mercredi 8 octobre 2008
« Entre les murs » : au-delà.
Quelques mots encore autour du film de Laurent Cantet qui a déjà apporté quelques pièces rares au paysage cinématographique français (« Ressources humaines »).
Le personnage du principal me plaît bien, avec sa façon de parler toujours maîtrisée. Le regard qu’il porte sur sa communauté éducative n’est dénué ni de lucidité ni d’humour. Quant à sa position vis-à-vis des élèves, s’il n’a pas les oripeaux de la branchitude, il a plus de respect à leur égard que bien des démagogues, cependant rares dans ces portraits. Je suis volontiers le professeur d’histoire géo qui se veut plus cadrant au départ pour éviter les débordements qui se fracassent au bout des renoncements. Il préfère prévenir que sévir trop tard.
Le film aurait pu titrer : « malentendus » tant les mots font barrage entre tous les partenaires de l’école. « Ma mère s’excuse en mon nom » traduit l’élève exclu. Médiateurs, traducteurs, les mots à qui sont-ils ?
Cette affaire de tchatche me taraude depuis nos revendications de lycéens en 68. Nous avions demandé un bac à l’oral le déguisant ainsi de vertus démocratiques alors que ceux qui avaient l’aisance du verbe, le devaient plus à leur assurance de classe sociale qu'à leur travail dans des classes surchargées. Plus tard, les mots des praticiens des mouvements pédagogiques, une fois récupérés par ceux qui allaient s’abstraire du brouhaha des classes, ont perdu bien du sens en route. Ce qui était le fruit de libres démarches a tourné au pathétique bureaucratique quand le conformisme s’en empara. Lorsque la norme « papa cool » s’est imposée auprès des pères arrivant du bled, ceux-ci privés de leur ceinturon en ont perdu leur dignité. Les mots - ces pétasses - n’échappent pas à leur contexte.
lundi 6 octobre 2008
« Entre les murs » : vrai de vrai.
Forum de Libé : Vivement l’année prochaine
Je viens de terminer la mise en blog de dix comptes-rendus des débats du forum Libération. Privilège de la retraite : trois jours pleins à écouter de belles machines intellectuelles qui ont du temps pour développer leurs pensées. Si ça pouvait être contagieux ! Même si l’excitation d’être à proximité de l’endroit où se fabrique l’information (studios de France Culture, Inter, Isère) a réveillé le badaud qui ne sommeillait pas en moi, à qui l’on souffle : « t’as vu, y a Jack Lang qui se fait prendre en photo». Ce n’est plus la ronde des petites phrases, mais des cohérences qui se frottent, et ce n’est pas rien quand Edgar Morin, plus en forme que l’an dernier, déploie ses grands bras : de la pensée, du temps, de la politique incarnés. Des occasions de voir se rencontrer ceux qui ne sont pas d’accord : la démocratie, c’est le débat. Cette année, l’actualité venait accélérer l’urgence d’une pensée qui dépasse le paradoxe d’une société de plus en plus balkanisée, émiettée, enfermée par les marqueurs religieux, ethniques, en guise de résistance à l’homogénéisation. Le message D’Edgar Morin pour clore ces journées tiendrait sur une assiette décorative à poser au dessus de nos cheminées :
« ajouter de la vie à nos jours, plutôt que des jours à notre vie ». Son exposé avait les mots de l’optimisme, mais je n’ai pu me défaire d’un sentiment de mélancolie dans ses voeux destinés à la gauche qui devrait plus énoncer que dénoncer ; quand je pense que Nombril 1er avait saisi le terme de Morin, « une politique de civilisation », le temps d’un discours. Non ce n’était pas devant le MEDEF ; je ne me souviens plus. Des apprentis qui viennent de siffler son nom, sont oublieux aussi.
