
Nous allons au « marché russe » en tuk-tuk pour 2$(8000Riels). Nous ne tournons pas longtemps autour du bâtiment et passé un magasin extérieur d’antiquités intéressantes nous pénétrons dans le marché couvert, en cambodgien Psaar Tuol Tom Pong. Nous sommes loin de l’activité des marchés vietnamiens. Les marchands attendent sans nous haranguer, certains ont même carrément abandonné leur échoppe. Nous ne tardons pas à nous lancer dans des négociations pour des éléphants et oiseaux sous forme de boîtes en cuivre, une serpe pour couper le riz utilisant de la corne animale, boites à bétel et écharpes multicolores pour ramener des souvenirs aux familles. Nous reprenons le tuk-tuk pour l’hôtel assez tôt pour ne pas manquer notre rendez-vous.
Amreth nous attend, en jean, tongs et polo qui ont remplacé la chemise blanche du service. Pour 15$ le tuk tuk à 4 places s’ébranle et attaque ses quinze kilomètres sous une pluie timide. Il se passe un certain temps avant que nous entrevoyions des champs et la campagne. Tout à coup un bruit inquiétant suivi d’un cahotement anormal : crevaison. Nous sommes à l’embranchement qui conduit à Choeung Ek, le mémorial du génocide que nous gagnons à pied. Un immense stupa khmer contient une vitrine comprenant de nombreuses étagères où sont déposés 8000 crânes. Le bas est réservé aux misérables habits retrouvés sur les corps. Autour quelques stèles émergent encore de cet ancien cimetière chinois où ont été creusés des charniers découverts en 1980. Il y a le charnier des hommes frappés à la tête par un bâton ou un fléau qu’on laissait agoniser et souffrir jusqu’à la mort, le charnier réservé aux femmes et aux enfants découverts entièrement nus, le charnier des corps sans tête, l’arbre où l’on frappait les bébés quand ils n’étaient pas jetés en l’air puis mitraillés comme au tir aux pigeons et qui chutaient sur des haches et des lames. Choeung Ek ne servait pas de prison, mais de lieu d’exécution, l’espérance de vie n’excédait pas 24h. Dans un petit musée nous pouvons voir des informations sur « la clique » à Pol Pot, quelques photos et crânes et les vêtements noirs d’un couple de khmers rouges avec leur écharpe à carreaux rouges. Sous ce régime les enfants de quinze ans étaient éduqués pour tuer : « un enfant, c’est une feuille blanche ».
Amreth s’applique, avec tact et justesse, à nous raconter cet épisode douloureux de son pays « mon grand papa est là, il était policier ». Nous retrouvons notre tuk tuk pour aller jusqu’à la prison S 21.
Dans un ancien lycée, les khmers rouges ont transformé les salles de classe en salles de torture. Des photos individuelles des nombreux prisonniers provenant des dossiers des bourreaux sont exposées, restent aussi des fers collectifs pour immobiliser les jambes avec des anneaux fixés au sol, quelques lits métalliques. Dans un bâtiment enveloppé de barbelés pour empêcher les suicides, l’intérieur a été cloisonné en de nombreuses et minuscules cellules aux cloisons de briques. On peut voir aussi des instruments pour faire souffrir, des photos de morts après leur calvaire et des témoignages d’anciens khmers rouges.

Nous discutons encore un peu avec notre gentil étudiant. Nous le quittons à 17h pour assister à la projection du film « histoire d’un génocide » en français, monté et commenté par le patron d’un bar qui recadre les évènements, leurs causes et leurs conséquences, très utile. Ces années noires cambodgiennes ne sont pas si lointaines, nous les avons vécues en paix, social traitre pour les derniers marxistes léninistes les plus acharnés, alors que nous savions. La nuit tombe sur la ville annonçant l’heure du repas vers 18h30. Nous dinons à l’Edelweiss restaurant qui affiche des influences bavaroises. Je teste l’Amok (poisson au curry légumes riz) spécialité cambodgienne.

Ah le Cambodge, un pays magnifique fait de contraste mais pas mal de français on trouvé leur coin de paradis.
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