dimanche 5 avril 2015

Celui qui tombe. Yoann Bourgeois.

Le noir. Un trait de lumière révèle des corps allongés sur un immense plateau qui descend des cintres. Et nous pensons à d’autres corps là haut.
Trois hommes, trois femmes en équilibre toujours provisoire, créent eux même le danger, se préservent, se tiennent, s’accrochent, glissent.
Plus rien ne sera comme avant. L’expression magnifique, poignante, contenue dans un tel spectacle est un remède à tous les schématismes, à toutes les barbaries. A la suite de la pièce jouée à la MC 2 à propos de Galilée quand la terre n’apparaissait plus au centre du monde, cette fois ce sont hommes et femmes qui sont  menacés sans répits par la chute.
Eprouvant des émotions inédites, j’ai cru lire pendant une bonne heure tant d’expressions de notre langue autour de la précarité de la vie, illustrées magnifiquement avec une force qui nous tient en haleine.
Je suis revenu à l’enfance et son cirque, quand s’élançait un acrobate au trapèze sous le chapiteau de nos angoisses primales.
Les techniciens qui viennent accrocher des filins participent au spectacle, mettant en évidence les mécanismes qui commandent nos vies de marionnettes dont la liberté est illusoire.
Le plateau qui balance peut être un refuge, mais fuyant, contrôlable le temps d’un balancement avant de menacer d’écrasement la belle troupe soumise à la folie d’une plaque qui se dérobe sans cesse, implacable ou folle quand elle se met à tourner trop vite, alors plus personne n’est debout.
« L’acteur est le vecteur des forces qui passent par lui. Il est traversé, agi par des flux qu’il traduit comme il peut ». Les intentions du metteur en scène sont magnifiquement servies avec  une grâce divine et une précision diabolique.

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