Pour conclure avec un peu d’amplitude et faire mine de convaincre des amis dévoreurs de livres que ces journées ne sont pas si vaines : dans ses échanges avec Houellebecq, Bernard Henry Lévy va chercher Haïm de Volozine qui a écrit « l'Ame de la vie » qui dit en substance : « à quoi servent, non pas exactement les livres, mais le Livre ? à quoi bon ces siècles passés, dans les maisons d’études, à pinailler sur des points d interprétation de la Loi dont nul n'aura le dernier mot ? à empêcher que le monde ne s’écroule ; à éviter qu'il ne tombe en ruine et en poussière ; car Dieu a créé le monde , mais aussitôt, il s'en est retiré , il l'a abandonné à lui-même et à ses forces d'autodestruction ; en sorte que seule l'Etude, seules ses lettres de feu projetées en colonnes vers le ciel peuvent l'empêcher de se dé créer et faire qu'il reste debout - les Commentaires, en d'autres termes, ne sont pas les reflets mais les piliers d'un monde qui, sans cela, retournerait au néant ; les livres sont, non le miroir, mais les poutres de l’ univers ; et c est pourquoi il est si important que subsistent des écrivains. »
samedi 4 octobre 2008
Mondialisation et repli identitaire.
« Afterschool » Antonio Campos
jeudi 2 octobre 2008
La religion du progrès
mercredi 1 octobre 2008
Matériel (« Faire classe » # 4)
- chaque écolier possède plusieurs porte-vues pour insérer des quatre pages (un A3 recto verso plié en deux) : un pour la lecture, un autre pour la géométrie, un pour le vocabulaire. Les feuillets baladeurs se raréfient. Ils séjournent provisoirement dans la pochette qui voyage dans le cartable, de l’école à la maison, afin de révisions.
Une mode pédagogique voulait à une époque qu’un livret d’orthographe par exemple suive l’apprenant tout au long d’un cycle pour assurer une cohérence, mais au bout d’un an il se sent parfois un peu chiffon. Je crois plus à l’impulsion d’un état de grâce qui se renouvelle chaque année avec le cahier aux pages vierges et les bonnes intentions à neuf.
- Un classeur classique reçoit les quatre pages en histoire, géo, sciences, éducation civique.
- Le bloc sténo pour les tâtonnements évite le gaspillage de belles feuilles.
- Correction quotidienne d’un cahier de maths, de français qui recueillent les exercices rédigés. Première page customisée par chaque élève qui s’approprie ainsi son outil de travail. Il n’y a plus de photocopies ici qui entreraient dans la composition d’un super Big Mac de papier.
Je mettais un point d’honneur à ce que les documents distribués par ailleurs aux élèves ne comportent pas cette marge noire qui trahit « l’occupationnel » de coin de table. Le soin apporté à la préparation engendrera le soin de ceux à qui sont destinés tous ces exercices les plus variés possibles qui puisent à des manuels hétéroclites, aux sites les plus divers pour éviter la modélisation, le formalisme, la routine, la réponse mécanique.
- Les livrets thématiques de facture soignée peuvent être complétés rapidement de quelques terminaisons, barbouillées au surligneur ou complétées de croix, de flèches et de liens afin d’aguerrir les apprentis en leurs exercices d’entraînement rapides.
Des recueils de poèmes, de contes complètent cette petite bibliothèque usinée par les années. Ces livrets d’entraînement construisent une face speed des apprentissages avant la lenteur des inscriptions appliquées.
Ils ne constituent pas une individualisation pure et dure du travail mais ménagent, ce qui fut un slogan de France Inter, les pleins et les déliés.
Lorsque j’ai pu mettre à la disposition des enfants suffisamment de matériel (livres, fichiers, magazines, objets renouvelés dans le musée de la classe, apports de la maison, jeux…) accessibles quand le travail obligatoire est fini, j’ai gagné en sérénité dans la gestion de la classe. Quoi de plus fort que ces moments où chacun est à son œuvre ! Les véloces ne sont plus vacants, les lents s’activent.
Les programmations pensées à l’avance peuvent accueillir l'imprévu, l’ordre rassurant des mécaniques bien huilées permet de goûter la liberté ; les limites du collectif laissent dire les timidités individuelles.
Les contraintes m’ont libéré, moi qui étais naguère plus soumis à l’improvisation au gré des intérêts, que je percevais, des enfants. Elles m’ont permis d’équilibrer les matières, de respecter ce qui est prévu pour vivre la variété, multiplier les entrées en réussite.
Dans une journée : un poème de Jacques Charpentreau passe, les fractions s’éclairent, le passé composé se met en ordre, la bibliothèque s’ouvre dans le bâtiment voisin, nous corrigeons un extrait de « la guerre des boutons », nous rangeons la salle de peinture. Beau métier.
Ces dispositifs décrivent le temps.
