Chaque minute de chaque jour, nous sommes conviés à
rire : bouffées d’ironie, vacheries enragées, dérision et sarcasme.
Les clowns de Cervantes seraient-ils les seuls qui ne jouent
pas dans ce registre ? Ils ne manquent pas de gaieté mais leurs courses
affolées, leurs pas suspendus, leur optimisme forcené dans la nature humaine renvoie
davantage à une sourde tragédie qu’à la franche rigolade.
Ma voisine avait choisi de rire à la moindre question :
« Comment tu
t’appelles ? ».
C’est vrai que chaque geste, chaque mot, judicieusement mis
en lumière peut rappeler l’absurde de notre condition. Cette limite subtile est
déterminante quant à la nature de notre regard sur le monde où la part d’humour
est indispensable à notre survie.
Eternels petits enfants depuis les gestes premiers, les
clowns aux bouches démesurées, aux yeux soulignés, se bousculent, se cherchent,
se découvrent, s’affolent, sont tyrannisés par les objets, mais ils gagneront
le paradis des âmes simples.
Le mot poésie peut être convoqué évidemment, mais sûrement
pas les rires enregistrés ; nous sommes face à nous-mêmes avec nos
bavardages et notre mélancolie.
Un spectacle élémentaire : « plus nous avons besoin de nous rassembler, plus il nous faut
aller profondément dans notre solitude. »
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