dimanche 22 avril 2012

« L’histoire à nous, s’il vous plaît ». Erri de Luca Gianmaria Testa.

L’Italie que l’on voit plutôt en beauté depuis que le Cavalière n’est plus en selle, ce soir à la MC 2, avait l’allure d’un bras tendu à travers la Méditerranée avec la Sicile comme foulard.
Le chanteur et l’écrivain ont parfois échangé leurs rôles pour nous délivrer une heure et demie de complicité chaleureuse sous des airs de guitare jazzy.
Les deux compères nous ont rappelé les flux migratoires et la fraternité avec les gueux déplacés :
ils s’y connaissent en voyages, les ritals.
Depuis une poète russe évoquant la force d’attraction céleste qui pousse les arbres à aller à l’encontre des pesanteurs,
à leur ami yougoslave Izet Sarajlic qui a perdu son frère sous les balles des chemises noires et qui aimait l’Italie,
 ils évoquent aussi Hikmet le turc.
Et la chanson du déserteur de Vian que je croyais désuète a été remise au goût du jour quand De Luca retrouve à Belgrade le son des sirènes d’alarme qui avaient hanté sa mère depuis les bombardements de Naples.
Le récit de la correspondance entre deux analphabètes révèle des inventions touchantes.
C’était bien du vin rouge et non de l’eau en bouteilles plastique que les deux complices sirotaient entre un texte et une chanson.
Ils ont évoqué Quichotte
« Ce n’est pas celui qui gagne toujours qui est invincible, mais celui qui jamais ne se laisse mettre en déroute par les chutes, qui jamais ne renonce à se battre encore » 
Ils ont repris un éloge des pieds, d’un amour absolu, et la figure du Che pour lequel il n’était nul besoin de poétiser la vengeance d’une femme qui a tué le tueur de Guevara.
Ils n’ont pas chanté cette chanson, mais un ami l’attendait :
« Les semeurs de blé 
Ils sont arrivés,
 il faisait jour, 
hommes et femmes à l’altiplano 
avec le pas lent, silencieux,
 prudent des semeurs de blé 
et ils ont cherché ce qui n’existait pas
 entre la décharge et la voie ferrée 
et ils ont cherché ce qui n’existait pas
 derrière les jumelles de la police 
et ils ont plié les mains et les yeux sous le vent 
avant de s’en aller jusqu’à la route 
et avec la nuit à l’entour 
ils sont arrivés de l’altiplano 
hommes et femmes avec l’air pensif des semeurs de blé 
et ils ont laissé ce qui n’existait pas à la décharge 
et à la voie ferrée et ils ont laissé 
ce qui n’existait pas aux yeux transparents de la police 
et ils ont tendu les mains contre le vent qui les emportait. »

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