblois remercie la section
Réseau Education Sans Frontières de Voiron ; nous sommes en territoire
connu, sans surprise, sans enjeu : passeurs, policiers et
réseaux d’aide sont là, mais si une corneille apporte un point de vue un peu
original, le clandestin accablé de bout en bout de l’histoire reste à distance.
La
référence à « Maus » de Spiegelman par quelques critiques est pour moi gênante : le destin des juifs
déportés et exterminés par les nazis fut
d’un autre ordre et l’anthropomorphisme froid de cet album est bien sommaire.
Aucun commentaire:
Enregistrer un commentaire