En ce qui concerne l’espace, des architectes nous ont gâtés. Même s’ils n’ont pas retenu toutes nos suggestions concernant un mûrier à planter pour les vers à soie, le rêve d’un atelier où l’on puisse faire du bruit, laisser des copeaux et de la poussière, ou nos remarques basiques pour des toilettes extérieures.
Nous avons échappé aux couloirs sans imagination pour bénéficier dans une école neuve de coursives lumineuses propices aux affichages renouvelés, de jolies salles bien insonorisées, avec vue sur l’étang, et la diminution des effectifs venant, de nombreuses salles à vocation spécifique : - ainsi un hall avant l’entrée en classe pour les portemanteaux, des affichages encore, un lavabo, des ordinateurs, la caisse des ballons et des jeux de cour ou d’intérieur, de grandes tables pour les travaux en devenir,
- une salle de peinture, travaux manuels,
- la salle de sciences, d’anglais, musique et pour les séances solennelles où des débats plus longs doivent se dérouler, tables disposées en U,
- petite salle audio-visuelle sans chaise ni table, à deux pas.
Tout se joue dans les détails pour parodier les tics du langage sportif et ajouter un sourire que font naître des mots trop amples décrivant une histoire de pantoufles. On quitte ses chaussures au seuil de la classe, elles sont rangées dans des casiers tout propres, comme l’ont suggéré les femmes de ménage. Ainsi fut fait et nous pouvions voir comme un rite qui imiterait la mosquée où se laissent au dehors les soucis qui vous collent aux semelles : carrément le sanctuaire laïque.
mardi 30 septembre 2008
La diversité culturelle et la world culture.
« Dirty week-end », Helen Zahavi
dimanche 28 septembre 2008
Parlez moi de la pluie
samedi 27 septembre 2008
Le sport un langage universel ?
Celui qui échoue au pied du podium sera ignoré et s’il n’est pas français… En même temps un match Turquie /Arménie fait plus avancer la cause de l’apaisement que bien des déclarations ; l’équipe d’Arsenal plaide plus pour l’Europe que bien des tribuns.
Immigration et intégration sont elles incompatibles ?
vendredi 26 septembre 2008
Quelles frontières pour l’Europe ?
Lors du forum « Libé », Sylvie Goulard et sa belle énergie de militante du Mouvement européen,ainsi que Ahmet Insel avec une profondeur plus tragique, ont pu nous intéresser vivement au sujet. Même si l’Europe est victime d’un déficit émotionnel, la question turque qui a occupé tout le temps du débat, suscite des discussions ardentes. L’Europe, qu’une étudiante écrivait € en prenant ses notes, n’est pas qu’une question de géographie ; c’est aussi de la politique. Au moment où l’Ossétie déboule devant notre plateau repas, il est urgent d’approfondir nos idées. Nous tombons dans la perplexité, quand l’OTAN vient interférer, lorsque « la démocratie, ennemie de la décision » vient perturber les calendriers. Pendant ce temps, comment accompagner
jeudi 25 septembre 2008
Emploi du temps ( faire classe 3)
Et la colonne vertébrale ? L'emploi du temps.
« Les beaux jours s’en vont
les beaux jours de fête …
Mais toi ma petite
Tu marches tout droit
Vers sque tu vois pas » R. Queneau
De faux candides arrivent pour travailler dans les écoles en s’étonnant du nombre d’heures à consacrer à la préparation de la classe. Tout en ayant conscience de parler d’un autre temps, je proclame: « ces heures furent du plaisir ». L’époque de la rentrée renouvelait chaque automne les promesses de l’enfance. Les pages blanches. Pour ne pas m’en tenir à une attitude béate, j’ai aussi soupiré quand s’accumulaient les copies ennuyeuses ou celles qui mettaient à mal mes recommandations.
A l’heure où le secondaire se cherche des airs plus maternels, le primaire devient secondaire. L’école, pourtant chargée de toutes les solutions aux déplorations rituelles, est considérée comme une activité entre deux week-end.
A reprendre les mots usuels : « emploi du temps », notre pouvoir pointe puisque nous commandons aux heures ; je suis responsable de mon destin dans la société : façonnier.
Chef, même quand ça déborde les dimanches après-midi. Non pas seul bien sûr.
