jeudi 17 novembre 2022

Damien Hirst. Damien Capellazzi.

« L’anatomie d’un ange »
d’après « l’Hirondelle » d’Alfred Boucher peut être représentative d’un parcours artistique convoquant le passé et inventant aujourd’hui, entre hommages et injures. La conférence intitulée « Les vanités provocantes », devant les amis du musée de Grenoble, permet d’aller voir ce qu’il en est de l’œuvre polémique et irrévérencieuse de l’Anglais.
« With Dead Head »
. Né à Bristol en 1965, Damien Steven David Brennan porte le nom de son beau-père qui quitta sa mère alors qu’il avait douze ans.
« Hymn »
(2001) Bronze peint. A Leeds, devenu adolescent, il se fait attraper en train de chaparder des livres d’anatomie.
Remarqué pour ses dessins, il peut intégrer « le Goldsmiths College » où la tradition du Bauhaus se perpétue. Les artistes sont encouragés à vendre leurs œuvres pour ne pas dépendre des institutions. Damien Hirst se présente comme l’impresario des YBA, Young British Artists, et organise leurs premières expositions.

« Freeze » 1988.
Il fait le tour des cabinets médicaux de Londres et leur propose des vitrines où sont présentés des mégots, des papillons.  
« Il a commencé avec l’acte final » Lucian Freud
Il travaille dans une morgue et installe des œuvres en rapport avec la mort.

« Mille ans », aux cadres structurant l’espace, joue avec les codes de l’art. La tête sanglante d’une vache est entourée de mouches vouées au grill. L’organique rencontre la géométrie, « la belle horreur » va faire scandale. 
« L'odeur du sang humain ne me quitte pas des yeux » Bacon.

Celui-ci avait mis en cage le pape Innocent X « Tête VI » (1949)

comme Giacometti « La cage ».
On peut se rappeler aussi Eichmann responsable de la « Solution finale » à son procès en 1961, derrière ses vitres.

Remarqué par le publiciste Charles Saatchi, il bénéficie de moyens importants pour faire venir un requin et employer des collaborateurs assurant par exemple l’hygiène et la sécurité des cuves remplies de formol, ralentisseur de décomposition.
« L'Impossibilité physique de la mort dans l'esprit d'un vivant»

« Mother and Child Divided » Les mouches sur les toiles anciennes évoquent la mort. Les papillons, dont l’origine du mot est commune à psyché, l’âme humaine, sont du côté de la vie, fragiles.
« In and out of love »
Les points colorés de ses « Spot paintings » évoquent le monde médical
et l’armoire de « Lullaby spring » est remplie de 6136 pilules peintes à la main.
Des
« Spin paintings » reprennent de façon monumentale des dispositifs pour enfants.
« Where Are We Going? Where Do We Come From? Is There a Reason? »
rappelle les  cabinets de curiosités, « chambre des merveilles », qui montraient parfois des monstruosités et furent à l’origine des musées scientifiques et des Beaux arts.
Les titres sont choisis :« God Alone Knows » reprend le Golgotha,
« Le sacré cœur de Jésus »
peut se voir à la fois répulsif et envoutant.

Les références à Dieu sont omniprésentes mais « For the love of God » doit surtout aux interrogations de sa mère : 
« For the love of God, what are you going to do next ! » (Bonté divine, qu’est-ce que tu vas bien encore pouvoir nous faire la prochaine fois !) 
 8600 diamants pour un crâne XVIII° en boule à facette et implants lui ont coûté 20 millions $, revendus 100 millions.

A Doha au Qatar, un centre médical a installé ses statues géantes représentant 14 étapes de la gestation de l’être humain, «  Le miraculeux voyage ».

« Demon with Bowl ».Toujours en recherche, il a proposé à Venise à la fondation Pinault, (La Punta della Dogana et le Pallazzo Grassi)

des « Trésors de l'épave de l'Incroyable » où des reproductions d’antiques voisinent avec

un « Mickey » sauvé des eaux.

