L’Italie que l’on voit plutôt en beauté depuis que le Cavalière n’est plus en selle, ce soir à la MC 2, avait l’allure d’un bras tendu à travers la Méditerranée avec la Sicile comme foulard.
Le chanteur et l’écrivain ont parfois échangé leurs rôles pour nous délivrer une heure et demie de complicité chaleureuse sous des airs de guitare jazzy.
Les deux compères nous ont rappelé les flux migratoires et la fraternité avec les gueux déplacés :
ils s’y connaissent en voyages, les ritals.
Depuis une poète russe évoquant la force d’attraction céleste qui pousse les arbres à aller à l’encontre des pesanteurs,
à leur ami yougoslave Izet Sarajlic qui a perdu son frère sous les balles des chemises noires et qui aimait l’Italie,
ils évoquent aussi Hikmet le turc.
Et la chanson du déserteur de Vian que je croyais désuète a été remise au goût du jour quand De Luca retrouve à Belgrade le son des sirènes d’alarme qui avaient hanté sa mère depuis les bombardements de Naples.
Le récit de la correspondance entre deux analphabètes révèle des inventions touchantes.
C’était bien du vin rouge et non de l’eau en bouteilles plastique que les deux complices sirotaient entre un texte et une chanson.
Ils ont évoqué Quichotte
« Ce n’est pas celui qui gagne toujours qui est invincible, mais celui qui jamais ne se laisse mettre en déroute par les chutes, qui jamais ne renonce à se battre encore »
Ils ont repris un éloge des pieds, d’un amour absolu, et la figure du Che pour lequel il n’était nul besoin de poétiser la vengeance d’une femme qui a tué le tueur de Guevara.
Ils n’ont pas chanté cette chanson, mais un ami l’attendait :
« Les semeurs de blé
Ils sont arrivés,
il faisait jour,
hommes et femmes à l’altiplano
avec le pas lent, silencieux,
prudent
des semeurs de blé
et ils ont cherché ce qui n’existait pas
entre la décharge et la voie ferrée
et ils ont cherché ce qui n’existait pas
derrière les jumelles de la police
et ils ont plié les mains et les yeux sous le vent
avant de s’en aller
jusqu’à la route
et avec la nuit à l’entour
ils sont arrivés de l’altiplano
hommes et femmes avec l’air pensif
des semeurs de blé
et ils ont laissé ce qui n’existait pas
à la décharge
et à la voie ferrée
et ils ont laissé
ce qui n’existait pas
aux yeux transparents de la police
et ils ont tendu les mains contre le vent
qui les emportait. »
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