Chef d’orchestre puisque nous ne jouons pas de tous les instruments ; en milieu urbain des moniteurs d’éducation physique, de musique, apportent leur professionnalisme. Autrefois, j’appelais volontiers des intervenants divers, pour multiplier les angles, les façons de dire. Aujourd’hui je trouve qu’il y a risque de dispersion pour des enfants en manque de structures stables. L’intérêt principal de la profession réside dans la diversité des centres d’intérêt même si l’honnête homme n’égalera pas Stendhal en écriture, Guy Roux pour la capacité d’entraîner, Reeves pour accéder aux étoiles, Cabu pour dessiner avec en outre le doux charisme de Marcello M. J’allais avancer Malraux, pour « entre ici Jean Moulin… » mais il aurait à peine convenu pour une cérémonie de départ à la retraite.
Il faut dire que s’ouvre une grande diversité dans les taches à exercer : réparateur de photocopieuse, chasseur de bugs informatiques, conseiller conjugal, good speaker, animateur de repas d’anniversaire, conducteur de réunion, chauffeur de salle, technicien de surface, spécialiste en assurances, démineur, averti dans le domaine juridique ou en ergonomie, cuisinier, bobologue, maître nageur, secouriste, consolateur, médiateur, gendarme, éducateur, instit’, citoyen, bon père, belle femme...
Le mot projet m’a lassé à entrer dans la composition de toutes les sauces. Il est omniprésent quand l’état abandonne tout investissement à long terme, quand le plan n’est plus une ardente obligation. L’administration accroche « projet » à chaque ligne de ses circulaires et pourvoie généreusement en imprévoyances, elle n’anticipe jamais avec ses ouailles. Le respect proclamé pour les enfants ne convient pas aux administrés avertis à la dernière minute, qui ont à rendre l’imprimé pour le lendemain, impérativement. Le projet de classe de mer doit être envoyé huit semaines (ouvrables) à l’avance, la réponse parviendra, la veille du départ.
Les emplois du temps gigognes matérialisent nos desseins. Oui nos projets.
- Plan large sur la programmation annuelle dans les dossiers personnels avec la ponctuation des vacances, les sorties (une toutes les sept semaines), les dominantes thématiques, les cycles d’éducation physique. Aux grandes vacances j’assemblais les livrets maison de calcul rapide, problèmes, exercices de maths, français, poésies, contes ; la ligne se trace pour l’année.
- Zoom pour les périodes de sept semaines les rendez-vous pour les évaluations à éviter en fin de période scolaire pour ne pas ajouter aux plombages de la fatigue.
- Plan moyen. L’organisation sur deux semaines est affichée dans la classe, les possibilités de l’informatique permettent d’imager les rendez-vous. Elle complète la notification des travaux à prévoir à la maison une semaine à l’avance : autodictée, lecture silencieuse, révisions avant contrôle, dispositif personnalisé pour les contrats poèmes et contes, les travaux supplémentaires personnalisés en math et français aux échéances négociées.
- Gros plan. Une parodie de publicité met en avant « l’affaire de la semaine » : rencontre de hand-ball, la réunion des parents, la fin de la lecture suivie, les mesures du temps… En début de journée je dis où l’on va.
Au cours de l’année trois emplois du temps différents à colorier pour les cahiers de textes.
Il devient difficile d’oublier sa tenue de sport ou le gâteau à préparer pour toute la classe à l’occasion de la sortie piscine. Le métier d’écolier.
- Macro : en début d’année, vérifier les cahiers de textes et que le matériel adéquat est embarqué dans les cartables, le pli sera pris et les oublis oubliés.
Une petite fiche dite navette est signée par les parents tous les quinze jours, elle atteste qu’ils ont pris connaissance des travaux de leur petit. J’ai rapidement sous les yeux les parents oublieux et je gagne du temps sur la vérification des signatures
mercredi 24 septembre 2008
Le pluralisme est-il une force ?
mardi 23 septembre 2008
Le transport individuel est-il l’ennemi du transport collectif ?
lundi 22 septembre 2008
Démocratie sociale ou démocratie politique ?
dimanche 21 septembre 2008
« Wladislaw Polski world tour » Chraz
vendredi 19 septembre 2008
La fin de la social-démocratie ?
À la belle étoile!
" Un Français et un Québécois vont en camping.