A la Fondation Cartier, l’emblématique représentant d’une génération reprend les pinceaux pour  de poétiques « Cherry Blossoms »   
« Les cerisiers en fleurs sont tape-à-l’œil, désordonnés et fragiles, et grâce à eux je me suis éloigné du minimalisme pour revenir avec enthousiasme à la spontanéité du geste pictural ».

mercredi 16 novembre 2022

Nantes # 3

Nous revenons sur nos pas, près de la statue de Ramette et nous choisissons le restaurant le Régent pour notre pause méridienne. La bruine se met à tomber, et nous contraint à l’achat de parapluies au Monoprix tout proche, en vue des visites extérieures de cet après-midi.
En remontant vers l’Office du tourisme, nous découvrons le  passage Bouchaud  où s’épanouit la « jungle intérieure ». Elle se cache dans une cour intérieure qu’elle recouvre entièrement avec des plantes luxuriantes de toutes sortes, grandes ou petites, humides ou grasses mais toutes cultivées en pot sous la surveillance quotidienne de leur jardinier attentif. Un vrai jardin des plantes dans une arrière-cour autrement sinistre ! (surtout sous la pluie)
Nous rejoignons le point de rendez-vous et le groupe d’une quinzaine de personnes intéressés par la visite guidée retenue à l’ODT.
Nous commençons par le château des Ducs de Bretagne. Il fut édifié sous plusieurs règnes et à des époques différentes.
La 1ère étape date de François II de Bretagne au XV°. Sa fille Anne qui y vit le jour, l’apprécie l’entretient et l’améliore.
Bien que deux fois reine de France, car deux fois mariée, d’abord avec Charles VIII puis avec Louis XII, elle tient à marquer la puissance des Ducs de Bretagne à travers ce château.
De son union avec Louis XII nait Claude de France, mariée à François 1er. Le château ducal devient château royal et s’agrandit d’une aile Renaissance.
Une nouvelle partie s’ajoute encore sous Louis XIV avec un perron. Le château va servir de caserne, d’arsenal militaire et de prison.
Les Allemands l’occupent pendant la seconde guerre mondiale et l’affublent d’un Bunker dans la cour.
S’il subit maintes transformations, notamment au niveau des fortifications et de la construction du bâtiment du Harnachement pour stocker du matériel d’artillerie, il connait aussi des dommages importants : 1er incendie en 1670,  puis en 1800 un autre incendie provoque une explosion qui désagrège la tour espagnole bourrée de poudre et de munitions. L’impact se ressent jusqu’aux verrières de la cathédrale Saint Pierre soufflées par la déflagration.
Depuis 1862, il est classé monument historique et en 1915, l’Etat le vend à la ville. En 1924, il est aménagé en Musée municipal.
N’étant pas compris dans le circuit d’aujourd’hui, nous reviendrons demain pour le parcourir.
Notre guide nous entraine sur le chemin du Voyage à Nantes, un dispositif visant à aider et informer le visiteur dans l’espace public. Il est matérialisé par un tracé au sol de couleur verte, réactualisé et valable chaque année. Lorsqu’un œil vert interrompt la ligne, il signale une enseigne rigolote imaginée par des artistes et nous invite à lever le nez :
par exemple,un « maneki-neko », chat porte bonheur japonais secoue sa patte au-dessus de l’épicerie asiatique« Indochine »,
un canard jaune annonce un love corner,
ou encore un dentier géant avec des rigolettes (gourmandises nantaises) en guise de dents  illustre une confiserie.
Quant au  photographe il opte pour une paire de lunettes dont chaque  verre cerclée d’un diaphragme ouvert sert de perchoir à un oiseau noir et blanc et à un oiseau de couleurs.
Nous délaissons la Cathédrale mal en point et toujours en réfection
depuis l’incendie de 2020, perpétré par un
bénévole du diocèse chargé d'ouvrir et de fermer les portes du monument classé.
Nous déambulons dans le quartier médiéval du Bouffay où résistent quelques maisons  à pans de bois rue de la juiverie.
Dans les parages, l’ancienne maison des Echevins garde quelques vestiges de sa vie d’avant, elle conserve des traces d’une cheminée  incongrue ainsi exposée et mise en couleur par Flora Moscovici.
L’église Sainte croix coincée au bout de la rue de la juiverie nous surprend par son beffroi couronné d’anges trompettistes issus d’un autre monument.
Bien sûr notre guide s’arrête un instant devant la statue iconique de Ramette avant de traverser la voie du tram pour gagner l’île Feydeau.
Grâce à elle, nous accédons au 11 rue Kervégan à la cour ovale du XVIII°  aujourd’hui privée, faite de granit et de tuffeau.
Incontournable, nous repassons dans la galerie Pommeray avant de terminer par la place Graslin.
Dominée par le théâtre de style grec avec péristyle (1788), la place répond à une forme circulaire imparfaite dans l’alignement de ses bâtiments, tous de pierres claires comme le dallage. Des lampadaires modernes s’inspirent  de ceux qui pourraient éclairer l’intérieur d’un théâtre, ils s’adaptent bien au lieu.
Face au théâtre, La Cigale attire les clients depuis 1895 dans un décor Art nouveau qui lui a valu l’inscription aux monuments historiques. Ce restaurant abordable accueille les clients au milieu de mosaïques, peintures, sur bois ou céramique, genre Mucha, aux dominantes bleues. Une ambiance chaleureuse émane de cet intérieur grâce aux boiseries et aux lumières douces filtrées par des fenêtres à petits carreaux.
Séduit par le lieu, Jacques Demy avait choisi d’y immortaliser Anouk Aimée dans le film Lola  en 1961 (des scènes se déroulent aussi dans le passage Pommeray). Cela nous donne envie de le visionner… 
Ici s’achève notre parcours commenté, nous prenons congé de notre guide et de nos compagnons de visite.
Seuls maintenant, nous remontons le cours Cambrone afin de voir dans le jardin la statue du grand homme 
mais aussi «l’éloge de la transgression» de  Philippe Ramette: écrasée sous l’œil et la taille du  général conquérant très solennel, comme pour le narguer, une petite effrontée en bronze  descend de son socle, s’échappe.
Sur le chemin du retour, nous nous détournons vers la Place royale conçue en 1786 par l'architecte Nantais Mathurin Crucy déjà choisi pour la construction du théâtre. Célèbre pour sa fontaine monumentale symbolisant la vocation fluviale et maritime de Nantes, "la place n'a jamais habité de statue de monarque comme les autres places royales en France, mais elle a une valeur symbolique dans la ville et est un point prisé de rassemblements artistiques, festifs, ou politiques. Le site très endommagé lors de la seconde guerre mondiale, est restauré presque à l'identique entre 1945 et 1961. "
A proximité nous regardons l’église Saint Nicolas dont nous remarquons essentiellement les vitraux modernes et sombres mais nous n’investiguons pas plus, nous commençons à saturer.
Aussi prévoyons-nous quelques courses dans un monoprix pour le repas de ce soir avant de monter dans le bus n°4  à la station Foch-Cathédrale (Foc comme dit le GPS). Ouf ! Quel plaisir de se poser !