Ils installent leur tente dans une clairière et se couchent pour dormir. Quelques heures plus tard, le Québécois réveille le français et lui dit:
- Regarde dans le ciel et dis-moi ce que tu vois.
- Des millions d'étoiles !
- Et qu'est-ce que ça veut dire, selon toi ?
Le Français interprète la question un instant et dit :
-1. Bien, astronomiquement parlant, cela veut dire qu'il y a des millions de galaxies et des milliards de planètes dans le vaste espace.
2. Astrologiquement, cela me dit que Saturne est en Verseau. Pour l'heure, je dirais qu'il est quatre heures du matin.
3. Théologiquement parlant, il est évident que Dieu est tout puissant que nous sommes petits et faibles. Météorologiquement, il semblerait qu'il fera très beau demain.
Après s'être fait dévisager par le Québécois pendant quelques minutes, il reprend:
- Quoi!!! Qu'est-ce que j'ai dit de mal ?
- Crisse d'innocent! Ça veut dire qu'on s'est fait voler notre tente!
mercredi 17 septembre 2008
Epiques équipes (Faire classe 2)
Alors après l’affirmation de la personnalité( « faire classe1 ») pour assurer de bonnes heures devant les élèves, revenons sur le collectif , les liens, les équipes.
Nous ne sommes pas condamnés à la solitude. La complexité du travail oblige à la coopération. Et il est bon d’être « tous ensemble -tous ensemble », pour résister parfois aux collectivités locales et autres profs manqués déguisés en parents d’élèves qui auraient tendance à se mêler des choix pédagogiques des enseignants, voire à leur dicter la loi. Les complaisances ne manquent pas dans la place. Les difficultés des politiques de peser sur le réel les amènent eux et leurs communicants à l’école et son public captif pour lutter contre le tabac et l’obésité, prévenir l’usager de la route et des transports en commun, pour promouvoir le développement durable ; tout cela joue au détriment d’une éducation qui durerait. Chaque jour s’annonce la semaine du handicap, du goût, de la femme, de l’Internet, de la presse, de l’Europe, de la bicyclette, du loup et de la buse, de l’emploi, de la fraich’attitude, du livre, du timbre pour les vacances, de la poésie : tout ce qui nous manque. Difficile de rester maître chez soi. Les appels médiatiques incessants en direction de l’école trahissent une paresse, une fausse reconnaissance qui accélère l’amoindrissement des ambitions originelles : lire, écrire, compter. Comment donner confiance aux élèves si l’adulte devant les enfants n’est pas sûr de son coup ? Mes intuitions allumèrent parfois chez les enfants les curiosités, les rires, mais aussi soulevèrent des incompréhensions. Les coups de gueule, les moments inspirés perdent de leur vérité, refroidissent quand ils sont mis en lignes. Pour la jouer tangible, restent les objets, des mécaniques pour vide-greniers.
Des recettes pratiques concernant le bon usage du papier calque ou du bristol ne répondront évidemment pas aux enjeux de l’école, mais se nourrir de spéculations générales contraires à la nécessité de la transmission éloigne d’un engagement intime.
« Prof un jour, prof toujours ».
« Donneur de leçons soixante-huitard, continue même tard. »
L’enfant n’est pas jeté au monde fini, terminé, où serait notre rôle d’éducateur, d’éleveur ? L’adulte se construit, se fait, fait, est refait parfois, s’exerce à la liberté. Nous sommes tous édifiés, à travers le regard des autres, à travers les mots des autres.
Une pédagogie personnalisée qui cultive ses singularités ne contredit pas la cohérence nécessaire à l’intérieur d’une école. Nous pouvons éviter collectivement par exemple les redites thématiques, mais le chemin est long pour acquérir une sincérité qui sait avouer ses faiblesses. La santé psychique qui se joue chaque matin au petit théâtre pédagogique ne peut s’endurcir qu’avec des hommes et des femmes authentiques. La responsabilité personnelle de l’enseignant peut être mise en péril quand le recours au collectif devient incantatoire.
Le travail en équipe pédagogique s’accomplira comme une noble entreprise si elle résulte d’engagements volontaires ; l’approbation par le silence ouvre les portes aux tyrannies à la petite semaine.