mardi 15 novembre 2022

Libération, nos années folles. Marie Colman, Gérard Lefort, Pochep.

C’était la moindre des choses que de trouver un bon titre, marque de fabrique du journal d’une jeunesse dont je me croyais défait. Je retrouve des noms familiers où les journalistes du service culture se voient aussi célèbres que ceux qu’ils côtoient de Duras à Line Renaud.
La période évoquée court de 1980 à 1996 au temps des prophéties de Serge July, chef reconnu d’une équipe turbulente et joyeuse.  
« François Mitterrand ne sera jamais élu président de la République.»
Les coulisses du festival de Cannes sont épiques, les bouclages au moment des nécrologies historiques, les compte rendu de défilés de mode très attendus : c’est que malgré le SIDA les temps sont à la légèreté.
Retrouver les silhouettes des journalistes: Pacadis, Daney…
plait au boomer qui peut estimer que ces temps parfois bien superficiels et égocentriques étaient délicieux.
Les insultes étaient rigolotes quand les membres du FHAR (Front homosexuel d’action révolutionnaire) et autres « anarcho-désirants » voyaient des «Crypto fascistes» chez leurs confrères assis autour de la table de réunions des rédacteurs rue Christani quartier Barbès puis dans l’immeuble à vis de la rue Béranger.
Qui saurait distinguer, aujourd’hui,  un «néo-trotskard» d’une «crapule stalinienne» ?
François Mitterrand est mort la même année que Marcello Mastroianni, en 1996.

lundi 14 novembre 2022

Mascarade. Nicolas Bedos.

Alors que le film précédent
de Bedos ramenait au passé, le cadre azuréen du dernier film a des airs dépassés en référence à des films où s’enchantaient alors les spectateurs au bord des piscines des riches
Ce milieu là ne fait plus rêver, mais les solitudes bling-bling donnent des opportunités au scénario où celles et ceux qui manipulent sont manipulés à la frontière entre comédie et tragédie, nostalgie et présent, création littéraire et réalité.
Les acteurs jouent et surtout quand ils jouent faux sont excellents : Pierre Niney en gigolo auprès de la diva Adjani est complice de la belle pute Marine Vacth, qui embobine François Cluzet dont la femme Emmanuelle Devos est la seule un peu digne dans ce nid d’intrigants.
Laura Morante n’est pas pour rien dans le déroulement des affaires alors que Charles Berling se contente d’observer ce monde où femmes et hommes sont veules, vengeurs et malheureux.
Le film est long mais ce sont les scènes qui prennent leur temps qui sont les plus réussies, alors que la comédie en imposant ses rythmes tend parfois à la caricature et éloigne l’empathie que l’on pourrait ressentir pour ces pathétiques marionnettes.

dimanche 13 novembre 2022

Adieu la mélancolie. Luo Ying Roland Auzet.

Du théâtre enfin! Des dialogues vifs et des dispositifs spectaculaires permettent d’accéder plus aisément à des questionnements utiles.
En comparant avec d’autres spectacles récents, je révise mon jugement à propos d’un créateur s’affrontant à des sujets ambitieux, dont les défauts en arrivent à apparaitre comme des qualités. 
Par un dispositif efficace de « théâtre dans le théâtre », le hors scène est exploité d’une façon originale et la puissance des images vidéos donne à plein sous des rythmes live qui dynamisent ces deux heures de réflexion.
Nous partageons les doutes, les hésitations, du metteur en scène inspiré par le poète Luo Ying revenant sur la « terreur rouge » de la révolution culturelle (1966) et ce qu’elle révèle des passions collectives et des blessures intimes.
Le nombre de morts de cette période ne peut être précisé même en arrondissant à la dizaine de millions près. 
L’énigme d’un escamotage d’une part de l’histoire parait invraisemblable pour les héritiers chinois et autres ex french mao-spontex jadis éblouis. Le respect persistant des états envers un des fondateurs du parti communiste chinois est également hallucinant.
Fils de paysan rêvant de devenir un intellectuel, je jugeais salutaire le retour, là bas, des intellectuels à la campagne, même si j’avais trouvé consternants de platitude les aphorismes du Petit livre rouge.
Les considérations sur le « Timonier » manipulateur de gardes rouges pour mieux liquider les communistes sont d’un autre ordre par leur dimension monstrueuse que les soupçons de machiavélisme accompagnant toute décision politique ou la fatalité des effets pervers escortant toute intention de justice.
Ces évènements ont eu des répercutions planétaires et dans le temps surtout par ce qui a été tu. Tant d'ignorance ébranle pourtant personnellement ceux qui se sont construits dans le silence et l’oubli. 
L’inflexible cynisme des révolutionnaires ne serait-il pas constitutif de l’hyper capitalisme « despotique et prédateur » qui fait de l’empire du milieu la première puissance ?
   

samedi 12 novembre 2022

Peloton maison. Paul Fournel.

Le délicieux adepte de l’OULIPO a beaucoup écrit sur les cyclistes et ces 190 pages se lisent en roue libre. 
Il connait son sujet et utilise le bon braquet pour nous emmener au cœur du peloton qui ne protège pas que du vent.
« Moi le vélo, j’aime pas tellement » Jacques Anquetil
Ces 45 chapitres parleront au paresseux regardant le Tour de France depuis un canapé et au pratiquant martyrisé à la moindre bosse. 
« Les coureurs pédalent dans un rêve de France. Un rêve parfaitement douloureux, mais un rêve. » 
S’il met en scène divers types de coureurs, et de coureuses, c’est plutôt aux anonymes du peloton, aux besogneux du « grupetto » que va sa tendresse.
Quand il entre dans la tête d’un promis à la victoire, que son euphorie a trahi, celui-ci est doublé sur la ligne.
 Autour du Tour et de la bicyclette, la nostalgie n’est jamais loin. 
« Et puis un jour, la science s’empara du vélo. Les physiciens, les préparateurs physiques, les nutritionnistes, les ingénieurs en mécanique des fluides, les aérodynamiciens, les équipementiers s’unirent aux entraineurs pour ne rien laisser au hasard. » 
Mais il y a toujours des chutes abrasives, des crevaisons crevantes, des moments de grâce et de découragement, des confidences et des détestations, des adversaires avec lesquels il faut coopérer, les sprinters et les montagnards, la tête et les jambes. Et le dopage ? 
« Il existe toujours, au fond de la maison, cette petite porte mystérieuse qu’on ne parvient pas à sceller pour de bon. »

vendredi 11 novembre 2022

S’aimer.