La concertation est indispensable afin de trouver des solutions pour les enfants en difficulté au plus tôt sans que la masse horaire des réunions ne vienne amputer du temps de préparation de la classe. Que de temps perdu, parfois, parce qu’une aide souhaitable n’avait pas été proposée à temps ! Qu’il n’y ait pas de silence au sujet des enfants en difficulté ! Alors la mauvaise foi de parents qui affirment : « c’est la première fois que l’on me dit que mon fils a des problèmes » pourra être démasquée.
Dans l’acte pédagogique reste la vérité du pédagogue, ce qu’il est, ce qu’il aime, ce à quoi il croit. Cela n’interdit pas les évolutions, les adaptations.
Mais les mesures autoritaires génèrent les freins les plus sournois, les plus efficaces. Rester sincère, être fort pour préserver la capacité à entraîner un groupe d’élèves, à recevoir ses attentes, continuer à faire vivre une idée de l’école de la république pour que sa devise ne devienne ni un jingle publicitaire ni une épitaphe.
A trop avoir crié « Ubu » n’a-t-on pas vu qu’il était à la barre dans ce qui devrait demeurer- sans hésiter sur l’image - « le temple des savoirs » ?
A mes débuts je me suis empressé de mépriser la première recommandation d’un collègue concernant les assurances, les accidents. Dans ces années l’insouciance s’adossait à d’autres certitudes en béton. Début de ce siècle, fin de ma carrière, les angoisses obscures pensent s’exorciser par les paperasses. «L’assurance » si mal nommée puisqu’ en compagnie, elle, affole les compteurs, et met à mal un minimum de liberté, d’audace de celui qui est en tête du rang. Beaucoup de centres aérés, de classe de mer ont fermé leurs portes faute de candidats qui ne pouvaient plus s’épuiser à affronter le judiciarisme vétilleux envahissant une société où l’insécurité se la joue.
L’imparfait conviendra pour ces billets où des préfabriqués ont pu s’inventer des ferveurs de chapelle où les tombes ne font pas silence quand il convient d’envisager l’avenir. Allons enfants !
« …nous n’habitons plus l’histoire de la même façon : la nouveauté fait preuve, la tradition est à charge. La jeunesse n’est plus un âge, c’est une valeur en soi… » R. Debray
Darcos, perdu.
Le responsable de l'éducation- surtout pas publique- n'a pas toujours été aussi lamentable, mais il s'est révélé délirant lors d'une de ses dernières sorties concernant des médailles pour le bac. Et cette vidéo de juillet sortie récemment (que font les journalistes?) vient déconsidérer totalement le ministre des fermetures. Son mépris s'ajoute à une méconnaissance coupable de ses administrés, et légitime la colère des personnels. Il déconsidère un peu plus les politiques qui seraient censés avoir quelques compétences pour arriver à ce poste de ministre!
Rumba d' Abel&Gordon
mardi 16 septembre 2008
Télévision publique
Voici un des deux films diffusés lundi 15 septembre au théâtre du Châtelet dans le cadre de la soirée de mobilisation pour l'audiovisuel public. (Proposé et écrit par Yves Jeuland réalisé par Joyce Colson, animation de Jean-Yves Castillon)- Le deuxième film : "La redevance"- Plus d'infos sur nouvelobs.com
La guêpe est où ?
Même à l’intérieur des maisons de la gauche, nous recevons les gifles du buz médiatique : qui a parlé des 4000 personnes de l’université d’été à
Tous des aveugles, de vains querelleurs ?
Quand la crise politique qui nous mine, nous rend timides, il est bon d’aller prendre quelque recul avec les « Gracques » dans le Nouvel Obs qui décrivent, en quatre lignes (claires), les évolutions de notre société.
Nous en sommes là :
« - passage d'une économie industrielle à une économie de connaissance
- fragilisation de l’état providence (victime de la crise des finances publiques et de la montée de l'individualisme)
- montée d'une société du risque mondial (à travers les chocs financiers et énergétiques)
- crise de la représentation démocratique. »
En 2000 : 11 gouvernements sociaux démocrates en Europe.
En 2008 : 3 et un dans une grande coalition.
« La gauche était armée pour penser l’exploitation, pas l’exclusion. Or le chômage ne crée pas la solidarité, et nous avons agi sur les effets pas sur les causes » J.B. de Foucault.
Les élites font la leçon aux classes populaires sur leur façon de regarder l’avenir, M. Gauchet conseille « de regarder le monde tel qu’il est » au lieu de « mépriser les peurs des classes moyennes et de demander aux gens de renoncer à ce qu’ils sont »
Ce n’est pas une citation de plus, celle de G Orwell, qui nous remontera le moral, mais elle me semble saisissante de vérité :
« L’homme d’aujourd’hui ressemble à une guêpe coupée en deux qui continuerait à se gaver de confiture en faisant comme si la perte de son abdomen n’avait aucune espèce d’importance ».
« Bon appétit messieurs… »
Tais toi Victor !
lundi 15 septembre 2008
Les « Légendes d’avenir » dansent dans la rue.
4000 personnes : des enfants, des vieilles, des djeun’s maquillés avec imagination, habillés d’invention ont défilé pour la septième édition de la biennale de Lyon. Là bas il faisait soleil. Le défilé de la biennale consacré cette fois aux « légendes de l’avenir» est une des rares entreprises à faire vivre l’utopie de la culture pour tous par la diversité des acteurs et un investissement sur un long terme qui se résout par ce fulgurant feu d’artifice.
Les groupes étaient reliés par des danseurs « pointillés » qui assuraient la transition et installaient le refrain : « Va, aujourd’hui vit au rythme du mouvement qui passe, va… »
Difficile de saisir toutes les intentions des 16 propositions, tant certains passent si vite qu’il ne reste qu’un tourbillon de couleurs, une intensité fugace malgré une scénarisation plus poussée cette année.
J’ai apprécié le message de Villeurbanne : « on ne peut pas savoir où l’on va, si l’on ne sait pas d’où l’on vient ». Graphiquement je retiens les sphères de l’Ardèche ; le beau char de Lyon 3°, et même les brouettes dansaient avec Lyon 8°. Pour clore ces heures, une école de samba emballe le tout dans les règles d’un art réinventé à chaque pas.
dimanche 14 septembre 2008
« Faire classe »1.
Je m’autorise du haut de mes annuités à apporter mon grain de sel en essayant de débiter en tranches fines, quelques réflexions, quelques témoignages concernant l’école du temps où elle régnait même le samedi matin.
Sous ce titre « faire classe » je joue avec la prescription insistante que j’adressais à mes élèves :
« éviter le paresseux verbe faire », tout en insistant sur l’acte concret, élémentaire, qui matin après matin, fit les bonheurs de ma vie. Je pourrais aller, avec cet intitulé, jusqu’à solliciter une élégance « classieuse », mais ce rouleur de mécaniques d’Aldo Maccione me l’interdit.
J’aurais pu nommer ces notes : « Recettes pédagogiques pour les nuls » en m’essayant à la parodie. L’humour est difficile à proclamer, cependant il devrait figurer dans les grilles d’évaluation pour les écoliers et leurs maîtres, tant cette qualité peut traduire l’équilibre et la finesse, le recul. Tout le contraire du sourire refroidissant posé sur les lèvres publicitaires.
«Nul » figure le degré zéro du langage; si le mot est banni heureusement des appréciations professorales, il prolifère néanmoins autant que l’ambigu « respect ».
Peser des mots : « retour sur mes investissements » ne gonfle aucun compte en banque, je révise des années de ferveur entre les années soixante et 005 où le collégien pensionnaire a viré au pensionné.
J’ai souvent croisé la couardise, et j’ai eu honte aussi de mes lâchetés; il n’y avait peut être pas à attendre d’avoir tant engrangé de certitudes pour énoncer :
- être soi même est la clef d’une pédagogie efficace.
Vaste programme qui épargnerait les pâles clonages sans aller jusqu’aux abus narcissiques.
Injonction bien évidente, et pourtant que de caméléons ne rougissant plus de leur conformisme paresseux !
« Et que vont dire les parents ? Et l’inspecteur ? A la télé, j’ai entendu … »
Les enfants vous savent très vite : « ça passe » ou la classe se lasse très vite.