Il est bien facile de se renseigner sur l'époque en constatant l’obsolescence de certains mots:
le terme « bienveillance » a remplacé « amour ! »
La locution reine des mondes enchantés a été dévaluée par un usage abusif dans tous les versets des églises et les refrains de chansons d’autrefois. Nous étions tellement niais en nos atours « Peace and love » ! 
La compassion et autre molle indulgence condescendantes et inégalitaires, s’affichent pourtant dans un environnement où les chaires sont devenues décoratives.
La verticalité n’est pas bien vue et ne doit plus apparaître comme telle : la transmission ne se sait plus, ne se fait plus, sinon entre pairs ; mais où aller pêcher les connaissances?
Le mot «  amour », le plus chaud dans l’échelle des sentiments, s’efface au détriment d' envahissantes icônes sucrées et rubicondes en forme de cœurs joufflus. 
Mais comment prétendre à un doux commerce avec nos semblables, sans s’aimer soi-même? Chaque attelage, en couple, en famille, en société, implique également la confiance en l’autre.
La reprise de telles évidences m’attriste car ce besoin de reformuler établit qu’elles ne sont plus incontestables au pays du chacun pour soi. 
Au-delà des passions nourricières de la littérature et des écrans, il s’agit de l’appétit de vivre en général, d’ardeur à la tâche. Quand des générations ont été biberonnées à « c’est nul !» difficile d'apprendre à célébrer le monde et ceux qui l’habitent. 
La méfiance règne à l’égard de nos ascendants, héritiers, conjoints, adjoints, nounous, profs, garagistes, dentistes, députés, présidents…
Et c’est toute une société qui se dénigre, se flagelle, se dévalue, si bien que j’ai dépassé mon incompréhension face à d'anciens élèves rétifs à bien des règles se pliant aux contraintes les plus archaïques de la religion avec encore plus de zèle que leurs pères.
Quand sont dépréciées les valeurs de notre société à longueur de journée, comment ne pas préférer un avenir exaltant de louanges, de lait et de miel, de simplicité et de rigueur ? Poutine a bien vu nos faiblesses et colonise l'Ukraine, applaudi par nos anciens colonisés d’Afrique, dont certains ne rêvent que de s’installer chez nous.
Il n’y a qu’à voir l’inflation du mot « courage » pour exprimer notre admiration envers les Ukrainiens ou les Iraniennes. Son emploi est inversement proportionnel à sa présence, ne serait ce que dans les conversations où l’outrance passe pour une mâle attitude, telle la torquemadame Rousseau en ses œuvres, alors que tant d’yeux se détournent tank ils peuvent des guerres et des crises. 
Juste pour offusquer mon correcteur automatique, la bravoure avait tellement déserté nos habitudes qu’une certaine dinde l’avait tourné en « bravitude ».
Notre langue se rabougrit au détriment d’une puissance US qu’on dit pourtant en repli : « maccarthysme » est devenu plus courant que chasse aux sorcières » et « le point Godwin » fait la loi plus volontiers que « diabolisation » au pays où le « wokisme » venu de la « French théorie » gagne du terrain. Si bien que lorsque des fachos se pointent  au pays qui les vit naître, on n’a plus qu’à lui accoler « post » par crainte de les savoir si près de nous et se dispenser de ne plus appeler un gatto, un chat.
Quelques lamentations à propos de la langue française, n’obligent pas au repli derrière nos illusoires montagnes. Piètre locuteur de la langue des Beatles, j’ai privilégié les anciennes terres coloniales lors de mes voyages en Afrique en particulier et j’ai alors cru à des connivences jusque dans un restaurant saint pétersbourgeois avec un serveur marocain.
Par ailleurs en européen convaincu, je ne peux que m’attrister des tensions franco-allemandes tout en me sentant plus en empathie avec une couturière bangladaise que pour un compatriote qui regrette la désindustrialisation de notre pays tout en ne voulant pas d’implantation d’usines qui empièteraient sur des terres agricoles dont il trouve pourtant ceux qui les exploitent bien bruyants.