Dans l’alchimie aléatoire des relations dans un groupe, les images de terre, de jardinier, de vigneron viennent sous le clavier, elles parlent de patience, de maturation. Certaines années vieillissent bien, d’autres exaltées un instant laisseront des doutes. Le terroir, les jours de soleil comptent aussi.
samedi 13 septembre 2008
Une Vichyssoise
vendredi 12 septembre 2008
Raymond a été bien Serbie
jeudi 11 septembre 2008
Le sel de la mer
Palestine in et out. Film de Jacir Annemarie, éminemment politique bien sûr avec de beaux acteurs filmés efficacement sous forme de road movie, voire de film de gangsters sympathiques. L’illégalité est constitutive de la vie des palestiniens, déjà dans le moindre déplacement. La jeunesse abime son énergie dans des rêves d’ailleurs : l’Américaine pour Jaffa qui n’existe plus et le serveur de Ramallah qui n’ira pas au Canada. Lumineux, nuancé, indispensable.
mercredi 10 septembre 2008
Le village de l’Allemand
mardi 9 septembre 2008
XXI
J’ai choisi pour illustrer cet article une photo prise au bar du musée du quai Branly que Libé a retenue sur son site web parmi les photos d’amateurs.
lundi 8 septembre 2008
« Le premier jour du reste de ma vie »
dimanche 7 septembre 2008
Biennale de la danse
samedi 6 septembre 2008
Blagues de rugby
J’en ai ramassé quelques autres sur internet. Il y a du plausible et de l’improbable.
Pour un supporter de Montferrand (To loose)
« A Michelin, on va leur mettre la pression »
Avant un match ... à la maison...
" Il faut jouer de la même façon à la maison et à domicile !"
“Bon, les gars, on est chez nous, alors d’entrée, je veux qu’on joue chez eux.”
Dans le vestiaire ...
" Ils sont comme nous ! Ils ont comme nous 15 mains et
“Aujourd’hui les gars, on va se regarder dans les yeux, et on verra bien si on a des couilles !” “Eh les gars on n’est pas venus jusqu’ici déguisés en feuille de chou pour se faire brouter le cul par des lapins !”
“Isole toi si tu veux, mais jamais seul.”
“Aujourd’hui, les gars, y pas de joueurs de
“Cet après midi vous avez carte bleue !”
“Bon les gars, en face c’est que des cons, alors au premier regroupement, il faut qu’ils discutent avec les taupes !"
" Toi , tu vas rentrer à la mi-temps , et je veux que tu fasses 80 mn à fond ! "
A l'infirmerie
"Tu peux me regarder les cervicales ... car j'ai mal au bas du dos ..."
Classique :
“Putains les mecs, si j’ai des demis, c’est pas pour que les trois-quarts fassent les choses à moitié !”
Les limites du langage managérial :
“Bon, les gars, on n’oublie pas la règle des trois P : POUSSER, PLAQUER, COURIR !”
Et attention sinon vous allez finir footballeurs !
“Les gars, il va falloir s’y mettre. Sortir les mains des poches parce que si vos couilles explosent, y’en a un paquet qui vont devenir manchots (…)
vendredi 5 septembre 2008
Ce que nous avons eu de meilleur
jeudi 4 septembre 2008
Ecrire, lire , sans compter...
« ECRIRE LIRE IMAGINER À SAINT-EGREVE »(ELISE)
où nous donnerons rendez-vous le jeudi 25 septembre à la maison de quartier de la gare
(20h 30) à ceux qui sont intéressés par nos projets :
marché de Noël du livre, stage de poésie, ateliers d’écriture, conférences, présentations d’auteurs...
Nous nous y voyons déjà avec un illustrateur qui croulerait sous les demandes, des découvertes de talents ignorés, des échanges fructueux qui nous sortiraient des déplorations solitaires sur « la langue qui fiche le camp ». Nous comptons bien élargir notre cercle fondateur d’amateurs de mots, pour apporter notre part aux réflexions et pratiques culturelles dans notre cité.
mercredi 3 septembre 2008
« Le blog »
Quant à moi avec mon blog, je joue au bavard de bistrot virtuel. Je transmettais à mes amis mes avis sur des films, des livres, afin de cacher la misère d’une mémoire qui fuit. En déposant mes écrits sur le net, je prolonge l’exercice en évitant d’importuner. Un blog ne klaxonne personne, ne dérange pas. Je m’amuse à illustrer quelques phrases avec des photos personnelles parfois un peu hasardeuses. J’aime cultiver le mélange des genres : Jaurès n’est pas qu’un défenseur de l’A.J. Auxerre. Autour du comptoir, au-delà de quelques habitués, des passants saisissent quelques mots ; mais nous sommes pressés…